Soucieuse de protéger son patrimoine et notamment les Calanques, la municipalité de Marseille s’engage pour réduire la fréquentation touristique.
Chaque année à l’approche des beaux jours, le même ballet incessant se met en place aux calanques de Marseille. Les voitures et touristes se pressent pour accéder à ces lieux de baignades, particulièrement appréciés durant l’été. L’année dernière, entre juillet et août 2020, plus de deux millions de touristes ont foulé le sol de la cité phocéenne. Un phénomène accentué par la fin du confinement et la quête de liberté des riverains et touristes. La fréquentation des calanques d’En Vau et de Sormiou a par exemple été multipliée par deux durant cette période.
Limiter la communication touristique
Une attractivité qui n’est pas du goût de tous. Mercredi 21 avril lors d’une visioconférence, l’adjoint au maire au tourisme durable, Laurent Lhardit a appelé à réduire la promotion de la ville dans le but de réduire la surfréquentation.
Il faut amplifier les moyens dévolus à l’accueil des touristes et réduire ceux dévolus à la promotion de la ville.
Une prise de parole durant laquelle l’adjoint a également manifesté son désaccord avec l’office métropolitain du tourisme (OMT) qui a prévu cette année une enveloppe de « plus d’un million d’euros à des opérations de publicité ou pour des salons » afin de faire la promotion touristique de Marseille.
Une vision partagée par Dider Réault, président du Parc national des Calanques et vice président de la métropole d’Aix-Marseille-Provence qui estime, selon une information relayée par France Info, que les calanques « ne pourront pas supporter longtemps une telle surfréquentation ».
Mettre en avant de nouveaux « lieux d’accueil »
Le but de ces mesures selon la municipalité n’est pas « de limiter l’accès » à certains sites de la ville mais plus de « diversifier les lieux d’accueil », a précisé Laurent Lhardit lors de la visioconférence de mercredi dernier. En effet, « les visiteurs se concentrent sur une petite dizaine de lieux qui sont des ressources de biodiversité, la surfréquentation ne sied pas à la bonne quiétude de cette nature », rappelle de son côté Didier Réault.
Conscient de cette problématique, l’Office métropolitain du tourisme affirme de son côté avoir « développé des parcours touristiques alternatifs dans la ville, pour éviter les sempiternels sites de Notre-Dame de la Garde et des Goudes », explique Marc Thepot, président de l’OMT, selon une information relayée par France 3 Provence Alpes Côte d’Azur. Une manière aussi de dynamiser certaines zones laissées de côté par les visiteurs au profit des mastodontes touristiques.
Waze et transports en commun pour éviter les embouteillages
Afin de limiter le flux des visiteurs et informer les touristes en cas de forte fréquentation, la région Provence-Alpes-Côte d’Azur s’est associée à l’application communautaire Waze. Le but : prévenir les vacanciers en cas de saturation de la zone et proposer des visites ou itinéraires alternatifs.
Des travaux d’aménagement vont également être menés par la municipalité afin d’inciter les touristes à utiliser les transports en commun ou les vélos pour se rendre aux calanques. Les lignes de bus seront renforcées pour pouvoir transporter environ 100 personnes par heure et des panneaux d’informations vont être installés à des points stratégiques pour dissuader les automobilistes en cas de forte affluence sur les routes.
Des routes fermées aux automobilistes
Toujours dans le but de réguler la fréquentation des calanques, la municipalité a pris la décision de restreindre l’accès aux automobilistes des routes de Sormiou, Morgiou et Callelongue durant plusieurs week-end de mai et l’été :
- du jeudi 13 au dimanche 16 mai ;
- du samedi 22 au lundi 24 mai ;
- du samedi 29 mai au dimanche 3 octobre.
Plusieurs lignes de bus permettront d’accéder au départ des sentiers menant aux calanques.
Une campagne de démarketing
Pour inciter les visiteurs à faire demi-tour, une campagne de démarketing a aussi été lancée dès le mois de mars 2021 afin de protéger les sites du tourisme de masse. « L‘idée c’est de modifier les usages en changeant les habitudes du public et en prenant des mesures réglementaires », expliquait à l’AFP François Bland, directeur du Parc national des Calanques situé entre Marseille et Cassis.
Images de plage bondées ou d’embouteilles, communication en temps réel du nombre de visiteurs, le site officiel du Parc national des Calanques dépeint un paysage « objectif », parfois loin de la carte postale imaginée par les visiteurs. « Difficile d’accès« , « surfréquentés en été« , « eau souvent froide« , « accidents mortels« , une anti-communication qui vise à préserver et protéger ces endroits magnifiques, victimes de leur succès. La mise en place d’un possible quota pour lutter contre la surfréquentation a également été évoquée au mois de mars par François Bland.
La municipalité de Marseille prendra à nouveau la parole courant mai pour présenter un projet baptisé « L’Eté marseillais ». Celui-ci détaillera les différentes mesures mises en place pour protéger le patrimoine de la région et gérer l’afflux des touristes.
Source: geo.fr
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