L’activité cérébrale de pieuvres a été enregistrée pour la première fois et révèle des surprises

C’est un véritable exploit : des chercheurs sont parvenus à mesurer l’activité cérébrale de plusieurs pieuvres en liberté ! Leurs résultats montrent certains motifs d’ondes jamais observés auparavant.

Elles sont parmi les espèces les plus intelligentes des invertébrés : les pieuvres, aussi appelées poulpes, regorgent de surprises. Ces céphalopodes à huit tentacules possèdent un système nerveux central très complexe, se composant de plus de 500 millions de neurones répartis dans tout leur corps mou ! Système qui n’avait jamais été sondé jusqu’à aujourd’hui : des chercheurs sont parvenus à enregistrer l’activité cérébrale de plusieurs poulpes ! Leur publication dans Current Biology explique qu’ils ont dû faire preuve d’ingéniosité.

En effet, avec un corps mou, difficile de fixer des électrodes ! « Les pieuvres ont huit bras puissants et ultra-flexibles, qui peuvent atteindre absolument n’importe quel endroit de leur corps, a déclaré Tamar Gutnick dans un communiqué, première auteure de l’étude. Si nous essayions de leur attacher des fils, elles les arracheraient immédiatement, il nous fallait donc un moyen de mettre l’équipement complètement hors de leur portée, en le plaçant sous leur peau. »

Plusieurs modes d’ondes cérébrales, dont certains différents des ondes cérébrales humaines
Pour réussir leurs enregistrements, les chercheurs ont effectué une manœuvre compliquée et invasive, consistant tout d’abord à anesthésier des spécimens d’Octopus cyanea, plus communément appelés poulpes diurnes. Ils leur ont ensuite implanté des micro-enregistreurs dans une cavité de la paroi musculaire du manteau, avec batterie d’autonomie de douze heures. Des électrodes ont ensuite été placées dans le lobe vertical et le lobe supérieur médian de ces pieuvres élevées en captivité. En parallèle, leur bac d’habitation était filmé.

Une fois les enregistreurs ôtés et les poulpes réveillés, les chercheurs ont pu comparer les images vidéo avec les données recueillies. Et ils ont constaté différents motifs d’activité cérébrale, certains communs avec des mammifères, d’autres entièrement différents ! Ils ont notamment constaté des oscillations lentes, amples, et de très longue durée, jamais décrites auparavant. Et si aucun comportement spécifique n’y est associé pour le moment, d’autres études complémentaires permettront d’en savoir plus. « Il s’agit d’une étude vraiment cruciale, mais ce n’est que la première étape », a conclu le professeur Michael J. Kuba, qui a dirigé le projet.

futura-sciences

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