Les forces de l’ordre pakistanaises ont utilisé des gaz lacrymogènes pour repousser des partisans d’Imran Khan, qui tentaient, mardi, d’empêcher des policiers de l’arrêter à son domicile. L’ancien Premier ministre est sous le coup d’un mandat d’arrêt après s’être soustrait à plusieurs assignations à comparaître au tribunal, invoquant des raisons de sécurité.
Des heurts ont éclaté dans la nuit de mardi 14 à mercredi 15 mars entre policiers et partisans de l’ancien Premier ministre pakistanais Imran Khan à Lahore (est), où il reste retranché à son domicile, défiant les tentatives d’arrestation.
Bien qu’il reste très populaire et espère revenir au pouvoir lors des élections législatives prévues d’ici octobre, Imran Khan a été renversé en avril 2022 par une motion de censure et est confronté depuis à une multitude de procédures judiciaires.
La police s’est livrée à des batailles rangées avec les militants du parti d’Imran Khan, le Pakistan Tehreek-e-Insaf (PTI, Mouvement du Pakistan pour la justice), près de sa résidence de Zaman Park pendant toute la nuit, tirant des gaz lacrymogènes et esquivant les pierres lancées par la foule en colère.
Peu avant l’aube, l’ancien chef du gouvernement a publié une vidéo, assis devant des drapeaux du Pakistan et du PTI, à un bureau décoré de cartouches de gaz lacrymogène usagées. « Je dis aujourd’hui à toute la nation qu’ils (les policiers) sont prêts une fois de plus, qu’ils vont revenir », a-t-il déclaré. « Ils utiliseront des gaz lacrymogènes contre notre peuple et feront d’autres choses de ce genre, mais vous devez savoir qu’ils n’ont aucune raison de le faire. »
My message to the nation to stand resolute and fight for Haqeeqi Azadi & rule of law. pic.twitter.com/bgVuOjsmHG
— Imran Khan (@ImranKhanPTI) March 14, 2023
Des vidéos circulant sur les réseaux sociaux – en grande partie diffusées par les comptes officiels du PTI – montrent plusieurs partisans ensanglantés et d’autres personnes luttant contre les gaz lacrymogènes. Un responsable du PTI a tweeté qu’il y avait « un besoin urgent » de kits de premiers secours dans le quartier de Zaman Park.
Un compte du parti a également publié une vidéo montrant des bombes lacrymogènes atterrissant dans le jardin d’Imran Khan, mais dont la police ne semble pas avoir franchi le portail ou le mur.
« Sans précédent »
« La façon dont la police s’en prend à notre peuple est sans précédent », a affirmé Imran Khan. « Canons à eau, gaz lacrymogènes (…) ils ont bombardé l’intérieur de la maison où se trouvaient des domestiques et des femmes », a-t-il ajouté.
C’est la seconde fois ce mois-ci que des policiers ont été dépêchés depuis la capitale Islamabad au domicile d’Imran Khan à Lahore pour exécuter un mandat d’arrêt, après qu’il se fut soustrait à plusieurs assignations à comparaître au tribunal, invoquant des raisons de sécurité. La première tentative d’arrêter l’ancien champion de cricket avait échoué car il était « réticent à se rendre », avait expliqué la police sans plus de détail.
« Nous sommes simplement ici pour exécuter le mandat d’arrêt et l’arrêter », a fait savoir Syed Shahzad Nadeem Bukhari, un haut responsable de la police d’Islamabad, à la presse devant la maison d’Imran Khan.
Les policiers ont été accueillis au domicile de l’ancien chef du gouvernement par des centaines de militants de son parti, certains brandissant des bâtons et lançant des pierres, drapés des drapeaux rouge et vert du PTI. La police a utilisé des canons à eau pour tenter de disperser la foule et d’accéder au bâtiment.
Le chef adjoint du PTI, Shah Mahmood Qureshi, a affirmé devant la presse que son parti voulait rester « pacifique ». Il a insisté pour que la police lui remette le mandat d’arrêt et a déclaré qu’il « essaierait de trouver une solution pour éviter une effusion de sang ».
Imran Khan, 70 ans, a été convoqué au tribunal pour répondre aux accusations selon lesquelles il n’aurait pas déclaré l’ensemble des cadeaux diplomatiques reçus sous son mandat et aurait gagné de l’argent en revendant certains d’entre eux.
Depuis son éviction, il a multiplié les grands rassemblements et les discours politiques, ou encore dissous les deux assemblées provinciales contrôlées par son parti, pour tenter d’obtenir des élections anticipées, auxquelles le gouvernement se refuse.
En novembre, il a été blessé par balle lors d’un rassemblement politique. Il a attribué cette tentative d’assassinat à son successeur, Shehbaz Sharif, et à un officier supérieur des services de renseignement de l’armée, sans fournir de preuves de ses allégations.
AFP