Xi Jinping a été réélu sans surprise vendredi à la présidence de la Chine pour un inédit troisième mandat de cinq ans, lors d’un vote à l’unanimité des députés en faveur du dirigeant de 69 ans.
Xi Jinping a obtenu vendredi 10 mars un historique troisième mandat de président de la Chine après un vote formel du Parlement, l’aboutissement d’une ascension qui l’a vu devenir le dirigeant le plus puissant du pays depuis des générations.
Le résultat du vote des députés, sans appel (2 952 votes pour, zéro contre, zéro abstention), a été accueilli par un tonnerre d’applaudissements des parlementaires réunis à Pékin, dans l’immense Palais du peuple bordant la place Tiananmen. Le Parlement étant, dans la pratique, inféodé au Parti communiste (PCC) au pouvoir, l’issue du scrutin ne faisait aucun doute.
Le dirigeant de 69 ans avait déjà obtenu en octobre une prolongation de cinq ans au sommet du PCC et de la commission militaire du Parti, les deux postes de pouvoir les plus importants en Chine. Seul candidat, Xi Jinping a été reconduit pour la même durée comme chef de l’État.
Dès l’annonce du résultat, trois militaires en uniforme d’apparat ont descendu au pas de l’oie les escaliers de la monumentale salle où sont réunis les députés, avant de déposer un exemplaire de la Constitution sur un pupitre.
« Je jure d’être (…) loyal à la patrie et au peuple (…) et de travailler dur à l’édification d’un grand pays socialiste moderne qui soit prospère, fort, démocratique, plus civilisé et harmonieux », a promis Xi Jinping, poing droit levé et main gauche sur le document.
Les derniers mois ont toutefois été compliqués pour lui, avec de grandes manifestations fin novembre contre sa politique « zéro Covid » et une importante vague de décès qui a suivi l’abandon en décembre de cette stratégie sanitaire.
Le président russe Vladimir Poutine a adressé vendredi ses « sincères félicitations » à son « cher ami » Xi Jinping, réélu en Chine, et a loué le « renforcement » de leur coopération sur fond de conflit en Ukraine. « Nous allons continuer de coordonner notre travail commun concernant les questions les plus importantes de l’agenda régional et international », a ajouté le président russe.
Abolition
Sa réélection vendredi couronne une ascension politique remarquable durant laquelle il est passé de responsable politique peu connu du grand public à dirigeant chinois le plus puissant depuis des décennies.
Auteur d’une biographie sur Xi Jinping, l’écrivain et journaliste suisse Adrian Geiges estime toutefois que l’enrichissement personnel n’est pas sa motivation première. « Il a vraiment une vision pour la Chine, il veut que la Chine devienne le pays le plus puissant du monde », déclare-t-il.
Pendant des décennies, la République populaire de Chine, échaudée par le chaos politique et le culte de la personnalité durant le règne (1949-1976) de son dirigeant et fondateur Mao Tsé-toung, avait promu une gouvernance plus collégiale au sommet du pouvoir. En vertu de ce modèle, les prédécesseurs de Xi Jinping, à savoir Jiang Zemin puis Hu Jintao, avaient chacun cédé leur place de président après dix années à ce poste.
Mais Xi Jinping a mis fin à cette règle en faisant abolir en 2018 dans la Constitution la limite de deux mandats présidentiels, tout en laissant se développer autour de lui un quasi-culte de la personnalité. Xi Jinping devient donc le dirigeant suprême à rester le plus longtemps au pouvoir dans l’histoire récente de la Chine. Septuagénaire à l’issue de ce nouveau mandat, il pourrait même potentiellement prolonger pour un nouveau quinquennat si aucun dauphin crédible ne s’affirme dans l’intervalle.
« Plus sûre d’elle »
Mais ses défis restent nombreux à la tête de la deuxième économie mondiale, entre le ralentissement de la croissance, la chute de la natalité ou encore l’image internationale de la Chine qui s’est fortement dégradée ces dernières années.
Les relations avec les États-Unis sont, elles, au plus bas, les contentieux étant nombreux, de Taïwan au traitement des musulmans ouïghours, en passant par la rivalité dans les technologies. Xi Jinping a encore condamné cette semaine la « politique d’endiguement, d’encerclement et de répression contre la Chine » mise en place par « des pays occidentaux menés par les États-Unis ».
« Nous allons voir une Chine plus sûre d’elle sur la scène internationale, qui va affirmer son discours de manière plus prononcée » tout en tentant « de réduire sa dépendance vis-à-vis du reste du monde », prédit Steve Tsang, de l’institut SOAS China à l’Université de Londres.
Le Parlement a également procédé vendredi à des élections formelles pour d’autres postes institutionnels. Jusqu’ici vice-Premier ministre, Han Zheng (68 ans) a été élu vice-président en remplacement de Wang Qishan (74 ans). La présidence du comité permanent du Parlement revient à Zhao Leji.
AFP