À l’occasion de la Journée mondiale de l’eau, célébrée ce mercredi 22 mars dans le monde entier, l’Unesco et l’ONU-Eau alertent sur les pénuries d’eau qui vont s’aggraver au cours des décennies à venir – en particulier dans les villes – si la coopération internationale dans ce domaine n’est pas renforcée. La dernière édition du Rapport mondial des Nations unies sur la mise en valeur des ressources en eau donne un aperçu des principales tendances concernant l’état, l’utilisation et la gestion de l’eau douce et de l’assainissement, sur la base des travaux des membres et partenaires d’ONU-Eau.
Comme chaque année depuis 1993, le 22 mars on célèbre la Journée mondiale de l’eau. Cette journée met l’accent sur l’importance de l’eau douce et la nécessité pour tous d’y avoir accès. Cette journée a également pour vocation de sensibiliser le public à la situation des personnes qui vivent sans accès à une eau salubre, qui connaissent des pénuries d’eau et qui n’ont pas accès à un système d’assainissement géré de manière sûre. Et ces personnes sont nombreuses, trop nombreuses.
Concrètement, entre deux et trois milliards de personnes dans le monde connaissent des pénuries d’eau. Deux milliards de personnes (soit 26 % de la population) sont privées d’accès à l’eau potable et 4,6 milliards de personnes (46 %) n’ont pas accès à un système d’assainissement géré de manière sûre, selon le rapport publié par l’Unesco au nom d’ONU-Eau.
Si la Journée mondiale de l’eau 2022 avait pour thème les eaux souterraines : « Eaux souterraines : rendre visible l’invisible », celle de 2023 alerte sur un « risque imminent d’une crise mondiale de l’eau ». Aujourd’hui, ces pénuries d’eau concernent entre deux à trois milliards de personnes dans le monde et, si la coopération internationale dans ce domaine n’est pas renforcée, « ces pénuries vont s’aggraver au cours des décennies à venir, en particulier dans les villes » alertent l’Unesco et ONU-Eau dans la dernière édition du Rapport mondial des Nations Unies sur la mise en valeur des ressources en eau.
Pour l’instant, ces pénuries d’eau ne sont pas permanentes mais durent « au moins un mois par an, ce qui fait peser de graves risques sur leurs moyens de subsistance, à travers la sécurité alimentaire et l’accès à l’électricité notamment », précisent les auteurs du rapport.
LE RISQUE IMMINENT D’UNE CRISE MONDIALE DE L’EAU DANS LES DÉCENNIES À VENIR EST BIEN RÉEL.
La population urbaine également concernée par des pénuries d’eau
Ces pénuries ne concernent pas seulement des régions à faible densité de population. La population urbaine mondiale est également confrontée au manque d’eau et devrait doubler, « passant de 930 millions en 2016 à 1,7-2,4 milliards de personnes en 2050 », explique le rapport. Les sécheresses extrêmes et prolongées ont également une incidence croissante sur les écosystèmes et entraînent des conséquences désastreuses pour les espèces végétales et animales. Une situation très surprenante car dans l’absolu, il y a assez d’eau douce sur Terre.
Mais, comme nous explique Philippe Maisongrandre, responsable Cnes du programme Surfaces continentales, « il y a un problème de juxtaposition entre le besoin des populations et la répartition spatio-temporelle de la ressource ». En effet, sur les continents, certaines régions sont affectées par le manque de pluie, l’assèchement massif des sols et la baisse des nappes phréatiques. Dans d’autres régions, les épisodes pluvieux s’intensifient à cause de l’élévation des températures qui renforce le pouvoir précipitant des nuages, ce qui provoque des inondations de plus en plus fréquentes.
Il y a donc une certaine urgence à agir pour remédier à la crise mondiale de l’eau. C’est pourquoi, à l’occasion de cette Journée mondiale de l’eau, les Nations unies appellent à renforcer la coopération internationale en matière d’utilisation et de gestion de l’eau. C’est le seul moyen d’éviter une crise mondiale de l’eau dans les décennies à venir. Un peu partout à travers dans le monde de nombreuses politiques de l’eau durable sont mises en œuvre à l’initiative de l’Unesco, de l’ONU-Eau, d’États ou d’organisations non gouvernementales par exemple.
Mais, avec la mise en service imminente du satellite Swot (Cnes, Nasa), dont les données nous permettront de « mieux comprendre et connaître le cycle de l’eau à l’échelle mondiale pour l’heure mal connu », rappelle Philippe Maisongrandre, cela devrait améliorer les politiques de l’accès à tous à l’eau et à l’assainissement et d’une certaine manière aider à remédier à cette crise mondiale de l’eau annoncée.
Demain, nous mettrons en ligne l’article « Dans un contexte de risque d’une crise mondiale de l’eau, le satellite Swot arrive à point nommé », dans lequel Annick Sylvestre-Baron, responsable Cnes du programme Swot, et Philippe Maisongrandre, responsable Cnes du programme Surfaces Continentales, nous expliqueront plus en détail comment Swot va nous aider à mieux comprendre le cycle de l’eau ainsi que son impact sur le climat, en se focalisant sur l’océanographie, l’hydrologie et le côtier.
FUTURA