Data Matin Elon Musk souffle le chaud et le froid sur le bitcoin

Les déclarations et tweets du patron de Tesla ont eu un impact important sur le cours de la cryptomonnaie, à la hausse puis à la baisse.

Depuis le 12 mai, les adeptes du bitcoin sont furieux. Après avoir propulsé la cryptomonnaie à ses sommets par ses déclarations de janvier et février, Elon Musk, le patron de Tesla, a contribué à la faire chuter en la critiquant sur un plan environnemental. D’autres événements ont eu une influence importante sur le cours du bitcoin, comme son interdiction en Turquie le 16 avril, qui a provoqué une chute des cours. Mais ce sont surtout les déclarations et les tweets de Musk qui semble avoir été déterminante sur les cotations de 2021

Sur le versant écolo, le patron de Tesla a raison : le bitcoin est très fortement contributeur de gaz à effet de serre. Pour fonctionner, le réseau fait sécuriser les transactions par des «mineurs» qui doivent résoudre des opérations très gourmandes en électricité pour recevoir de la cryptomonnaie en échange. La consommation d’électricité nécessaire pour faire fonctionner le bitcoin est estimée aujourd’hui selon les sources entre 118 à 144 térawatts par an, soit quasiment l’équivalent de la consommation d’un pays comme la Pologne. Selon les projections, en 2024, la puissance nécessaire pourrait égaler celle consommée par l’Italie.

La majorité des «mineurs» de bitcoin sont situés en Chine et utilisent une électricité produite à partir de charbon, très polluante donc. D’ailleurs, le week-end des 17 et 18 avril, une mine de charbon du Xinjian a subi une inondation, entraînant une coupure d’approvisionnement pour de nombreuses centrales électriques. La puissance de «minage» mondiale a baissé d’un tiers entre-temps. Aux Etats-Unis, des centrales thermiques ontété rouvertes pour miner de la cryptomonnaie, tandis qu’en Iran, la consommation pour produire du bitcoin est telle qu’elle est accusée de produire des coupures d’électricité

En parallèle, l’utilité de la cryptomonnaie est contestée parce que difficile à utiliser et chère. En février, une transaction en bitcoin coûtait 30 dollars et mettait une heure à s’effectuer. Et le système n’a pas la capacité d’effectuer plus de sept transactions par seconde, alors que le réseau Visa en effectue 65 000. Résultat, la quasi-totalité des transactions ont un but purement spéculatif, pour un montant moyen de 40 000 dollars. Pour Alex de Vries, un économiste hollandais qui étudie l’impact de la cryptomonnaie, «la seule utilité du bitcoin, c’est espérer que sa valeur augmente et que quelqu’un d’autre le rachète plus cher que vous ne l’aviez payé».

C’est probablement pour cette raison que Musk avait investi massivement sur le bitcoin : Tesla avait indiqué fin avril avoir fait 101 millions de bénéfices sur ses spéculations en cryptomonnaie. En revanche, il peut paraître étonnant qu’il ne s’aperçoive que tardivement de son impact environnemental alors qu’il est connu depuis longtemps. Plusieurs hypothèses ont été émises à ce sujet : Musk chercherait ainsi à se donner une image défenseur de l’environnement, mise à mal par ses investissements. Voire de tenter de bénéficier des subventions que Joe Biden pourrait verser aux énergies renouvelables dans le cadre de ses méga-plans de relance.

Source: liberation.fr

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