Depuis son exil doré à Manhattan, il se présentait comme un farouche adversaire du régime chinois, prêt à s’allier avec le sulfureux Steve Bannon. Le milliardaire Guo Wengui a été arrêté à New York mercredi, accusé d’avoir floué des milliers d’investisseurs pour s’enrichir.
Traqué par la Chine, où il est accusé de fraudes financières, Guo Wengui, 52 ans, a finalement été rattrapé par le parquet fédéral de Manhattan, qui a délivré un acte d’inculpation contenant onze accusations de fraude électronique, fraude en matière de titres, fraude bancaire et blanchiment d’argent. Des crimes pour la plupart passibles de 20 ans de prison.
Il a été arrêté mercredi matin à New York par la police fédérale (FBI) dans son luxueux appartement de Manhattan, dans un immeuble avec vue sur Central Park. Quelques heures plus tard, un incendie s’est déclaré dans le même immeuble, sans faire de blessés, et les autorités enquêtent pour déterminer si l’incident a un lien avec l’arrestation, ont rapporté des médias locaux.
Présenté à un juge mercredi après-midi, Guo Wengui « a plaidé non coupable et a accepté d’être placé en détention », a indiqué le parquet à l’AFP. Ses avocats, sollicités, n’ont pas donné suite.
Guo Wengui est accusé d’avoir profité de sa notoriété sur internet depuis 2018 pour inciter des milliers de personnes à investir des fonds dans ses sociétés ou projets, comme GTV Private Placement, ou G/Clubs, qui promettaient des placements rentables ou des services de luxe, mais lui auraient surtout permis de mener grand train et de se « remplir les poches », selon les mots du procureur fédéral de Manhattan, Damian Williams.
Bannon arrêté sur son yacht
La justice américaine a également procédé à des saisies pour plus de 630 millions de dollars sur des comptes en banque ou en valeurs immobilières et mobilières, « produit de cette fraude présumée », comme un somptueux manoir de plus de 4.600 m2 dans le New Jersey ou des véhicules de luxe des marques Bugatti, Lamborghini ou Rolls Royce.
La fraude représente plus d’un milliard de dollars, selon le procureur fédéral.
L’homme d’affaires, qui avait fait fortune dans l’immobilier, s’est installé aux Etats-Unis en 2015, fuyant la Chine où il a été visé par une notice rouge d’Interpol, pour des fraudes financières qu’il dément.
Féroce critique de Pékin, tout en trouvant des qualités au président Xi Jinping — et à Donald Trump — , l’homme d’affaires promettait de tout faire pour démocratiser le régime chinois.
« Je veux essayer d’arriver à un Etat de droit, d’arriver à la démocratie, à la liberté, c’est mon but ultime, un changement du régime », si possible « d’ici trois ans », expliquait-il en 2017 à l’AFP, dans son luxueux appartement de Manhattan.
Un an plus tard, il avait officialisé une alliance avec l’ancien conseiller sulfureux de Donald Trump et figure de la droite dure américaine Steve Bannon, afin d’exposer les crimes perpétrés selon eux par le gouvernement chinois.
Steve Bannon avait été arrêté en août 2020 sur le yacht de l’homme d’affaires chinois, dans une affaire de détournement de fonds liée au projet de mur contre l’immigration à la frontière mexicaine, une promesse phare de l’ancien président républicain.
Un complice présumé de Guo Wengui, son « financier » Kin Ming Je, est également visé par l’acte d’inculpation du parquet fédéral de Manhattan, mais il est « en fuite » et recherché par la justice américaine.
AFP