JO de Paris-2024 : la vente des billets vient ternir l’image de Jeux « populaires »

La mise en vente des billets pour les Jeux olympiques de Paris-2024 génère beaucoup de frustration chez les Français désireux d’obtenir les précieux sésames. Parmi les griefs, les contraintes imposées dans le choix des sports et des tarifs très élevés pour les places en catégories A et B.

Une semaine après le lancement de la billetterie des Jeux olympiques de Paris-2024, les organisateurs tentent de désamorcer une crispation, exprimée notamment sur les réseaux sociaux : les prix, que certains jugent excessifs, font vaciller l’objectif affiché de Jeux « populaires ».

En deux jours, le patron du comité d’organisation des JO-2024, Tony Estanguet, a été envoyé au front à deux reprises pour désamorcer un début de polémique. Un passage sur RTL, mercredi 22 février, et un autre sur BFM, jeudi 23, deux entretiens au cours desquelles le triple champion olympique de canoë a justifié la politique tarifaire que le grand public découvre depuis une semaine.

Interrogé sur ce mécontentement exprimé sur les réseaux sociaux, où sont dénoncés la complexité du système de vente et les prix parfois très élevés – comme des places à 690 euros pour des éliminatoires en athlétisme –, le patron de Paris-2024 s’est défendu en assurant sur RTL que les Jeux de Paris n’étaient « pas plus chers que les JO de Londres [en 2012, NDLR] ».

La comparaison peut se discuter : Londres proposait par exemple 2,5 millions de billets au tarif minimal, soit plus du double de ce que propose Paris-2024, avec un million de billets à 24 euros.

Le patron du Cojo a martelé cet argument-massue, validant selon lui une billetterie « accessible » : sur les 10 millions de billets en vente, « la moitié » – 5 millions, donc – coûte 50 euros ou moins.

Sept sports déjà indisponibles à la vente
« Sauf que cette campagne de communication arrive trop tard. Il fallait prévenir les gens avant, tenter d’expliquer les prix. Là, c’est une communication de défense, ce n’est pas terrible », analyse un spécialiste en marketing sportif qui a préféré rester anonyme.

Sur cette première phase de vente par packs (des lots de 3 billets minimum, 30 maximum), qui a débuté le 15 février après un tirage au sort, trois millions de billets sont mis en vente, les sept autres millions seront eux vendus au détail à partir du 15 mai, là aussi après un tirage au sort.

Jusqu’à présent, les billets se vendent très bien puisqu’en six jours, sept sports – le breaking, le BMX free-style, le BMX racing, l’escalade, l’escrime, le skateboard, le triathlon – n’étaient déjà plus disponibles à la vente. « Ça part fort, ça part vite », avait commenté mardi le comité d’organisation.

Mais cela n’empêche pas les messages de mécontentements, centrés sur les tarifs, de prospérer sur les réseaux sociaux, sans qu’il soit possible de mesurer l’ampleur réelle de la grogne.

« Prix et choix lamentables pour les billets (…) honte à vous, je suis dégoûté », tweete par exemple @LaurentRochette. « J’ai pris des billets (…) mais ça m’a ruiné. Encore choquée des prix », s’indigne @LyvLyvan.

Un acheteur, joint par l’AFP et ne souhaitant pas être nommé, assure s’être limité (500 euros d’achat) en raison des tarifs. « J’aurais pris bien plus de billets si c’était moins cher. Mais ces prix sont en rapport avec un tel événement selon moi », nuance-t-il.

Les grands événements sportifs, « des machines à fric »
« Les gens découvrent que l’événementiel sportif coûte cher. Mais tout de même, les prix frôlent parfois l’indécence, alors que les meilleures places ne sont même pas encore en vente », estime le spécialiste en marketing sportif.

Tony Estanguet a toutefois rappelé sur RTL que « des dizaines de milliers de personnes (…) ont pu faire leur programme de rêve dans 750 sessions au choix avec des places à 24 euros ». « Forcément il y a de la frustration, on le sait », a-t-il reconnu. « On voulait une billetterie accessible, mais cela veut dire qu’à côté de cela, l’autre moitié finance l’organisation des Jeux », justifie-t-il.

L’accessibilité de la billetterie fait pourtant partie de l’ADN de ces Jeux qui se veulent « populaires », un mantra sur lequel s’appuie les organisateurs depuis plusieurs années. Ce début de polémique fissure quelque peu l’édifice.

« Tony Estanguet se confronte à la réalité de la promesse de Jeux pour tous, et la réalité du citoyen lambda. Plus on se rapproche des Jeux, plus on se rend compte que ce sera des jeux pour quelques-uns », analyse David Roizen, expert associé à la fondation Jean-Jaurès. « Ce n’est pas une faute de Paris-2024, c’est une réalité de ce que sont devenus les grands événements sportifs aujourd’hui, à savoir des machines à fric ».

Les recettes de billetterie prévues doivent approcher 1,4 milliard d’euros, hospitalités (packages haut de gamme) comprises, sur un budget global de 4,4 milliards d’euros, soit le tiers du budget du Comité d’organisation des JO.

AFP

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