L’Arctique fait l’objet de toutes les convoitises, surtout entre Russes et Américains. Et pour cause : sous la glace se trouvent de précieux hydrocarbures. Une dizaine de pays, dont la Russie et les Etats-Unis, se retrouvent ce mercredi en Islande pour un Conseil afin d’évoquer notamment les questions de stratégie militaire.
La question du pôle nord pourrait devenir un enjeu stratégique de taille. La fonte des glaces donne accès à de nouveaux gisements d’hydrocarbures et ouvre également de nouvelles routes maritimes. Une dizaine de pays qui bordent cette zone se retrouvent ce mercredi pour deux jours en Islande pour un Conseil de l’Arctique. Antony Blinken, le chef de la diplomatie américaine, et Sergueï Lavrov, le ministre russe des Affaires étrangères, devraient notamment s’y rencontrer pour la première fois. S’ils n’ont pas de gros désaccords sur les questions environnementales ou le secours en mer, sur le plan militaire et économique, c’est une autre affaire.
L’Arctique, chasse gardée de la Russie ?
Du côté des Russes, c’est un peu comme s’ils avaient affiché une pancarte « Arctique chasse gardée ». Moscou y a doublé le nombre de bases militaires en 15 ans, et Sergueï Lavrov a affirmé récemment que l’Arctique, c’était « leurs terres et leur territoire ». C’est surtout leur machine à cash : la moitié du budget de l’État vient des immenses champs pétroliers et gaziers du grand nord. L' »activité militaire » de la Russie dans l’Arctique est « parfaitement légale et légitime », a-t-il plaidé, dénonçant notamment les velléités « offensives » des Occidentaux via l’Otan et la Norvège.
Mais Alexandre Thaite, chercheur à la Fondation pour la recherche stratégique, reste persuadé que, malgré la fermeté affichée, la Russie n’a aucun intérêt à froisser ses voisins. « L’avenir de l’équilibre financier de la Russie est bien en Arctique. En fait, aujourd’hui, la Russie va surtout sortir son gaz et son pétrole par des méthaniers brise-glace, des tankers brise-glace qu’elle est en train de construire. Donc elle a besoin de relations pacifiées pour sortir ce gaz et ce pétrole, qui sont indispensables à son économie », explique le chercheur.
« Des inquiétudes au sujet de l’augmentation de certaines activités militaires dans l’Arctique »
Les Américains appellent à ne pas militariser l’Arctique. Ce n’est a priori pas une question de sécurité, mais de liberté de circulation. En effet, en prenant le contrôle de la zone, Moscou pourrait instaurer un droit de passage aux navires de commerce tentés par la route du grand nord. La mise en garde russe a inévitablement suscité une réponse d’Antony Blinken, qui a appelé mardi à « éviter une militarisation » de l’Arctique mais aussi ce genre de « déclarations », qui « affaiblissent » l’objectif « d’un avenir pacifique » pour ce vaste territoire aux conditions extrêmes, riche en ressources naturelles, autour du Pôle Nord. Avant d’enfoncer le clou : « Nous avons des inquiétudes au sujet de l’augmentation de certaines activités militaires dans l’Arctique qui renforcent les risques d’accidents ».
Le décor du tête-à-tête est donc planté. Il est prévu à 21h15 (locales et GMT) après un dîner d’ouverture du Conseil de l’Arctique – qui réunit les huit pays riverains de la région.
Un climat tendu depuis l’arrivée de Biden
Depuis son arrivée à la Maison Blanche en janvier, le président Biden affiche une grande fermeté à l’égard de la Russie de Vladimir Poutine, qu’il est allé jusqu’à qualifier de « tueur » – pour mieux marquer la rupture avec son prédécesseur Donald Trump, accusé de complaisance à l’égard du maître du Kremlin. Moscou et Washington ont échangé dures accusations et sanctions dès le début du mandat du démocrate.
Mais depuis, les deux pays assurent vouloir une forme d’apaisement. « Nous avons dit très clairement que si la Russie choisit de prendre des mesures irresponsables ou agressives contre nos intérêts ou nos partenaires et alliés, nous riposterons », a prévenu Antony Blinken en Islande. « Pas pour chercher le conflit ou l’escalade, mais parce qu’on ne peut pas être ainsi défiés impunément ».
L’homme d’Etat a toutefois jugé « important de pouvoir parler de cela en tête à tête pour voir s’il est possible d’avoir une relation avec la Russie plus stable et prévisible », ainsi que des terrains d’entente en matière climatique ou de désarmement.
Source: europe1.fr
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