Les autorités américaines ont annoncé dimanche 12 mars une série de mesures pour rassurer particuliers et entreprises sur la solidité du système bancaire américain. Le président américain Joe Biden devrait s’exprimer lundi pour rassurer les Américains sur le système bancaire.
Les institutions économiques et politiques montaient au créneau en cette soirée de fin de week-end alors qu’au même moment, la bourse de Tokyo ouvrait lundi matin en nette baisse (-1,56% pour l’indice Nikkei), réaction directe à la secousse bancaire de l’autre côté du Pacifique, tandis que les bourses chinoises semblaient plus indécises.
« Je suis fermement dévoué à demander des comptes aux responsables de ce gâchis », a déclaré dimanche soir le président américain Joe Biden dans un communiqué, assurant que « le peuple américain et les entreprises américaines peuvent avoir confiance dans le fait que leurs dépôts bancaires seront là lorsqu’ils en auront besoin ». Joe Biden a fait savoir qu’il tiendra une déclaration officielle ce lundi sur la faillite de la Silicon Valley Bank (SVB) et de l’institution financière Signature Bank. « Je ferai des remarques sur la manière dont nous maintiendrons un système bancaire résilient pour protéger notre reprise économique historique », a-t-il avancé.
La Fed va prêter aux banques
Les autorités américaines veulent rassurer, vite, pour éviter la panique, après le naufrage brutal de trois banques depuis vendredi 10 mars : la banque californienne dite des starts-up, Silicon Valley Bank, la Signature Bank et la Silvergate Bank. Elles vont pour ce faire permettre l’accès à tous les dépôts de la Silicon Valley Bank et d’un autre établissement, Signature Bank, qui a été fermé d’office par le régulateur, à la surprise générale, selon un communiqué. Les épargnants de la SVB pourront donc avoir accès à leurs fonds, même au-delà des 250 000 dollars normalement garantis.
La Fed s’est également engagée dimanche soir à prêter les fonds nécessaires, à hauteur de 25 milliards de dollars, à d’autres banques qui en auraient besoin pour honorer les demandes de retraits de leurs clients.
NEW:
*Signature Bank has been closed
*All depositors of Silicon Valley Bank and Signature Bank will be fully protected
*Shareholders and certain unsecured debtholders will not be protected
*New Fed 13(3) facility announced with $25 billion from ESF to backstop bank deposits pic.twitter.com/LKipIRMg1T
— Nick Timiraos (@NickTimiraos) March 12, 2023
Ces mesures ont été prises conjointement par la secrétaire au Trésor, Janet Yellen, la Fed et l’Agence de garantie des dépôts (FDIC), après consultation avec le président américain Joe Biden, selon le communiqué.
L’ensemble du dispositif témoigne des turbulences qui menacent le système bancaire américain, perturbé par le resserrement monétaire de la Fed à marche forcée.
La hausse des taux a mis sous pression les banques, qui prêtent souvent à long terme mais empruntent à court terme, les taux courts étant actuellement très supérieurs aux taux longs.
Elle a aussi incité des clients à placer leur argent dans des produits financiers mieux rémunérés que les comptes courants et a bousculé le secteur des nouvelles technologies, gourmant en cash.
La vague de retraits qui a suivi a provoqué la défaillance de trois banques cette semaine, à savoir SVB, Signature Bank mais aussi Silvergate Bank, plus petite mais connue pour ses liens privilégiés avec le milieu des cryptomonnaies.
La New-Yorkaise Signature Bank est la 21e banque américaine, avec des actifs estimés par la Fed à 110 milliards de dollars, fin 2022 et 88 milliards de dollars de dépôts. Sa défaillance est la troisième plus importante de l’histoire des États-Unis, derrière SVB et Washington Mutual, en 2008.
« Aujourd’hui, nous prenons des mesures décisives pour protéger l’économie américaine en renforçant la confiance dans notre système bancaire », ont indiqué Fed, Trésor et FDIC dans leur communiqué.
« Cette initiative va permettre au système bancaire américain de continuer à jouer son rôle vital de protection des dépôts et d’accès au crédit pour ménages et entreprises », ont-ils poursuivi.
« Pas 2008 »
Après l’annonce de la prise de contrôle de SVB par la FDIC, vendredi, beaucoup s’étaient inquiétés du sort des dépôts bloqués par la défaillance de l’établissement.Quelque 96% d’entre eux n’étaient, en effet, pas couverts par la garantie traditionnelle des dépôts, qui assure jusqu’à 250 000 dollars par client et par banque.
« Le système bancaire est beaucoup plus résilient et doté d’une bien meilleure assise qu’avant la crise financière » de 2008, a martelé un responsable du Trésor. « Pour être clair, la situation n’est pas celle de 2008. »
« Les actions de la Fed ce week-end sont destinées à mettre fin aux perturbations dans le secteur bancaire et le système financier qui s’étaient manifesté rapidement ces derniers jours », a expliqué un responsable de la Fed. L’ensemble des mesures dévoilées dimanche étaient « nécessaires pour traiter le risque systémique que nous avons observé sur les marchés financiers », a-t-il appuyé.
Parallèlement, les autorités américaines ont mis aux enchères SVB avec l’objectif de trouver un repreneur au plus vite.
L’élu démocrate de Californie à la Chambre des représentants Josh Harder a confirmé la tenue d’enchères au site d’information Axios, estimant que la limite de dépôt des offres, initialement fixée dimanche à 18h GMT, pourrait être repoussée.
La course contre la montre engagée par les autorités américaines rappelle le week-end des 13 et 14 septembre 2008. Elles avaient alors échoué à trouver un repreneur pour la banque Lehman Brothers, la poussant au dépôt de bilan le lundi, avec des conséquences dramatiques pour le secteur financier et l’économie toute entière.
Outre la stabilité du système bancaire, beaucoup se disaient préoccupés par les répercussions de la faillite de SVB sur le secteur technologique, américain mais aussi au-delà. SVB se targuait d’avoir pour clients « près de la moitié » des entreprises technologiques et des sciences du vivant financées par des investisseurs américains.
Les dépôts de SVB se montaient autour de 170 milliards de dollars, selon un document publié mercredi par l’établissement, mais des retraits colossaux sont intervenus depuis. La solution annoncée dimanche protège les déposants mais « les investisseurs (actionnaires) de ces deux banques (SVB et Sigature Bank) vont tout perdre » et leurs dirigeants seront remplacés, a souligné le responsable de la Fed.
« Pas de risque de contagion en France »
La faillite de ces deux banques américaines ne met pas en danger les banques françaises, a assuré ce lundi 13 mars sur Franceinfo le ministre de l’Économie Bruno Le Maire. « Nous avons des banques qui sont solides », « un système bancaire qui est solide » et « un ratio de liquidités qui est élevé », a affirmé M. Le Maire en ajoutant que les établissements bancaires français avaient « des secteurs d’activité très diversifiés ».
Les banques françaises « ne sont pas exposées à un seul secteur d’activité » à l’instar de la Silicon Valley Bank (SVB), qui était presque exclusivement exposée au secteur des nouvelles technologies, a souligné le ministre français.
AFP