Les Palestiniens ont célébré, vendredi, dans les rues de Gaza, l’arrêt des combats, après 11 jours d’escalade militaire entre Israël et le Hamas. Mais cette trêve, négociée par l’Égypte, reste fragile : les deux parties ont déclaré qu’elles étaient prêtes à riposter en cas de violation du cessez-le-feu.
Pas d’avions de combat dans le ciel et pas d’alertes à la roquette : le calme est revenu vendredi matin dans la bande de Gaza et en Israël après l’entrée en vigueur d’un cessez-le-feu qui a mis fin à 11 jours d’hostilités sanglantes. Mais le Hamas a prévenu qu’il se tenait toujours « prêt à dégainer ». Le mouvement islamiste a exigé qu’Israël mette fin à la violence à Jérusalem et répare les dégâts causés dans la bande de Gaza.
De son côté, le président américain, Joe Biden, s’est engagé à apporter une aide humanitaire et à la reconstruction à Gaza.
Après l’annonce du cessez-le-feu, les Palestiniens, dont beaucoup avaient passé 11 jours dans la peur des bombardements israéliens, ont afflué dans les rues de Gaza. Les haut-parleurs des mosquées ont salué « la victoire de la résistance sur l’occupation (israélienne). »
Les voitures circulant à l’aube dans le quartier de Cheikh Jarrah à Jérusalem-Est arboraient des drapeaux palestiniens et klaxonnaient, faisant écho aux scènes de célébration à Gaza.
Le Hamas a présenté les combats comme une victoire contre un ennemi militairement et économiquement plus fort. « Il est vrai que la bataille se termine aujourd’hui, mais (le Premier ministre israélien) et le monde entier doivent savoir que nous nous tenons prêts à dégainer et que nous continuerons à accroître nos capacités de résistance », a déclaré Ezzat el Rechiq, membre du bureau politique du Hamas.
Il a déclaré à Reuters que les demandes du mouvement comprennent également la protection de la mosquée Al-Aqsa à Jérusalem et la fin de l’expulsion de plusieurs Palestiniens de leur maison à Jérusalem-Est, ce que Ezzat el Rechiq a décrit comme « une ligne rouge ».
« Ce qui se passera après la bataille de ‘l’épée de Jérusalem’ ne ressemblera pas à ce qui s’est passé avant, car le peuple palestinien a soutenu la résistance et sait que c’est elle qui libérera sa terre et protégera ses lieux saints », a déclaré Ezzat el Rechiq.
Avec ce cessez-le-feu, le Hamas a voulu « sortir la tête haute quoi qu’il arrive » la population vivant dans la bande de Gaza a été prise en otage, explique Armelle Charrier, chroniqueuse internationale pour France 24. « Après avoir stupéfait avec le nombre de roquettes dont il disposait, le Hamas doit se montrer comme le grand vainqueur surtout vis-à-vis de l’opinion palestinienne, du Fatah et de la Cisjordanie », poursuit la journaliste.
Le risque d’une reprise des affrontements
Les motivations d’Israël étaient par ailleurs bien différentes. « Du côté de Benjamin Netanyahu, il y avait la volonté de toucher au Hamas », analyse Armelle Charrier. En bombardant un certain nombre de cibles, de bâtiments et de couloirs souterrains utilisés par le Hamas, « les Israéliens ont obtenu un certain satisfecit ». Outre la mise en œuvre de cette stratégie, « le nombre de morts » grandissant les a poussés à envisager une trêve, ajoute la chroniqueuse.
Vendredi, en Israël, le soulagement était aigre-doux. « C’est bien que le conflit prenne fin, mais malheureusement, je n’ai pas l’impression que nous ayons beaucoup de temps avant la prochaine escalade », a déclaré Eiv Izyaev, un ingénieur de 30 ans de Tel-Aviv.
« Après onze jours d’affrontements, les nerfs sont à vif. La moindre étincelle peut pousser l’un et l’autre [Israël et le Hamas] à vouloir reprendre les hostilités », a expliqué Armelle Charrier. Car « il reste sur le territoire palestinien d’autres endroits qui peuvent à tout moment être réveillés, en Cisjordanie, à Jérusalem-Est », précise-t-elle.
Les analystes considèrent que l’un des principaux objectifs de la campagne du Hamas était de marginaliser Mahmoud Abbas en se présentant comme le gardien des Palestiniens à Jérusalem, dont ils convoitent le secteur oriental.
Mahmoud Abbas, 85 ans, est resté une figure marginale pendant les 11 jours du conflit. Il s’est entretenu avec Joe Biden pendant la crise – quatre mois après l’entrée en fonction de ce dernier – mais son Autorité palestinienne, soutenue par l’Occident, exerce peu d’influence sur Gaza, et il n’a fait aucun commentaire public après l’annonce de la trêve.
L’Égypte comme médiateur
Le Premier ministre palestinien, Mohamed Chtayyeh, nommé par Mahmoud Abbas, a déclaré : « Nous nous félicitons du succès des efforts internationaux menés par l’Égypte pour mettre fin à l’agression israélienne contre notre peuple dans la bande de Gaza », dans un commentaire publié par les médias palestiniens.
Certains Palestiniens ont brandi des drapeaux verts du Hamas à Ramallah, le siège du gouvernement de Mahmoud Abbas. Le Hamas a précédemment exigé que tout arrêt des combats à Gaza soit accompagné d’un retrait israélien de Jérusalem. Un responsable israélien a déclaré à Reuters que la trêve ne comportait aucune condition de ce type.
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Le département d’État américain a déclaré que le secrétaire d’État, Antony Blinken, prévoyait de se rendre au Moyen-Orient, où il rencontrerait des dirigeants israéliens, palestiniens et régionaux pour discuter des efforts de reconstruction.
Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a déclaré que les dirigeants israéliens et palestiniens avaient la responsabilité, au-delà du rétablissement du calme, de s’attaquer aux causes profondes du conflit, a-t-il déclaré aux journalistes.
« Gaza fait partie intégrante du futur État palestinien et aucun effort ne doit être épargné pour parvenir à une véritable réconciliation nationale qui mette fin à la division », a-t-il ajouté.
Source: france24.com