Après avoir observé une baisse fin février début mars, les prix de la volaille ont à nouveau grimpé au Maroc, passant de 16 dh à 19 dh le kilo. Une hausse qui intervient à quelques jours seulement du mois sacré du Ramadan, et qui coïncide également avec une flambée des prix de plusieurs autres produits de première nécessité.
Joint par Hespress Fr à ce sujet, Salah Hafid, Secrétaire général de l’Association Nationale des Producteurs des Viandes de Volailles (APV), membre de la FISA (Fédération Interprofessionnelle du Secteur Avicole au Maroc), nous explique que ce changement fréquent du prix final auquel le citoyen achète, connait plusieurs problèmes.
Parmi ces problèmes, notre interlocuteur cite le prix de vente à la ferme chez l’éleveur, qui est soumis au principe de l’offre et de la demande. « Avant, lorsque la demande était faible par rapport à l’offre, les prix baissaient mais lorsque la demande augmentait par rapport à l’offre, les prix augmentaient« , explique-t-il.
« Depuis début 2022, l’éleveur fait face à la hausse du coût de l’alimentation destinée aux volailles. Aujourd’hui, si on considère que le prix d’achat par le citoyen a atteint les 19 ou 20 dhs/Kg, il faut comprendre que son prix de sortie de ferme est de 15 à 15,30 Dh. Un prix qui permet à peine à l’éleveur de sauver la situation, sans pour autant gagner quoi que ce soit« , explique Salah Hafid, notant que les prix des aliments composés destinés aux volailles ont augmenté de manière successive ( + 60%) en raison de la guerre en Ukraine.
« Malheureusement, lorsque le prix augmente pour le consommateur final, on blâme l’éleveur. Mais ce dernier n’a rien avoir là-dedans. En vendant à 15 dh ou 15,30 dh le kilo à la ferme, il récupère le coût qu’il a dépensé et ne gagne rien. S’il veut faire des bénéfices, il doit vendre à la ferme à plus de 16 dh/Kg« , souligne-t-il.
Par ailleurs, le SG de l’APV a souligné qu’il y a deux autres facteurs qui rentrent en jeu, et qui font que le prix augmente de la ferme vers le consommateur final, à savoir les intermédiaires et les éplucheurs, qui font augmenter les prix entre 3 et 4 dh le kilo.
« Nous avons eu récemment une réunion avec le ministre de l’Agriculture au sujet de la vente directe, qui veut dire que l’éleveur vend directement à la boucherie. On élimine donc l’intermédiaire et l’éplucheur. Mais malheureusement, d’un côté les abattoirs n’ont pas encore atteint le niveau escompté pour attirer les éleveurs pour leur vendre en raison notamment du fait que l’éleveur souhaite encaisser son argent le même jour, alors que les abattoirs, en général, imposent des ordres de paiement allant jusqu’à 3 mois. Ce qui fait que la vente directe est impossible dans les conditions actuelles« , souligne-t-il.
HESPRESS