Chine: les agriculteurs du Yunnan misent sur la culture de l’avocat pour booster leurs revenus

Après le thé, la canne à sucre et le caoutchouc, des agriculteurs du Yunnan, dans le sud-ouest de la Chine, se sont lancés dans la culture de l’avocat. Une manière d’améliorer les revenus des paysans et de répondre à une demande émergente.

Les toutes premières plantations d’avocatiers dans le comté de Menglian, au Yunnan, remonte à 2007. Mais il faut attendre 2014 pour que de nouveaux essais relancent l’appétit pour la culture d’un fruit encore peu consommé en Chine. Ici, les températures ne descendent jamais en dessous de 20 degrés. On n’est pas loin des célèbres champs de thé de Pu’er, pas loin non plus des caféiers. Une manière d’élargir les moyens de subsistances des paysans dans une région longtemps marquée par la pauvreté.

« Nous avions du thé, du café, du caoutchouc et de la canne sucre dans la région, mais l’avocat permet de meilleurs bénéfices. Il n’y a pas beaucoup d’endroits en Chine propice à cette culture, explique Monsieur Chen, responsable du centre de production des avocats du comté. L’avocatier est exigeant concernant son environnement naturel et ici, le sol répond à ces besoins. Et puis, cette production répond à une nouvelle demande en matière de santé et d’alimentation. »

Un fruit qui a la cote
Une nouvelle demande et surtout un boom de l’avocat au niveau mondial. C’est un spécialiste qui le dit. « L’avocat est la star du commerce international fruitier avec des taux de croissance qui sont absolument atypiques dans cet univers, de l’ordre de 10% par an, observe Eric Imbert, chercheur au Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad). Il n’est donc pas étonnant de voir la Chine chercher à développer sa production d’avocat. Le produit a le vent en poupe grâce aux campagnes de promotions mises en place par les professionnels et du fait de ses vertus nutritionnelles, notamment qui lui ont valu la qualification de super aliment. Pour autant, la Chine reste un marché extrêmement marginal au vu du commerce international. Le commerce international est de l’ordre de 2,5 millions de tonnes par an, la Chine importe à peine 35 000 à 40 000 tonnes par an, avec des volumes qui, après s’être fortement développé jusqu’à 2018, ont tendance à stagner. »

Un marché en pleine expansion
2018, c’est justement la date ou la culture du « fruit à beurre » comme disent les Chinois est lancée à grande échelle à Menglian. Des campagnes de promotion sont initiées à l’échelon national. L’idée étant de compléter avec une production locale les importations du Pérou pendant la saison d’été, et du Mexique et du Chili pendant la saison d’hiver.

« Au début, on a investi à perte, ce n’est qu’au bout de la quatrième année que nous avons commencé à réaliser des profits, raconte Monsieur Zhong, grossiste à Pu’er et propriétaire de quelques avocatiers. Mais il y a encore de la marge. Le marché est bon, même si nous ne sommes pas encore assez productifs. On n’a pas atteint la pleine production et la culture de l’avocat reste chère. Le bon point, c’est que les ventes s’améliorent d’année en année et la reconnaissance de nos produits aussi. »

La Chine manque encore d’infrastructures de froid et de murissage, sachant que comme la banane, l’avocat est muri dans des chambres climatiques. Les producteurs de Menglian espèrent voir leurs revenus augmenter quand les arbres auront cinq ans, ce qui pourrait faire passer les capacités de production de l’avocat de 3 à 4 tonnes par arpent aujourd’hui, à 7 ou 8 tonnes et ainsi augmenter la rentabilité des exploitations.

RFI

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