Le Paxlovid, la vitamine D ou le remdésivir sont-ils recommandés ? Avec des années de recul et après une flopée d’essais cliniques, Sciences et Avenir fait le point sur les médicaments approuvés ou au contraire désavoués dans le traitement du Covid-19 chez les patients à risque ou hospitalisés.
Paxlovid, remdesivir, sérum sanguin, corticoïdes, tocilizumab : la liste est longue. Depuis le début de la pandémie de Covid-19 en 2020, les traitements examinés pour lutter contre l’infection ont déferlé dans l’actualité. Trois ans après, quels sont les traitements recommandés contre le Covid-19 ?
Typiquement, le Covid-19 provoque toux, fièvre, maux de tête, fatigue ou encore perte d’odorat, liste l’Assurance Maladie. Après un test antigénique ou RT-PCR positif confirmant l’infection, certaines personnes vulnérables peuvent nécessiter un traitement diminuant les risques d’évolution de la maladie vers une forme sévère. En font notamment partie les plus de 65 ans, les personnes avec des antécédents cardiovasculaires, diabétiques, immunodéprimées, enceintes de plus de six mois ou encore atteintes d’obésité ou d’un cancer. La liste complète est disponible sur le site de l’Assurance Maladie.
MOLECULES ET NOMS COMMERCIAUX. Par convention, tous les médicaments cités sont désignés à la fois sous leur nom commercial avec une majuscule (exemple : Paxlovid) et le nom de la ou des molécules qui le composent, en minuscules (exemple : remdesivir).
En médecine de ville, des antiviraux recommandés
Pour ces patients à risque, l’Agence du médicament (ANSM) recommande l’usage des traitements antiviraux suivants :
Paxlovid (nirmatrelvir/ritonavir), administré par voie orale et remboursé en pharmacies de ville (hors hôpital). « Il est recommandé d’administrer Paxlovid le plus précocement possible après le diagnostic de Covid-19 et au maximum dans les cinq jours suivant l’apparition des symptômes », précisait l’ANSM en février 2023.
Veklury (remdesivir) en cas de contre-indication au Paxlovid. Il est administré par perfusion intraveineuse sur trois jours, dans les sept jours après l’apparition des symptômes.
PROMETTEUR. L’antiviral ensitrelvir, commercialisé par le laboratoire japonais Shionogi, semble efficace contre le Covid-19 indépendamment du risque des patients, d’après une pré-publication (encore non revue par les pairs) dans MedRxiv. Le médicament a supprimé cinq symptômes (nez bouché ou qui coule, mal de gorge, toux, fièvre et fatigue) 24 heures plus tôt que les patients ne l’ayant pas pris, et permettait un retour du test négatif 29 heures plus tôt. Les auteurs pensent également que l’ensitrelvir permet de diminuer le risque de Covid long, les patients rappelés quelques mois après l’essai étant seulement 14% à toujours présenter des symptômes, contre 26% dans le groupe contrôle. Mais ces résultats doivent être confirmés.
Les déchus : molnupiravir et trois anticorps monoclonaux
Le molnupiravir (Lagevrio), antiviral agissant sur l’ARN du virus, n’est en revanche toujours pas disponible en France pour ces patients, après que la HAS a décidé fin 2021 de refuser son autorisation d’accès pour privilégier l’usage du Ronapreve. Une décision qui se basait sur l’efficacité de ce dernier sur le variant Delta, avant qu’Omicron ne rebatte les cartes.
Ronapreve (casirivimab/imdevimab) « ne doit plus être utilisé », affirme aujourd’hui l’ANSM. Exit également les deux anticorps monoclonaux similaires, Evusheld (tixagevimab/cilgavimab) et Xevudy (sotrovimab) ciblant le virus et administrés par injection. Ces grosses protéines sont similaires aux anticorps que produisent naturellement notre corps, à ceci près qu’elles sont fabriquées pour toutes cibler la protéine Spike du virus du Covid-19, essentielle à l’infection.
Leur efficacité est aujourd’hui compromise « de manière significative » par les nouveaux variants d’Omicron « BA.5 et ses sous-lignages dominants, dont BQ.1.1 », qui « sont porteurs de mutations au niveau de la Spike », précise l’ANSM. Ce dernier variant représente en effet 60% des infections au niveau national, souligne le rapport du Comité de Veille et d’Anticipation des Risques Sanitaires (COVARS) du 16 décembre 2022, sur lequel se base l’ANSM.
NON EFFICACES. Parmi les médicaments n’ayant montré aucune efficacité sur le Covid-19, on peut citer la prise de vitamine D, l’hydroxychloroquine et l’azythromycine, l’ivermectine, la colchicine, et plusieurs antiviraux dont le Kaletra (lopinavir/ritonavir).
A l’hôpital, corticoïdes et anticorps
Les traitements des patients hospitalisés pour Covid-19 sévère se concentrent sur la diminution de l’inflammation plutôt que sur des antiviraux.
La dexaméthasone est un anti-inflammatoire qui avait déjà fait du bruit en 2020 en réduisant la mortalité de 20 à 35% chez les patients atteints de Covid-19 sévère.
L’anticorps monoclonal tocilizumab (Roactemra) est administré chez les patients recevant de la dexaméthasone. Contrairement à Ronapreve, Evusheld et Xevudy, ces anticorps ne ciblent par la protéine virale Spike, mais une cytokine produite par l’organisme pendant l’inflammation (l’interleukine-6). Le tocilizumab agit ainsi contre l’emballement de l’inflammation causée par le virus mais n’est pas affectée par les variants et leurs mutations.
Le Kineret (anakinra) inhibe l’action de l’interleukine-1, une autre cytokine produite lors de l’inflammation. Originellement utilisée pour traiter de rares maladies inflammatoires d’origine génétique, elle trouve son utilité dans le Covid-19 chez les patients atteints de pneumonie risquant une insuffisance respiratoire sévère, précise le VIDAL.
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