Les ONG Greenpeace et Ecoaction publient une carte des destructions environnementales causées par la guerre de la Russie en Ukraine. Et appellent les donateurs à prévoir la restauration de ces écosystèmes.
La guerre en Ukraine, déclenchée il y a un an par Vladimir Poutine, est en premier lieu un terrible drame humain avec des centaines de milliers de morts et de blessés, ses 8 millions de réfugiés. C’est aussi des destructions de bâtiments et d’infrastructures – 90% de Marioupol est détruite – qui vont nécessiter une longue reconstruction.
Mais cette guerre, c’est aussi des destructions environnementales majeure que les associations Greenpeace (Europe centrale et de l’Est) et Ecoaction ont voulu cartographier, afin qu’elles soient prises en compte par le gouvernement ukrainien et par la plateforme de coordination des donateurs de la Commission européenne afin de planifier et financer les futurs travaux de restauration de l’environnement en Ukraine.
Pour cela, les informations sur ces dommages ont été recueillies sur le terrain par Ecoaction, puis recoupées par des images satellites et cartographiées par Greenpeace.
« Il est compliqué de cartographier les dégâts causés par la guerre en Ukraine : une grande partie du territoire libéré est sans doute truffée de mines et d’autres explosifs, tandis que les forces russes occupent toujours certaines régions du pays, ce qui rend difficile la collecte de données dans ces zones, déclare Denys Tsutsaiev, chargé de campagne de Greenpeace CEE, depuis Kiev. Cependant, nous devons attirer l’attention sur les dommages environnementaux de cette guerre afin que la restauration de l’environnement soit aussi prise en compte dans les discussions sur l’avenir de l’Ukraine. Ce travail nécessitera des outils, une expertise et un engagement, ainsi que des fonds importants. Ces fonds devraient être alloués dès maintenant, et non une fois la guerre terminée ».
«L’environnement est une victime silencieuse»
Selon les informations officielles, depuis un an, 1,24 million d’hectares de réserve naturelle et 3 millions d’hectares de forêts (dont 450 000 sous occupation ou dans des zones de combat) ukrainiens ont été touchés par la guerre. «Les terres et les habitats sont endommagés, les frappes de missiles provoquent des incendies de forêt, les sols et l’eau sont pollués. Les incendies de sites industriels provoqués par les bombardements entraînent également une pollution de l’air, du sol et de l’eau», énumèrent les deux associations.
Les explosions de roquettes et d’artillerie qui disséminent un cocktail de composés chimiques et les éclats d’obus sont également dangereux pour l’environnement.
Des dangers qui existent d’ailleurs depuis 2014 et l’invasion de la Crimée. Ainsi 30 mines de charbon ont été inondées depuis 2014 et 10 autres ont été inondées en juin 2022.
«La région du Donbass présente des risques importants de catastrophe environnementale avec des impacts sur la santé de la population environnante», estiment les ONG.
«Ces dommages restent invisibles et le plus souvent ignorés, car l’environnement est une victime silencieuse. Nous voulons être sa voix afin que tout le monde ait conscience des atteintes infligées à l’environnement par la guerre russe, et que la restauration de la nature soit partie intégrante des plans de reconstruction», explique Yevheniia Zasiadko, de l’ONG Ecoaction.
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