La fumée de cheminée, quel impact sur la santé ?

Alors que les prix du gaz et de l’électricité ne cessent de flamber, le bois semble être une solution plébiscitée par de plus en plus de Français pour se chauffer, tout en faisant des économies. Mais il a beau réconforter, le feu de bois peut aussi présenter des risques pour la santé. On fait le point.

Nos conseils pour se protéger
Que serait l’image idyllique du chalet en haute montagne sans la neige qui tombe dehors, le chocolat chaud entre les mains, les couvertures douillettes et… le feu dans la cheminée ? Cette idée de chaleur, de confort et de douceur pousse de nombreuses personnes à privilégier le feu de bois comme chauffage principal de leur domicile. Mais est-ce une bonne idée pour notre santé ?

La fumée provenant de la combustion du bois est constituée d’un mélange complexe de gaz, de polluants atmosphériques toxiques, et de particules fines. Le problème est que ces particules microscopiques peuvent pénétrer dans les yeux et le système respiratoire, où elles peuvent causer divers problèmes de santé, comme des maladies pulmonaires ou cardiaques. En cas d’appareil mal adapté au foyer, de bois humide ou traité, ou encore de mauvais entretien, la cheminée et le poêle à bois peuvent avoir des effets néfastes, en particulier pour les personnes à la santé fragile.

La fumée de cheminée à l’intérieur de la maison est-elle une source de pollution ?
Oui. Lors de la combustion, des polluants — notamment des particules fines — sont répandus dans l’air extérieur mais aussi intérieur, dans l’ensemble du logement. « Surtout lorsque la combustion est incomplète, car elle engendre une émission de particules que l’on appelle les ultrafines (celles qui font moins de 1 micromètre de diamètre) et ce sont les plus toxiques », précise Thomas Bourdrel, radiologue et auteur de plusieurs articles de référence sur la pollution de l’air. Des rejets qui varient selon le type de foyer — les cheminées à foyer ouvert ainsi que les poêles à bois sont les plus polluants — et la nature du combustible.

À la place des cheminées et des poêles à bois, mieux vaut donc privilégier un insert, ou, encore mieux, un foyer fermé, labellisé flamme verte. Pour connaître leurs émissions polluantes : flammeverte.org/appareils

Ils sont même plus importants. Ces fumées sont respirées en espace fermé, la concentration est donc plus importante. De plus, une étude publiée en 2021 montre que la combustion du bois produit plus de HAP (hydrocarbures aromatiques polycycliques) que le diesel ou l’essence.

« À la surface d’une particule de bois, vous allez retrouver des molécules toxiques, notamment des métaux lourds, ainsi qu’un tas de HAP, confirme Thomas Bourdrel. Or, la plupart d’entre eux sont des perturbateurs endocriniens et cancérigènes avérés. Résultat : une combustion de bois peut être ce qu’il y a de plus polluant. »

La fumée de cheminée peut-elle entraîner des problèmes respiratoires et cardiovasculaires ?
Oui.Respirées, ces particules fines entraînent une inflammation des voies respiratoires supérieures qui favorise l’asthme ou les bronchites chroniques. En réalité, « elles ont des effets sur tout l’organisme », indique le Dr Olivier Brun, pneumologue. Elles parviennent à passer dans le sang, pouvant ainsi causer des pathologies cardiovasculaires et augmenter le risque d’infarctus ou d’accidents vasculaires cérébraux.

« Les particules fines peuvent même atteindre le placenta et avoir des répercussions sur le nouveau-né », ajoute Thomas Bourdrel.

Ce sont des effets sur le long terme. « Il faut que l’exposition soit répétée et sur plusieurs années pour qu’il y ait l’apparition de maladies pulmonaires et cardiovasculaires établies ou de cancers, estime Thomas Bourdrel. Il faut avoir été exposé pendant au moins cinq à dix ans. »

Y a-t-il des personnes à risque ?
Pour Thomas Bourdrel, « tout le monde est concerné dans le sens où, selon l’Organisation mondiale de la santé, 92 % de la population mondiale respire un air pollué. » Mais il existe des personnes plus vulnérables que d’autres : « Cela concerne les âges extrêmes de la vie (les enfants et les personnes âgées), informe Olivier Brun. Ainsi que les femmes enceintes et, bien entendu, les patients qui souffrent d’une maladie chronique notamment pulmonaire ou cardiovasculaire. » D’après des recherches citées par l’Agence de protection de l’environnement des États-Unis (EPA), l’obésité ou le diabète peuvent également augmenter le risque.

Est-ce qu’un feu de cheminée ou poêle à bois peut dégager du monoxyde de carbone et provoquer une intoxication ?
Les intoxications au monoxyde de carbone ne concernent pas uniquement les chaudières au gaz ou au fioul. « Mais elles sont beaucoup plus rares avec le bois, considère Thomas Bourdrel. D’autant que le carbone n’est pas le polluant principal du bois. » En effet, ce dernier émet 11 fois moins de carbone que le fioul, selon l’Ademe. Pour éviter un problème tel qu’une intoxication, un bon entretien de l’équipement est indispensable ; s’équiper d’un détecteur — de fumée et de monoxyde de carbone — est également recommandé.

Allumer par le haut : les grosses bûches en bas bien espacées, plusieurs couches de petits bois superposées par-dessus, puis les allume-feu tout en haut.
Effectuer 2 ramonages par an dont 1 pendant la période de chauffe.

santemagazine

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