Pour s’adapter aux conséquences du réchauffement climatique, les scientifiques ont créé une espèce de blé avec de plus grandes racines, ce qui permet à la plante de bien mieux résister aux sécheresses, mais aussi de produire davantage.
Avec l’accentuation des sécheresses liée au changement climatique, l’agriculture n’aura d’autre choix que de s’adapter en trouvant de nouvelles solutions. Afin de faciliter le travail des producteurs, et d’assurer la sécurité alimentaire face au manque d’eau grandissant, l’Université de Californie a développé une nouvelle espèce de blé. Les chercheurs ont sélectionné les gènes responsables de la taille des racines : l’idée est de favoriser les gènes permettant d’avoir une plante avec des racines plus longues, afin que celles-ci puissent absorber l’eau plus en profondeur.
Mais le rôle des racines dépasse celui de simplement absorber l’eau, elles tirent également les nutriments du sol et, avec de plus grandes racines, les plantes atteignent également davantage de nutriments : la biomasse du blé augmente et la production est alors plus importante, selon l’étude de l’Université de Californie publiée dans Nature Communications.
LES DIFFÉRENTES TAILLES DE RACINES AU MÊME STADE DE LA CROISSANCE DU BLÉ EN FONCTION DES GÈNES SÉLECTIONNÉS PAR LES CHERCHEURS.
Une nouvelle espèce qui pourrait sauver la production de plusieurs pays
Pour cela, les scientifiques dupliquent les gènes OPRIII, qui accélèrent la production d’une hormone, le jasmonate. Celle-ci accélère la pousse des racines qui deviennent alors plus ou moins grandes, en fonction du dosage génétique effectué par les chercheurs. Le blé qui dispose des plus grandes racines pourra ensuite être utilisé dans les régions du monde qui souffrent le plus de la sécheresse.
Début mars 2022, la Nasa avait publié ses projections sur l’évolution des cultures de blé à travers le monde en lien avec le réchauffement climatique. En simulant la réaction du blé face à l’élévation des températures, à la diminution des précipitations et à l’augmentation des gaz à effet de serre, la Nasa avait montré que les parcelles de blé seront nettement en hausse sur une grande partie du monde : en Angleterre, en Europe de l’Est, en Russie, en Turquie, ou encore en Afrique. Cependant, dans des zones fortement peuplées, et donc très dépendantes du blé pour nourrir la population, les productions de blé devraient s’effondrer d’ici 2050 à 2100 : c’est le cas de l’Inde qui est actuellement le 2e producteur mondial de blé, du Pakistan, d’une partie de l’Amérique du Sud (Mexique, Brésil, Bolivie), ou encore du sud des États-Unis.
L’INDE, 2E PRODUCTEUR MONDIAL DE BLÉ, EST L’UN DES PAYS DONT LES CULTURES DE CETTE CÉRÉALE VONT LE PLUS S’EFFONDRER EN RAISON DE LA SÉCHERESSE.
Avec ce procédé qui consiste à sélectionner les bons gènes et à les reproduire, différentes espèces de blé peuvent ensuite être facilement créées pour s’adapter à des climats et des sols différents.
La même sélection de gènes pourra être appliquée à d’autres cultures de céréales dans le futur, comme le maïs, dont la production devrait baisser de moitié d’ici 2100 d’après la Nasa.
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