Pakistan: des femmes afghanes en quête de liberté paient cher le prix de l’exil

Des milliers d’afghanes ont trouvé refuge au Pakistan depuis que les talibans ont pris le pouvoir en Afghanistan en août 2021. Elles ont fait le choix de l’exil pour fuir l’Emirat islamique d’Afghanistan qui a multiplié les restrictions concernant les femmes.

Muzghan Faraji fait défiler sur son téléphone les échanges quotidiens qu’elle entretient avec ses amies féministes restées en Afghanistan. Même si elle s’est réfugiée au Pakistan, cette journaliste reste active et a rejoint l’association des défenseurs des droits de l’homme afghans en exil.

« Je continue le militantisme pour les femmes, et je suis en contact avec des militants des droits de l’homme de différents pays pour aider les femmes afghanes qui sont bloquées au Pakistan, ainsi que les Afghanes qui ont perdu leurs droits, comme le droit à l’éducation », explique Muzghan Faraji.

« Nous avons prévu de manifester aujourd’hui pour demander aux puissants gouvernements des puissances internationales de mettre la pression sur les talibans pour qu’ils respectent les droits des femmes », souligne-t-elle.

La trentaine, elle vit dans des conditions précaires à Islamabad, avec ses enfants et son mari, violent. La couche de fond de teint sur son visage ne parvient pas à dissimuler le large bleu qui cerne son œil droit. « Mon mari m’a battu… Le médecin que j’ai vu ici m’a dit que la marque mettrait un peu de temps à s’effacer », confie-t-elle.

En quête d’une nouvelle vie où les droits seront respectés

Pour passer la frontière avec ses enfants, elle n’a pas eu d’autre choix que de fuir avec son époux à ses côtés. Un homme violent qui, il y a quelques mois à Kaboul, l’a fait arrêtée par les talibans parce qu’elle refusait de lui obéir.

« Les talibans m’ont demandé “pourquoi vous parlez à d’autres hommes, pourquoi vous parlez à vos anciens collègues, pourquoi vous n’obéissez pas à votre mari ?” J’ai dit que c’était faux et je leur ai montré des photos des violences que mon mari m’avait faites subir », rétorque-t-elle. « Ils ont dit “ok c’est bon pour cette fois-ci”. Mais ils m’ont dit que je n’avais pas le droit de faire quoi que ce que soit sans la permission de mon mari. Que je n’avais pas le droit de parler à d’autres hommes, de travailler ni d’aller voir mon père, car il essaye de me faire divorcer de mon époux. »

Elle espère obtenir l’asile dans un pays d’Europe ou aux États-Unis pour pouvoir commencer une nouvelle vie, une vie où ses droits seront enfin respectés.

rfi

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