Après leur vif rebond en Bourse, les banques de la zone euro plongent. Après le choc Credit suisse, c’est au tour de Deutsche Bank (traditionnellement perçu comme le maillon faible en Europe) d’inquiéter. BNP Paribas et Société générale sont rouge vif.
BNP Paribas et Société générale accusent une chute vertigineuse à la Bourse de Paris, ce vendredi 24 mars vers 15h, dans le sillage de Deutsche Bank, une banque d’importance systémique qui préoccupe depuis de longues années déjà les professionnels de marché, inquiets de son profil jugé fragile. Le n°1 allemand de la banque voit actuellement son coût d’assurance contre le risque de défaut de paiement (CDS, voir graphique ci-dessous) s’envoler de façon vertigineuse.
Depuis longtemps considéré comme un canard boiteux, Deutsche Bank a connu des restructurations et changements de direction à répétition, pour des résultats en demi-teinte. Alors que la stabilité du système bancaire européen inquiète, Deutsche Bank pourrait être “le prochain domino à tomber”, parmi les très grands établissements, jugent de nombreux observateurs. Selon certaines jauges, la probabilité que Deutsche Bank fasse défaut d’ici 2028 est perçue comme supérieure à 25%. Elle ressort à près de 13% pour la Société générale.
Bloomberg Finance
La faillite de la banque SVB aux Etats-Unis, “banque de taille moyenne non soumise aux exigences fortes de solidité financière des banques dites systémiques, a fragilisé le secteur, dans un contexte d’inquiétudes sur l’économie”, relève Federal Finance Gestion. La difficulté du Crédit Suisse à procéder à une recapitalisation puis son rachat dans l’urgence par UBS a par la suite accru le stress du marché. De même, la banque Pacwest a dernièrement décroché en Bourse, sur fond de fonte de ses dépôts. Enfin, les récents propos de la secrétaire d’Etat américaine Janet Yellen, selon lesquels tous les dépôts des banques américaines ne seraient pas garantis par les autorités, ont aussi été mal accueillis.
La BCE a cherché à rassurer les marchés aujourd’hui, en réaffirmant que les banques de la zone euro étaient plus solides qu’en 2008, mieux capitalisées et mieux dotées en liquidités. Christine Lagarde a ajouté qu’elle pourrait apporter des liquidités en abondance si nécessaire et qu’elle disposait d’une boîte à outils bien fournie en cas de choc. Pour l’heure, cependant, les investisseurs en actions continuent à se désengager en masse des actions des banques.
Que dit l’analyse technique ?
Le parcours en Bourse des banques de la zone euro (indice Stoxx Europe 600 Banks – code SX7P) ces derniers jours a été pour le moins chaotique. Les gros gains de la première moitié de la semaine s’apparentent à ce qu’on appelle “un rebond du chat mort (dead cat bounce, c’est-à-dire un sursaut bref et sans lendemain, NDLR)”, relève Robert Haddad, de la Banque SBA. A l’image d’un chat lancé depuis la fenêtre d’un meuble en étage élevé, et qui, après avoir heurté brutalement le sol, rebondira brièvement, même s’il a été tué net sur le coup… Ce phénomène s’apparente à un rebond technique qui s’inscrit dans le cadre d’un mouvement baissier de fond.
Du point de vue de l’analyse technique, l’indice Stoxx Europe 600 Banks teste (à l’heure où ces lignes sont écrites) la moyenne mobile à 200 jours (courbe rouge sur le graphique ci-dessous, qui fait office de support). Une clôture confirmée en clôture de séance sous ce soutien serait de nature à prolonger le mouvement baissier en cours en direction du support de 132,57 (point bas récent) voire de celui de 127,31 (retracement de Fibonacci de 78,6% de la hausse enregistrée entre le point bas d’octobre 2022 et le sommet du premier trimestre 2023), juge Robert Haddad. A contrario, en cas de remontée des cours, l’indice se heurterait à un obstacle vers 151,91.
Momentum, la lettre d’investissement quotidienne de Capital, a émis un message de prudence avec un excellent timing sur BNP Paribas (juste avant le grand plongeon en Bourse des dernières semaines).
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