L’Afrique au cœur de la bataille du blé entre Vladimir Poutine et Volodymyr Zelensky

À deux mois de l’éventuelle reconduction de l’accord sur les exportations ukrainiennes de céréales, la Russie et l’Ukraine font assaut de messages ciblés en direction de l’Afrique…

Vladimir Poutine et Volodymyr Zelensky promettent des céréales à qui mieux mieux. La cible de leur affection ? Le continent africain, dont la situation alimentaire de certaines régions fait vibrer la corde sensible de l’opinion internationale. L’Afrique, dont les 55 pays membres de l’Union africaine (UA) représentent plus de 28% des nations dotées d’un droit de vote à l’Organisation des Nations unies (ONU)…

Si l’UA s’était félicitée, en juillet dernier, de l’accord signé entre la Russie et l’Ukraine pour débloquer les exportations de céréales, suite à la visite, à Moscou, de Macky Sall –président en exercice de l’Union– et de Moussa Faki Mahamat –président de sa commission–, le sort de cette convention pourrait être scellé, au-delà du 18 mai. Ni le président russe, ni le chef de l’État ukrainien ne voudraient endosser le rôle de « méchant » de l’histoire, surtout vis-à-vis de ceux que Poutine désigne comme « les plus nécessiteux d’Afrique ».

C’est à l’ouverture de la conférence parlementaire internationale Russie-Afrique, à Moscou ce lundi, que le patron du Kremlin annonçait qu’en cas de non-renouvellement de l’accord sur les exportations ukrainiennes – vraisemblablement de son initiative –, il était prêt « à livrer depuis la Russie gratuitement tout le volume qui était destiné ces derniers temps » aux pays d’Afrique.

Et Poutine d’appliquer sur son discours un vernis idéologique, estimant défendre, comme l’Afrique, « les valeurs morales traditionnelles », affirmant résister à « l’idéologie néocoloniale imposée de l’étranger » et promettant que son pays et le continent africain « façonneront ensemble l’agenda mondial ».

Rivalité dans tous les domaines
Quelques jours plus tôt, c’est dans le cadre d’un programme humanitaire « Grain d’Ukraine » présenté comme une priorité du président ukrainien que le Kenya recevait une cargaison de plusieurs dizaines de milliers de tonnes de blé pour lutter contre la sécheresse. Depuis novembre dernier, l’initiative a permis de livrer plus de 140 000 tonnes de céréales aux pays africains dans le besoin.

Et l’allié américain, par la voix de l’ambassadrice des États-Unis au Kenya, de dénoncer le « blocage des ports ukrainiens par la Russie » et de vanter le caractère vertueux de l’initiative céréalière de la mer Noire. Cette dernière contribuerait à la baisse des prix des denrées alimentaires au niveau mondial, calmerait la volatilité des marchés et sauverait des vies, en atténuant l’insécurité alimentaire.

La rivalité devrait continuer à se déployer, Poutine élargissant déjà les perspectives de coopération accrue aux domaines de l’énergie, de la médecine et de l’éducation. Faites vos jeux… Rien ne va plus… Le ballet de la séduction pourrait ressembler, sous un autre angle, à du chantage.

L’Afrique boit du petit lait, sans ignorer la ligne de crête sur laquelle elle se trouve, chaque pays avec le taux de russophilie de sa rue et chacun avec sa position à confirmer ou non dans les votes de prochaines résolutions onusiennes destinées à condamner l’intervention russe en Ukraine. Prochain sommet Russie-Afrique du 26 au 29 juillet à Saint-Pétersbourg.

jeuneafrique

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