Dans un marché de l’orge plutôt atone, la Chine fait parler d’elle depuis deux mois : brouillée avec l’Australie elle préfère acheter son orge en France.
Le marché de l’orge, un long fleuve tranquille ces derniers mois, qui en aurait presque fait oublier l’appétit chinois. Ce mois de janvier 2023, l’Empire du Milieu a commandé 221 000 tonnes d’orges françaises soit cinq fois plus qu’en décembre.
En février, la Chine a fait encore mieux avec, selon les données de Refinitiv, 390 000 tonnes d’orges fourragères issues de l’Hexagone et destinées à l’alimentation du bétail.
Des orges françaises plus compétitives que celles d’Australie
Les orges françaises sont aujourd’hui prisées par la Chine en raison de leur compétitivité directement liée à la brouille commerciale entre Pékin et Canberra. Les droits à l’importation d’orge australienne fixés par la Chine, sont de 85 %, et constituent un vrai frein. Même avec les coûts de fret réduit qui s’appliquent entre l’Australie et la Chine, les orges de l’Hexagone sont en ce moment meilleur marché pour les importateurs chinois.
Ce réveil de la demande chinoise a bousculé les statistiques françaises. Les stocks d’orge ont nettement diminué. « Des révisions de stock de cette ampleur d’un mois à l’autre sont rares », explique Marc Zribi chef de l’Unité Grains et Sucre de FranceAgriMer, même si les stocks actuels restent confortables par rapport au niveau de la consommation.
La Chine, un débouché d’opportunité
Pour la deuxième année consécutive, la France s’affiche donc comme une importante source d’approvisionnement en orge pour la Chine. Une aubaine pour l’Hexagone, car l’orge est un petit marché et les débouchés ne sont pas nombreux. Mais il ne s’agit pas pour autant d’un partenariat durable, explique Gautier Le Molgat, analyste pour le groupe Argus Media.
« La France sait très bien qu’on ne fait que compenser les volumes d’un fournisseur avec lequel la Chine est en froid », explique l’expert. Le commerce et celui des grains en particulier est avant tout une question d’opportunité !
Pour l’instant le prix des orges à l’international ne semble avoir été que peu influencé par le regain de demande chinoise. Que les Chinois achètent en Europe ou en Australie, cela ne change pas les quantités disponibles à l’export au niveau mondial. En revanche, lorsque la Chine achète en France, cela a un impact localement. On a vu de l’orge fourragère payée presque le prix du blé, en France, l’été 2021, quand la Chine effectuait de gros chargements. Cette année les prix sont aussi à la hausse, mais restent loin de ceux du blé.
RFI