Retraites : fortes perturbations attendues mardi, la grève reconductible en ligne de mire

En amont d’une nouvelle journée de mobilisation contre le projet de réforme des retraites du gouvernement mardi, des perturbations sont attendues dans de nombreux secteurs. Ceux de l’énergie ont déjà entamé leurs mouvements de grève dès vendredi. Ils pourraient être rejoints par les routiers dès dimanche soir.

Certains secteurs n’ont pas attendu le 7 mars pour entamer leur mouvement de grève contre le projet de réforme des retraites. Les électriciens et gaziers ont entamé le leur dès vendredi 3 mars, mettant la production d’électricité en tension et étant prêts à durcir le mouvement. Ils pourraient être rejoints par les routiers dès dimanche 5 mars dans la soirée.

Pour « mettre la France à l’arrêt » le 7 mars, objectif affiché de la grande journée de mobilisation contre la réforme, l’intersyndicale compte sur des mouvements de grèves massives et mêmes reconductibles dans tous les secteurs.

Le point sur les principales mobilisations attendues :

Industrie et énergie
Dans l’énergie, le mouvement a démarré dès vendredi après-midi à l’appel de la CGT, en raison de l’ouverture du débat samedi au Sénat sur l’article 1 du texte, sur la suppression des régimes spéciaux de retraite, dont celui des énergéticiens. Dimanche en début d’après-midi, les réductions de production atteignaient près de 5000 mégawatts, soit l’équivalent de cinq réacteurs nucléaires.

À Gravelines (Nord), deux réacteurs sur six sont depuis samedi après-midi aux mains des grévistes, qui ont réduit au minimum la production de l’un et bloquent la maintenance d’un autre. Au Tricastin, les quatre réacteurs sont aux mains des grévistes qui poursuivent les baisses de production.

Dans l’hydraulique, les syndicats indiquent que les « machines ont été mises à l’arrêt jusqu’à nouvel ordre » et que des piquets de grève ont été installés à Chassezac (Ardèche).

Le mouvement « a vocation à s’étendre », « a minima jusqu’au 7 et a maxima jusqu’à la gagne », avait averti samedi Sébastien Ménesplier, secrétaire général de la CGT Energie. Il a promis « une semaine noire dans l’énergie », avec coupures ciblées, blocages, occupations, et toujours « des opérations Robin des Bois » à destination de la population (comme la coupure des radars routiers).

Dans les raffineries, la CGT a également appelé à la grève reconductible, avec pour objectif de « bloquer l’ensemble de l’économie », au niveau de la production, de la distribution et de l’importation de carburant, selon la CGT-Chimie.

Dans un premier temps, les grévistes entendent bloquer les expéditions des raffineries vers les dépôts, mais si le mouvement venait à durer trois jours ou plus, il pourrait entraîner l’arrêt de raffineries. Celle de Donges (Loire-Atlantique), une des plus importantes de TotalEnergies, est déjà « en arrêt de production » en raison d’un problème électrique survenu le 27 février, selon la direction.

Autre maillon, les avitailleurs ou « pompistes du ciel », chargés d’approvisionner les avions, sont également appelés à la grève dans les aéroports de la France entière. La CGT, premier syndicat du secteur, table sur un impact « immédiat ».

Toute la branche pétrole et chimie est appelée à faire grève, y compris dans le secteur pharmaceutique.

Nouveauté dans l’industrie, l’appel à la grève dans l’ensemble de la métallurgie et notamment chez les géants du secteur: aéronautique, automobile et sidérurgie sont toutes concernées par une grève que le syndicat de branche espère voir reconduite.

Les syndicats CGT de Thales, Valeo, Stellantis, ArcelorMittal, Forvia, Airbus, Safran et Renault ont notamment appelé à se mobiliser. Les différentes industries de la métallurgie emploient quelque 1,5 million de salariés.

Dans le secteur de l’agroalimentaire, la CGT appelle les grands sucriers français à se mettre à l’arrêt à partir de mardi.

Routiers
Les routiers comptent aussi se joindre au mouvement, certains syndicats comme Force Ouvrière-UNCP appelant à se mobiliser dès dimanche soir, avec des blocages de plateformes logistiques, de zones industrielles et des opérations-escargots autour des grandes métropoles dès lundi matin.

Transports
Du côté des transports aussi, des perturbations sont attendues. Sur son compte Twitter, la RATP prévoit un « trafic très perturbé sur les réseaux RER et métro » et un « trafic perturbé sur les réseaux Bus et tramway » pour la journée du 7 mars.

Le trafic sera « fortement perturbé sur l’ensemble des lignes opérées par SNCF Voyageurs », avec un train sur cinq en moyenne pour les TGV Inoui et Ouigo ainsi que pour les TER, selon la SNCF, dont l’ensemble des syndicats a appelé à un mouvement de grève reconductible.

Thalys et Eurostar sont aussi concernés avec deux trains sur trois en moyenne, et les liaisons France-Allemagne et France-Espagne totalement interrompues.

Du côté des Intercités, il n’y aura « pas de circulation », de jour comme de nuit, « à l’exception d’un aller-retour Paris-Brive, de deux allers-retours Paris-Clermont et d’un trafic normal Toulouse-Hendaye par car de substitution », indique la SNCF dans un communiqué.

Enfin concernant le trafic transilien SNCF, un train sur trois circulera sur les RER A et B et sur les lignes ferroviaires H, K, U, un train sur cinq sur les RER C et D ainsi que sur les lignes J, L, N, R, et un sur dix sur le RER E et la ligne P.

La SNCF précise que son préavis commence le lundi 6 à partir de 19 h et recommande « aux voyageurs qui le peuvent d’annuler ou reporter leurs déplacements prévus ce jour, et de privilégier le télétravail ». Les voyageurs TGV et Intercités concernés par l’annulation de leur train seront contactés par mail ou SMS afin d’échanger leur billet sans frais pour un autre train autant que possible ou pour annuler leur billet sur les sites et applications SNCF avec remboursement intégral, précise l’opérateur ferroviaire.

Éducation
Le Snuipp-FSU, premier syndicat du premier degré ne donnera pas ses prévisions de grévistes pour les écoles maternelles et élémentaires avant lundi. À l’inverse, pas de chiffres attendus pour les collèges-lycées, les enseignants du second degré n’étant pas tenus de se déclarer grévistes 48 heures avant. Toutefois, les perturbations dans l’ensemble des établissements s’annoncent fortes.

Les sept principaux syndicats enseignants ont en effet appelé à « fermer totalement les écoles, collèges, lycées et services » le 7 mars.

Des blocages sporadiques par des lycéens sont également attendus. Idem dans les facs, où la mobilisation peine à décoller. Les organisations étudiantes et lycéennes ont appelé à « durcir le mouvement » contre la réforme avec une journée de mobilisation de la jeunesse le 9 mars.

 AFP

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