La FIDH & Amnesty appellent à des enquêtes en Tunisie autour des dernières poussées racistes

La Fédération internationale pour les droits humains (FIDH) et Amnesty international ont condamné «les propos racistes» du Président tunisien Kais Saied à l’égard des migrants d’origine subsaharienne, et ont exhorté les autorités tunisiennes à l’ouverture d’une «enquête indépendante», sur les attaques visant ces derniers.

«Depuis 15 jours, les organisations membres de la FIDH en Tunisie ont documenté l’exacerbation des violations des droits humains subie par les migrants subsaharien·nes vivant dans le pays: arrestations et détentions arbitraires, agressions, expulsions de leur logement, licenciement abusif», souligne un communiqué.  Les organisations ont  appelé à l’ouverture d’une «enquête indépendante» en Tunisie sur cette flambée de violence.

«La FIDH, ses 54 organisations membres en Afrique et ses 188 organisations dans le monde s’opposent de toutes leurs forces aux violences verbales et physiques qui frappent les migrant·es sur le sol tunisien», a déclaré la présidente de la FIDH, Alice Mogwe, dans un communiqué.

«Appeler à la haine contre des gens qui subissent déjà des discriminations, des violences et des privations est particulièrement le summum de la brutalité (…).  J’en appelle particulièrement à la responsabilité des dirigeants tunisiens, quel héritage laisserez-vous dans l’Histoire?», a-t-elle interpellé.

Outre la FIDH, l’organisation de défense des droits de l’Homme Amnesty International a également exhorté les autorités tunisiennes à «enquêter et tenir pour responsables les auteursen particulier lorsque des policiers sont impliqués dans les attaques».

Amnesty dit s’être entretenue avec une vingtaine de personnes à Tunis, dont cinq demandeurs d’asile et 15 migrants sans-papiers, originaires du Cameroun, de la Sierra Leone, du Ghana, du Nigeria, de la Guinée et de la Côte d’Ivoire. «Tous ont été attaqués par des foules, et dans le cas de trois personnes, la police était présente mais n’est pas intervenue», dénonce Amnesty.

«Les autorités tunisiennes devraient faire en sorte de mettre fin immédiatement à cette vague d’attaques», martèle Amnesty. Les autorités «devraient libérer tous les migrants détenus arbitrairement et s’assurer qu’ils ne soient pas renvoyés contre leur gré dans leurs pays d’origine, poursuit l’organisation».

«Hordes de migrants»

Le 21 février, le président tunisien Kais Saied avait affirmé que la présence de «hordes» d’immigrés clandestins originaires d’Afrique subsaharienne était source de «violences et de crimes» et relevait d’une «entreprise criminelle» visant à «changer la composition démographique» du pays. S’en est suivie une recrudescence d’agressions à l’encontre de ces personnes migrantes et des dizaines d’entre eux ont demandé à leurs ambassades à être rapatriés.

Critiqué par de nombreuses ONG, le Président Saied a affirmé que son objectif était de faire respecter la «légalité tunisienne concernant les étrangers» et d’empêcher toute «juridiction parallèle aux juridictions de l’Etat», en rejetant les «propos malveillants» de ceux qui «ont voulu interpréter le discours à leur guise pour nuire à la Tunisie».

«Les récentes annonces d’apaisement faites le 5 mars par le Président Saied ne comportaient même pas d’excuses», déplore la FIDH. «Lorsque des propos racistes sont répétés, soutenus et assumés par tout un gouvernement, peut-on encore parler de sortie de route?», interpelle-t-elle.

Afriquinfos

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