Alexandra Cousteau, l’océan en héritage

Pour la petite-fille du commandant Cousteau, sauver la mer n’est pas un rêve mais un projet solide, fondé sur la science et les nouvelles technologies. Elle a créé la fondation Oceans 2050 avec un ami biologiste, Carlos Duarte, auteur d’un article retentissant sur la restauration des milieux marins. Objectif : rétablir la biodiversité perdue et lutter contre le réchauffement climatique grâce à des cultures d’algues qui absorbent le carbone.

Son père avait promis de lui apprendre à plonger quand elle aurait 7 ans. Elle en avait seulement 3 lorsque, en 1979, l’hydravion à bord duquel il se trouvait s’est écrasé près de Lisbonne. Philippe, le fi ls préféré du commandant Cousteau, partait rejoindre la « Calypso ». Ce sera donc son grand-père qui se chargera d’initier Alexandra au « monde du silence », une expression forgée pour Philippe qui, lors de sa première plongée, voulait à toute force parler sous l’eau… Chez les Cousteau, on apprend donc la plongée à 7 ans, puis on découvre la vie sur le pont de la « Calypso ».

Partageant son enfance entre l’Amérique et la France, la petite fille passe le plus clair de son temps en mer. À 11 ans, elle a déjà traversé le Pacifique Sud et réalisé plus de plongées que n’importe quel amateur, entendant son grand-père s’inquiéter de la disparition de poissons dans les endroits où ils grouillaient jadis. Le nom de Cousteau est lié à l’émerveillement devant le monde sous-marin. Personne n’écoute l’homme au bonnet rouge quand il commence à sonner l’alarme.

Cette petite musique imprègne pourtant l’adolescente, mais l’héritage est si lourd qu’elle hésite à y voir son destin. Alexandra étudie les relations internationales et les sciences de l’environnement à l’université de Georgetown (Washington DC), mais elle cherche sa voie. Parce qu’elle est une Cousteau, on commence à la solliciter pour intervenir ici ou là. Quoiqu’elle ne se sente ni légitime ni suffisamment compétente, elle accepte parfois, coincée entre l’envie sincère de jouer un rôle et le refus de se laisser définir par un nom. Elle devient mannequin, ce qui ne l’amuse pas longtemps. Elle a besoin d’un projet à la hauteur, mais la barre semble impossible à atteindre. Et son grand-père, toujours vivant, capte toute la lumière.

Elle se bat pour que la mer redevienne un sanctuaire

Lorsque Jacques-Yves Cousteau meurt, en 1997, elle croit avoir trouvé sa « mission » : le sauvetage de la « Calypso ». Un an plus tôt, heurté par une barge dans le port de Singapour, le bateau a coulé. Il faut le renflouer, lui offrir un linceul digne de sa légende. Mais Alexandra, son oncle Jean-Michel et toute la famille se heurtent à l’intransigeance de la dernière épouse du commandant, Francine. C’est le début d’une longue guerre judiciaire qui aura pour conséquence de laisser le navire sur le flanc, et de traumatiser ceux qui auraient l’idée de faire encore une quelconque référence au commandant. Difficile, quand on porte ce nom dont Francine ne peut quand même pas les déposséder… Même introduire le fameux bonnet rouge sur une de ses images aurait pu, selon Alexandra, avoir des conséquences juridiques ! Alors Alexandra a appris à rester une Cousteau, mais dans une certaine discrétion.

Elle a réalisé des documentaires sur l’environnement, a aidé Oceana, une ONG pour la protection de la mer, a collaboré avec la National Geographic Society, qui a fait d’elle une « explorer », et a finalement trouvé son grand projet : Oceans 2050. « Nous avons désormais les connaissances nécessaires pour restaurer la faune océanique. Si l’on cesse de tuer la vie marine, si on la protège, elle revient. C’est à cela que je veux consacrer la deuxième partie de ma vie. Pour que nos enfants et petits-enfants puissent de nouveau prospérer entourés de mers abondantes. » L’héritage du commandant est préservé.

Retrouvez l’interview exclusive d’Alexandra Cousteau dans le numéro 3759 de Paris Match, en vente jeudi.

Vers 2 ans, avec son père, lors d’une expédition en Ouganda. Un an avant sa disparition accidentelle.

Vers 5 ans avec le commandant.

Vers 9 ans, dans le sud de la France, une carte des espèces locales autour du cou, Alexandra et son petit frère, Philippe, examinent une étoile de mer.

Devant le Capitole, à Washington en 2005, à l’occasion de la marche du mouvement Women of the Storm, suite à l’ouragan Katrina.

Alexandra relâche un requin tisserand, après l’avoir étiqueté dans le cadre d’une étude sur les espèces impactées par la marée noire dans le golfe du Mexique, en 2010.

Le genre de pêche industrielle que pratique ce chalutier néerlandais à 50 kilomètres des côtes de la Mauritanie ravage l’environnement et l’économie locale. En 2012.

À Montréal, elle présente sa fondation Oceans 2050 à Justin Trudeau, Premier ministre du Canada.

Dans les eaux de Malte, lors d’une expédition d’étude des fonds marins menée par l’ONG Oceana Europe, en 2016.

Dans le parc national mexicain Cabo Pulmo, lors d’une expédition de l’ONG Oceana, dont Alexandra est conseillère. En 2019.

Source: parismatch.com
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