Il fait nuit noire sur la plage du sud de la Thaïlande où Prin Uthaisangchai, 12 ans, regarde anxieusement un nid de tortues luth d’où des dizaines d’œufs de cette espèce marine menacée doivent éclore dans le sable.
Lycéen à Bangkok, Prin produit un court documentaire sur cette espèce qui est la plus grande tortue de mer au monde, aidé par une ONG et les parcs nationaux thaïlandais pour sensibiliser les jeunes à la sauvegarde de la biodiversité.
La tortue luth qui peut peser jusqu’à 500 kilogrammes, autant qu’une vache, est devenue une rareté dans le royaume en raison de la perte d’habitat, de la pollution plastique, de la consommation de ses œufs et du changement climatique.
Ces créatures sont classées comme vulnérables sur la liste rouge de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) et de nombreuses sous-populations sont considérées comme gravement menacées.
« Je veux sensibiliser les gens autour de moi et à l’autre bout du monde à l’histoire de la tortue luth et aux raisons pour lesquelles elle est en voie d’extinction », déclare Prin à l’AFP.
La pandémie a permis aux tortues de reconquérir les plages de nidification habituellement envahies par les touristes brûlés par le soleil, et les biologistes marins ont enregistré une augmentation du nombre de nids.
L’amélioration de la protection de ces créatures a également joué un rôle.
La Thaïlande a interdit le braconnage de leurs œufs en 1982 et les habitants peuvent toucher une récompense de 20.000 bahts (570 dollars) s’ils signalent un nid de tortue luth, comme celui que Prin observe de près au clair de lune.
Pourtant, tout n’est pas rose: après des heures d’attente, le biologiste marin Hirun Kanghae est contraint d’intervenir en creusant doucement dans le sable humide pour extraire 87 spécimens vivants sur les 126 œufs pondus ici l’an dernier.
« C’était une bonne décision de leur donner un coup de main, sinon nous verrions davantage de décès », constate le biologiste du centre gouvernemental de biologie marine de Phuket, qui étudie et protège les tortues de mer.
Mais Prin, qui a suivi de près la progression titubante des bébés tortues sur les sables, a été déçu de cette interférence.
Son documentaire de 10 minutes sera l’un des 12 films produits par la Fondation environnementale et sociale (ESF), dans l’espoir de sensibiliser d’autres jeunes sur les animaux marins menacés dans leur pays.
Le réalisateur en herbe a passé deux ans à visiter la côte sud pendant les vacances scolaires, à faire des recherches sur l’habitat de l’animal, à interviewer des experts et à suivre les traces de tortues sur les plages, et son film est maintenant en post-production.
« C’est totalement différent de l’étude de l’environnement », déclare à l’AFP Alongkot Chukaew, le fondateur d’ESF.
Il espère que le projet aidera les enfants à « transmettre ce qu’ils ont appris à la société thaïlandaise ».
Prin, dont la famille a aidé à la réalisation de son documentaire sur lequel il travaille depuis deux ans, souhaite que tout le monde le regarde pour « pouvoir comprendre ».
« Au final, nous devons aider parce que nous avons créé des problèmes comme le changement climatique », dit-il.
AFP