Le Néerlandais Mathieu van der Poel, petit-fils du coureur Raymond Poulidor, a marché dans les pas de son illustre grand-père en remportant, samedi, l’éreintante Milan-Sanremo, la plus longue course professionnelle du cyclisme moderne.
Dans la roue de « Poupou ». Soixante-deux ans après son grand-père Raymond Poulidor, le Néerlandais Mathieu van der Poel a remporté en solitaire, samedi 18 mars, Milan-Sanremo après un numéro impressionnant dans le Poggio.
Le coureur d’Alpecin a fait la différence juste avant le sommet du Poggio, à cinq kilomètres de l’arrivée, pour devancer de quinze secondes un groupe de trois autres superstars, réglé au sprint par l’Italien Filippo Ganna devant le Belge Wout Van Aert et le Slovène Tadej Pogacar.
C’est la troisième victoire pour Van der Poel dans un des cinq Monuments, soit les classiques les plus prestigieuses du calendrier, après ses succès sur le Tour des Flandres en 2020 et 2022.
C’est aussi un nouveau clin d’œil à son papy, le légendaire « Poupou », disparu en novembre 2019 à l’âge de 83 ans et dont il était très proche. Pas de larmes cette fois, comme en 2021 lorsqu’il avait pris le maillot jaune du Tour de France qui s’était toujours refusé à son aïeul après sa victoire à Mûr-de-Bretagne.
Mais une profonde satisfaction de figurer désormais, avec son grand-père français, au palmarès de « la Classicissima », la plus longue course de l’année, 294 kilomètres d’une procession assommante avant le puissant shoot d’adrénaline dans le final.
« Je suis fier de l’avoir fait »
« J’ai entendu que Milan-Sanremo avait été le seul Monument qu’il ait gagné. C’est sympa de gagner le même. C’est toujours très spécial de gagner cette course. Elle n’offre pas beaucoup d’occasions. De grands champions n’ont jamais gagné ici. Je suis fier de l’avoir fait », a-t-il raconté, sans effusion particulière.
« Van der Poelidoer » a été plus démonstratif sur son vélo lorsqu’il a fait la différence au sommet de la dernière ascension, le mythique Poggio, après avoir contré Pogacar qui avait placé une première attaque pour rendre justice au gros travail de son équipe UAE.
À la célèbre cabine téléphonique, posée au pic, il a basculé avec cinq secondes d’avance sur un groupe de chasse royal, composé de Pogacar, Ganna et Van Aert, soit le meilleur coureur de classement général, le meilleur rouleur et le meilleur chasseur de classiques, avec Van der Poel, de la planète.
C’était déjà trop tard.
Impressionnant de maîtrise dans la descente qu’il dit avoir fait « à 80 % », sans prise de risque excessive, le champion du monde de cyclocross a creusé son avantage au fil des lacets vénéneux menant vers la Via Roma pour gagner le temps de savourer les derniers mètres, alors que, derrière, les trois poursuivants de luxe peinaient à s’entendre.
« Pas de regrets » pour Pogacar
En attendant le podium, Van der Poel savourait son exploit, coincé dans un minuscule canapé entre Ganna et Van Aert qui avaient l’air assez abattus après le mauvais tour joué par leur camarade, premier Néerlandais à s’imposer à Sanremo depuis Hennie Kuiper en 1985.
« Ça me fait déjà pas mal de deuxièmes places cette saison », a soupiré Ganna, impressionnant dans la montée malgré son gabarit de rouleur et qui s’est dit « à la fois déçu et satisfait ».
Van Aert, qui ne compte toujours qu’un Monument à son palmarès (Milan-Sanremo en 2020), a également accepté la supériorité de son grand rival. « Je n’ai déjà pas pu suivre l’attaque de Pogacar et quand Mathieu est parti à son tour, je n’avais plus rien dans le réservoir. C’était le plus fort. Bravo à lui », a commenté le Belge.
« Pas de regrets », a aussi souligné Pogacar qui était tombé avant même le coup d’envoi officiel, donné pour la première fois dans la grande banlieue de Milan, à Abbiategrasso, sans dommage pour le Slovène, aperçu hilare au départ réel, alors qu’un fan lui dépoussiérait l’épaule gauche d’une main respectueuse.
AFP