Quel monde vous attend dans 10 ans, avec +1,5 °C de réchauffement ?

Le dernier rapport de synthèse du Giec vient de sortir et alarme sur l’accélération du réchauffement climatique que nous vivons actuellement. Si rien n’est fait, nous aurons atteint les +1,5 °C de réchauffement entre 2030 et 2035. Mais que signifie réellement ce chiffre ? Et quelles seront les conséquences à grande échelle ? On fait le point sur cette synthèse.

Ça y est, le sixième rapport d’évaluation du Giec se termine. Avec, comme pour chaque fin, un rapport de synthèse qui résume les conclusions effectuées ces dernières années. Et le bilan est inquiétant, comme on s’y attendait. Plus que jamais, nous nous approchons des +1,5 °C à grands pas. Au point où cette limite fixée par les Accords de Paris sur le climat sera atteinte dans moins de 10 ans. Mais au-delà de ce triste constat, la synthèse fait état de nombreuses autres conséquences auxquelles il faudra faire face si nous ne diminuons pas drastiquement les émissions de gaz à effet de serre dans le monde.

Parmi les scénarios envisagés par le Giec, il y a tout d’abord le plus optimiste : si des mesures étaient prises à l’échelle mondiale dès aujourd’hui, et que nous réduisions bien les émissions de 50 % d’ici 2030, alors peut-être il serait possible de se limiter à +1,5 °C. Mais le plus probable reste l’inverse : une augmentation de ces émissions, ou une stagnation, menant à +3 °C d’ici 2100. Comme le montre la figure ci-dessous, présente dans le rapport du Giec, les politiques actuelles ne mèneront pas du tout à une diminution (courbes rouges), et pour rester sous les +1,5 °C ou même sous les +2 °C jusqu’en 2100, il faut une réduction drastique dès aujourd’hui.

Ici, les trajectoires d'émissions mondiales de gaz à effet de serre (en haut), puis spécifiquement le CO<sub>2</sub> et le méthane (CH<sub>4</sub>). En bas à droite, les émissions de gaz à effet de serre par secteurs, selon différents scénarios. Dans chacun, l'accent est mis soit sur l'optimisation des ressources (LD), les énergies renouvelables (Ren), ou le développement durable (SP). © Synthesis Report 2 Of The IPCC Sixth Assessment Report (AR6), GIEC 2023

ICI, LES TRAJECTOIRES D’ÉMISSIONS MONDIALES DE GAZ À EFFET DE SERRE (EN HAUT), PUIS SPÉCIFIQUEMENT LE CO2 ET LE MÉTHANE (CH4). EN BAS À DROITE, LES ÉMISSIONS DE GAZ À EFFET DE SERRE PAR SECTEURS, SELON DIFFÉRENTS SCÉNARIOS. DANS CHACUN, L’ACCENT EST MIS SOIT SUR L’OPTIMISATION DES RESSOURCES (LD), LES ÉNERGIES RENOUVELABLES (REN), OU LE DÉVELOPPEMENT DURABLE (SP). 

Des conditions de température et d’humidité qui deviendront invivables

Parmi les expertises du Giec se trouve l’évolution des conditions de vie dans le futur. Notamment, de température et d’humidité. Car le corps humain a sa limite. Et selon le dernier rapport de synthèse, celle-ci pourrait bien être atteinte plusieurs jours par an dans de nombreux endroits du monde. Ainsi, proche de l’équateur, de nombreux pays deviendront inhabitables si l’on atteint entre 2,4 °C et 3 °C de réchauffement, obligeant le déplacement de centaines de millions de réfugiés climatiques. 

Mais ces conditions de température vont aussi modifier les écosystèmes entiers, notamment en rendant certains invivables pour les espèces qu’ils abritent actuellement. Le Giec a ainsi évalué la proportion d’espèces mises en danger par régions du monde, selon les scénarios de réchauffement envisagés. Le pourcentage d’espèces exposées à des conditions de température dangereuses atteint des valeurs élevées dans certaines petites régions dès 1,5 °C de réchauffement, mais c’est à partir de 2 °C que les modifications sont observées partout. Et à partir de 3 °C, ce pourcentage atteint 100 % par endroits. Des espèces seront donc éradiquées, en particulier dans les régions proches de l’équateur.

En haut, le pourcentage d'espèces menacées d'extinction dans le monde en fonction des scénarios. Dessous, en b, le nombre de jours par an dans le monde où les conditions d'humidité-température ne seront pas tenables pour l'être humain. Enfin, en c, les modifications sur la production de nourriture : la production de maïs (en c1), et les modifications de la disponibilité des poissons (en c2). © Synthesis Report 2 Of The IPCC Sixth Assessment report (AR6), Giec 2023

EN HAUT, LE POURCENTAGE D’ESPÈCES MENACÉES D’EXTINCTION DANS LE MONDE EN FONCTION DES SCÉNARIOS. DESSOUS, EN B, LE NOMBRE DE JOURS PAR AN DANS LE MONDE OÙ LES CONDITIONS D’HUMIDITÉ-TEMPÉRATURE NE SERONT PAS TENABLES POUR L’ÊTRE HUMAIN. ENFIN, EN C, LES MODIFICATIONS SUR LA PRODUCTION DE NOURRITURE : LA PRODUCTION DE MAÏS (EN C1), ET LES MODIFICATIONS DE LA DISPONIBILITÉ DES POISSONS (EN C2). 

Et cette augmentation de température affecte tout le vivant, donc va modifier nos apports en nourriture : les récoltes vont diminuer, de même pour la disponibilité des espèces marines, qui vont devoir s’adapter aux températures grimpantes de l’eau et migrer vers des régions plus froides.

Selon votre année de naissance, quel réchauffement vivrez-vous ?

Et si on fait le bilan des conséquences, on retrouve la figure suivante : en rouge, les conséquences néfastes du réchauffement climatique. On remarquera des conséquences sur la santé, comme les maladies infectieuses. En effet les pandémies, notamment liées aux zoonoses, ces maladies qui proviennent des animaux, pourraient bien se multiplier avec le dérèglement climatique. Y sont aussi présents les dommages sur les infrastructures, la disponibilité d’eau et de nourriture, et les changements dans la biodiversité et les écosystèmes.

Ici, on peut voir, en haut, les différents impacts du dérèglement climatique. En bas, le réchauffement qui sera vécu par la personne selon son année de naissance. © Synthesis report 2 Of The IPCC Sixth Assessment Report (AR6), Giec 2023

ICI, ON PEUT VOIR, EN HAUT, LES DIFFÉRENTS IMPACTS DU DÉRÈGLEMENT CLIMATIQUE. EN BAS, LE RÉCHAUFFEMENT QUI SERA VÉCU PAR LA PERSONNE SELON SON ANNÉE DE NAISSANCE.

Le rapport de synthèse se penche aussi sur les plus jeunes d’entre nous, ou plutôt, établit le réchauffement que l’on vivra selon notre année de naissance. La figure c, qui ressemble étrangement aux « warming stripes », illustre bien l’ampleur du réchauffement climatique qui sera vécu selon l’âge de la personne. Ainsi, les enfants nés en 2020 vivront probablement le pire de ce que font nos générations de maintenant, ou plutôt ne font pas. Car l’inaction climatique est menée en partie par des générations qui connaîtront tout au plus de 2 °C à 2,5 °C de réchauffement. Ce sont les jeunes de maintenant qui subiront le pire, et, comme d’habitude, les plus pauvres.

Mais alors, que faire ?

Agir, c’est la seule solution. Mais comment ? Car chaque catégorie se renvoie la balle : gouvernement, entreprise, individus, consommateurs. Du côté de la France, nous ne sommes responsables que de 1 % des émissions de CO2, légèrement plus si on prend en compte la contribution historique. Il est alors facile de se cacher derrière ce faux argument, et de ne penser qu’à petite échelle. Car si l’on comptait l’empreinte carbone de tous les produits que l’on importe pour la consommation, celle des Français serait alors bien plus élevée ! Il existe bien sûr d’autres excuses pour l’inaction climatique, résumées et contredites dans un article de BonPote.

Plusieurs scénarios sont ensuite annoncés : on peut voir celui avec les « opportunities missed », déjà impossible à atteindre, puis ceux visant à limiter le réchauffement à 1,5 °C, et les autres, en jaune, orange, et rouge. Les éclairs représentent des chocs, des événements qui pourraient tout changer très vite, comme une pandémie. D’où la grande quantité de directions finales possibles. Le rapport de synthèse accentue enfin le fait que plus les actions sont mises en place tard, moins elles sont efficaces. 

Ici, la fenêtre d'opportunités, très étroite, et les moyens pour la saisir et avoir un développement résilient au réchauffement climatique. © Synthesis Report 2 Of The IPCC Sixth Assessment Report (AR6), Giec 2023

futura

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