Après l’Europe et le Canada, les États-Unis bannissent l’installation et l’utilisation de TikTok par les employés des agences fédérales. Et il y a de bonnes raisons pour cela.
Il y a moins d’une semaine, la Commission européenne interdisait à ses employés la présence de l’application TikTok sur leurs smartphones. Ils ont jusqu’au 15 mars pour s’exécuter. Une décision similaire va être prise pour le personnel du Conseil européen. C’est la crainte sur une potentielle fuite des données personnelles vers Pékin qui a incité l’institution à prendre cette mesure.
Après cette décision préventive en Europe, lundi, le Canada a également demandé à ses fonctionnaires de supprimer TikTok de leur téléphone. Alors qu’ils sont généralement en tête de proue pour ce genre de décision radicale, c’est hier que les États-Unis ont également ordonné aux agences fédérales de faire en sorte que leurs employés n’aient plus l’application TikTok sur leur mobile. Ils ont 30 jours pour s’exécuter. Le trafic internet de cette application est également bloqué sur les appareils de l’administration américaine.
Des précédents d’espionnage
Même si, pour le reste de la population, TikTok est toujours autorisé, cette décision a déclenché depuis son annonce la grogne des promoteurs de la liberté de parole et d’expression qui y voient l’équivalent d’une interdiction totale.
En France, le président de la République, des personnalités politiques et des élus exploitent TikTok pour toucher un public jeune qui est adepte de l’application. Certains parlementaires ont même réalisé des diffusions en direct des séances à l’Assemblée nationale avec ce type d’application. Cela a eu pour conséquence l’interdiction de l’utilisation de telles plateformes durant les séances. Si TikTok est dans le collimateur des autorités, c’est parce que sa maison mère avait avoué en novembre dernier que certains de ses employées avaient accès aux données privées des utilisateurs et qu’ils avaient traqué des journalistes grâce à elles. En revanche, la firme dément avoir quelconque lien avec les autorités de Pékin.
TikTok vous espionne-t-il ?
TikTok est de nouveau accusé d’être un logiciel espion. Selon un rapport récent de BuzzFeed, la Chine continue d’accéder aux données des utilisateurs américains. Un commissaire de la FCC vient de demander à Tim Cook et Sundar Pichai de retirer l’application de l’App Store et de Google Play.
La polémique enfle de nouveau autour du réseau social chinois TikTok. En 2020, il était accusé de collecte illégale d’informations. Donald Trump avait alors signé un décret contre l’éditeur ByteDance. Cette fois, c’est Brendan Carr, un commissaire de la FCC (Federal Communications Commission) qui a interpellé Google et Apple sur Twitter pour leur demander de retirer TikTok de leurs magasins d’applications.
Les accusations se fondent sur une enquête de BuzzFeed News, qui a analysé des enregistrements audio de 80 heures de réunions internes qui ont « fuité ». Jusqu’à présent, TikTok a tenté de rassurer le gouvernement américain en indiquant que toutes les données des utilisateurs américains étaient hébergées aux États-Unis.
TikTok is not just another video app.
That’s the sheep’s clothing.It harvests swaths of sensitive data that new reports show are being accessed in Beijing.
I’ve called on @Apple & @Google to remove TikTok from their app stores for its pattern of surreptitious data practices. pic.twitter.com/Le01fBpNjn
— Brendan Carr (@BrendanCarrFCC) June 28, 2022
Un administrateur en Chine aurait accès à toutes les données
Toutefois, dans ces enregistrements, BuzzFeed a relevé quatorze affirmations indiquant que la Chine accédait aux données, tout du moins entre septembre 2021 et janvier 2022, et sans doute au-delà. Ils parlent notamment d’un administrateur en chef, un « Master Admin » à Pékin qui aurait accès à tout. Quelques heures seulement après la publication de ces accusations, TikTok a annoncé que toutes les données des utilisateurs américains avaient migré vers des serveurs d’Oracle et ne sont accessibles que depuis les États-Unis.
Le commissaire de la FCC cite aussi d’autres infractions, par exemple lorsque l’application a contourné la sécurité d’Android en 2020 pour collecter des données privées. Il rappelle aussi que l’Inde a interdit l’application dans le pays à la suite du vol de données et accuse l’application d’être « un risque inacceptable pour la sécurité nationale ». Cependant, Brendan Carr ne parle qu’en son nom, les autres commissaires n’ayant pas encore pris position. Reste à voir si Apple et Google accéderont à sa demande aux États-Unis, et si cela aura des répercussions sur l’application en Europe.
FUTURA