Après deux années de surplus, l’année 2023 sera marquée par un déficit sur le marché du platine, un métal précieux utilisé notamment pour supplanter le palladium dans les pots catalytiques des voitures. Ce qui devrait conforter la remontée des prix entamée il y a trois ans.
En 2023, le marché du platine sera déficitaire et beaucoup plus que prévu, selon les derniers calculs du groupement international des industriels et miniers du secteur, le WPIC World Platinum Investment Council. L’organisation table sur une demande en augmentation de 24 % dans un contexte où l’offre ne devrait grimper, selon ses dernières projections, que de 3 %.
Un déficit annonciateur d’un marché tendu pour plusieurs années
La demande est en effet sur une pente ascendante. Les constructeurs automobiles sont de plus en plus consommateurs. Le développement des véhicules à hydrogène, mais surtout la tendance générale à substituer le platine au palladium dans les véhicules à moteurs à combustion, explique cette hausse. Cette substitution est motivée par des raisons économiques, l’once de platine vaut aujourd’hui 400 dollars de moins que celle de palladium.
Elle est aussi motivée par un principe d’anticipation : contrairement au palladium, dont la Russie est le premier producteur, le platine est produit à plus de 70 % en Afrique du Sud. Les possibilités de perturbation du marché sont donc moindres, « un embargo sur les métaux précieux russes n’étant pas à exclure si le conflit devait encore durer », explique Didier Julienne, président de la société Commodities and Resources et ancien directeur chez Norilsk Nickel, le producteur russe de platine et palladium.
Platine : le choix d’un approvisionnement plus sécurisé
En face, l’offre a du mal à décoller. L’Afrique du Sud a été cette année en proie à des difficultés d’alimentation en électricité. Malgré l’autonomie énergétique de plus en plus grande des miniers dans le pays, la production n’a pas été à la hauteur des prévisions.
Dans ce contexte, les prix du platine sont à la hausse alors que ceux du palladium sont en chute. Il faut donc s’attendre à un rééquilibrage à moyen terme. « Mais le risque géopolitique est supérieur à l’avantage financier pour les industriels qui ont opté pour une sécurité des approvisionnements avec le platine », ajoute l’expert en matières premières.
RFI