Le contexte est de plus en plus tendu, à la veille d’une journée politique décisive. À Nice, Béthune ou encore Vincennes, les permanences d’hommes et de femmes politiques favorables à la réforme des retraites sont la cible de dégradations ces derniers jours.
La tension monte d’un cran autour de la très controversée réforme des retraites. Les violences à l’égard des personnalités politiques se multiplient ces derniers jours. La vitrine de la permanence niçoise d’Éric Ciotti a par exemple été cassée et la phrase « la motion ou le pavé » a été taguée sur la façade dans la nuit de samedi à dimanche.
Un peu plus tôt, le patron des Républicains – favorable à la réforme des retraites – avait appelé les membres de LR à ne pas voter la motion de censure déposée par l’opposition contre le gouvernement. Une enquête a été ouverte et une plainte pour menaces de mort devrait être déposée, selon l’entourage de l’élu des Alpes-Maritimes.
Prises à partie en série
Et la liste des menaces à l’égard des élus ne fait que s’allonger. L’eurodéputée LR et conseillère de Paris dans le 15e arrondissement Agnès Evren affirmait dimanche sur Twitter qu’elle s’apprêtait à porter plainte, après avoir reçu des menaces de mort, quelques captures d’écran à l’appui.
De la même manière, le député Renaissance Karl Olive a témoigné être venu au studio de RMC dimanche sous protection policière, après des menaces. À l’image de la députée LR de Corrèze Frédérique Meunier, qui affirmait dimanche sur BFMTV être victime de cyberharcèlement.
« On reçoit 200, 300, 400 mails jour et nuit » au sujet de la réforme des retraites, expliquait l’élue sur notre antenne, « surprise » par l’ampleur de la violence prise dans ces débats.
Un pendu a même été dessiné sur la permanence du député Renaissance Guillaume Gouffier Valente à Vincennes dans le Val-de-Marne, ainsi que plusieurs tags dénonçant un « déni de démocratie ». L’élu a annoncé avoir porté plainte.
Plusieurs mairies ciblées
En fin de semaine, une enquête pour « intimidation envers un élu », après des dégradations sur la permanence à Colmar de la députée du Haut-Rhin Brigitte Klinkert, a confirmé la procureure de la République de Colmar Catherine Sorita-Minard à l’AFP. Des inscriptions comme « vous votez contre nous, on s’en souviendra » y ont été apposées, selon le journal L’Alsace.
À Béthune (Pas-de-Calais) vendredi soir, quelques manifestants opposés à la réforme ont également dégradé la vitrine des locaux de la sénatrice centriste Amel Gacquerre, à base d’un tag « Fuck 49.3 » et de post-it sur la façade. Et pour cause, la sénatrice ne fait pas mystère de son avis à propos de la réforme des retraites.
« Ma position de vote est claire et n’a pas changé », a-t-elle réagi après cet acte de vandalisme. « Je pense qu’une réforme des retraites est nécessaire », développe la sénatrice. Toutefois, « est-ce normal de nous inquiéter pour notre propre sécurité ou celle de nos proches parce que nous sommes élus ? », s’interroge Amel Gacquerre.
Mais les permanences ne sont pas les seules à avoir été dégradées. Plusieurs mairies ont également été taguées ces derniers jours: comme celle de Lyon (Rhône) jeudi dernier lors d’une manifestation non déclarée, ou encore l’Hôtel de ville, la gare et la cathédrale d’Amiens (Somme) samedi. Au moins deux personnes ont été interpellées, selon Le Courrier Picard.
Le sénateur Renaissance des Hauts-de-Seine Xavier Iacovelli a lui aussi dénoncé dimanche sur BFMTV « des menaces de plus en plus virulentes » envers les élus favorables au texte.
« J’ai l’habitude mais ça s’est accentué depuis les débats sur la réforme des retraites (…) avec des propos qui sont parfois même antisémites, si je prends l’exemple de mon président de groupe François Patriat » qui a été menacé de mort début mars et insulté à base d’insultes sexistes et antisémites.
Jeudi soir, la cheffe des députés Renaissance Aurore Bergé a demandé au ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin de « mobiliser les services de l’État » pour protéger les parlementaires. Une grande partie de la classe politique a apporté son soutien aux élus visés par ces attaques, à l’image de Bruno Le Maire ou de Valérie Pécresse qui a estimé que « les extrémistes » montraient « leur vrai visage ».
BMFTV