L’Arabie saoudite est en ce moment dans une grande phase de transition.
La monarchie a construit la plus grande partie de sa puissance financière sur l’or noir ; elle veut se trouver une nouvelle vocation dans le contexte actuel de transition écologique. Mohammed ben Salmane ambitionne désormais de transformer son pays en superpuissance technologique ultramoderne.
Nous avons déjà vu émerger quelques initiatives extrêmement ambitieuses dans ce sens, comme Neom ou le Mukaab. Mais au-delà de ces projets architecturaux pharaoniques, le pays rêve d’une transformation encore plus profonde. Et apparemment, cela commence à ressembler à une
. La semaine dernière, ce sont les Émirats arabes unis qui ont présenté un grand projet éducatif d’un nouveau genre. Son objectif : placer les chatbots dopés à l’IA au cœur du processus éducatif.
Aujourd’hui, ces programmes sont encore loin d’être matures. Rien que ces dernières semaines, de nombreux exemples nous ont rappelé qu’il est encore très imprudent de faire entièrement confiance à ces chatbots. Mais de nombreux observateurs considèrent qu’à terme, une fois qu’ils seront plus fiables, ces outils pourraient complètement changer notre façon d’appréhender l’enseignement.
L’arrivée de cette technologie est un enjeu majeur dans ce domaine, et tout le monde va devoir s’y adapter — autant chez les professeurs que chez les élèves. Et ce ne sont pas les résidents de la fac de Lyon, embarqués dans une sombre affaire de triche à l’IA en début d’année, qui diront le contraire.
Le ministre de l’Éducation des Émirats est un fervent partisan de ce concept. Il considère que l’IA générative et les LLM « forcent les professeurs, les académiciens et les éducateurs du monde entier à repenser leur façon d’enseigner, mais aussi d’évaluer » les élèves.
Apprivoiser les chatbots plutôt que de leur faire la guerre
Contrairement à d’autres pays qui cherchent comment empêcher leurs élèves d’utiliser ces outils (c’est notamment le cas à New York), les Émirats ont donc décidé qu’il serait plus sage de les accompagner. « Au ministère de l’Éducation, nous souhaitons adopter des technologies révolutionnaires. Nous voulons collaborer avec nos partenaires pour développer des tuteurs IA basés sur GPT pour faire évoluer le système éducatif aux Émirats », a déclaré Ahmad Al Falasi, ministre de l’Éducation saoudien.
L’objectif du ministère n’est pas de remplacer entièrement les éducateurs humains par ChatGPT et consorts. Dans un premier temps, il compte plutôt former les professeurs et les élèves à l’utilisation de ces outils. Il s’agir de les intégrer à l’arsenal pédagogique tout en sensibilisant les usagers aux limites de ces programmes. L’institution est en train de rédiger un ensemble de directives pratiques dans ce sens.
Mais il ne s’agit que d’une première étape. À terme, on pourrait assister à l’émergence de tout systèmes IA consacrés exclusivement à la pédagogie. Ils pourraient aider les éducateurs à structurer des cours, à générer des exercices sur mesure, suggérer des axes de progression pour un élève en particulier… ou même faire tout cela en autonomie complète dans le cadre d’un cursus numérique d’un nouveau genre, entièrement piloté par l’IA.
Le machine learning va profondément transformer l’éducation, cela semble désormais inévitable. Et dans ce contexte, toute résistance est potentiellement futile ; il vaut peut-être mieux apprendre à dompter cet outil dès à présent, sous peine de devoir rattraper ce retard par la suite. Il sera donc fascinant de suivre les retombées de cette initiative pour voir s’il s’agit d’une décision pragmatique qui fera des émules, ou d’une simple lubie futuriste.
The National