Des représentants d’une coalition des principaux partis d’opposition de Guinée, de syndicats et d’ONG ont accepté de rencontrer le Premier ministre, Bernard Goumou, sous l’égide de chefs religieux.
Après des mois sans dialogue, l’opposition guinéenne a finalement accepté de rencontrer, lundi 13 mars, le gouvernement installé par la junte de Mamadi Doumbouya. La rencontre, qui s’est faite au Centre islamique de Donka, ne semble toutefois pas avoir dissipé la suspicion profonde à l’égard des militaires, suspicion renforcée par l’interpellation de deux militants, le 11 mars.
Des représentants des Forces vives, une coalition des principaux partis d’opposition, de syndicats et d’ONG ont accepté de rencontrer le Premier ministre, Bernard Goumou, sous l’égide de leaders religieux. L’un des intercesseurs, Jean Boston Bangoura, de l’Église anglicane, a admis devant des journalistes qu’il s’agissait d’une « prise de contact ».
Une manifestation reportée
Au pouvoir depuis le coup d’État du 5 septembre 2021, les militaires ont consenti, sous la pression de la communauté internationale, à céder la place à des civils élus d’ici à la fin de 2024, le temps de mener de profondes réformes, disent-ils. L’opposition a été confrontée sous la junte à l’arrestation d’un certain nombre de ses dirigeants et au lancement de poursuites judiciaires contre d’autres. La junte a interdit toute manifestation et vient de menacer d’interdire les partis.
L’opposition refuse de dialoguer dans les conditions fixées par le pouvoir. Elle a cependant accepté, après intervention des autorités religieuses, de reporter au mercredi 15 mars une manifestation initialement prévue la semaine dernière. Dans un pays coutumier des violences politiques, une précédente journée de mobilisation mi-février avait entraîné des affrontements qui avaient fait trois morts.
Un militant convoqué après avoir été interpellé
L’opposition n’a pas communiqué après la rencontre de lundi sur le maintien ou le report de la mobilisation de mercredi, mais Abdoulaye Barry, un responsable syndical membre des Forces vives, a déclaré que, « si la junte prenait la démarche des religieux au sérieux, elle n’irait pas arrêter l’un des acteurs majeurs des Forces vives ».
Abdoul Sacko, un cadre des Forces vives, a été interpellé par les gendarmes samedi apparemment en dehors de toute procédure et, selon son avocat, sans motif valable. Il a été relâché, mais à nouveau convoqué lundi. Joint par la suite, il a affirmé que les gendarmes l’avaient interrogé sur son implication dans l’organisation de manifestations interdites. Il doit retourner chez les gendarmes vendredi 17 mars.
AFP