“Notre analyse nous permet de voir émerger une série de nouvelles villes, d’envergure mondiale, de la culture”, écrivent les géographes David Gogishvili et Martin Müller, deux des universitaires à l’origine d’une étude sur les futurs foyers culturels urbains, consultée par “The Art Newspaper”.
Abou Dhabi, Doha et Shenzhen contre le reste du monde. Selon une étude en cours de l’Université de Lausanne, en Suisse, qu’a pu consulter la revue spécialisée The Art Newspaper, les futures capitales culturelles se trouveront en Asie et au Moyen-Orient.
Les chercheurs se fondent notamment sur des données “concernant l’ouverture de 438 ‘grands’ établissements culturels dans 58 pays entre 1990 et 2019 (pour éviter les anomalies liées à la pandémie de Covid-19).”
Grâce à de grandes ambitions et des poches bien garnies, Shenzhen, Abu Dhabi et Doha figurent parmi les villes qui érigent le plus de nouveaux musées, opéras et théâtres à la pointe de la technologie, susceptibles de rivaliser avec “les capitales culturelles de l’Ancien monde comme New York, Londres et Paris.”
À travers ces diverses infrastructures culturelles, les pays asiatiques et les États du Golfe ont un but commun : “le rayonnement culturel et la normalisation de leurs régimes politiques”.
L’étude révèle également que l’Europe “détenait le record de projets culturels au début des années 1990 – dix sur un total de 24 sur une période de cinq ans”. Mais que l’Asie “a pris une avance décisive depuis le milieu des années 2000. Sur les 150 grands établissements culturels qui ont ouvert de 2015 à 2019, 84 se trouvaient en Asie, contre 32 en Europe et 30 en Amérique du Nord.”
Mais pour The Art Newspaper, il est encore trop tôt “pour assimiler l’explosion de ces investissements à un changement de paradigme dans le monde de la culture.” Premièrement, “il faudra des dizaines d’années avant qu’ils n’atteignent la qualité et la notoriété des musées et des salles de spectacles de villes comme Londres, Rome ou Paris”, selon Adrian Ellis, directeur du cabinet de stratégie culturelle AEA Consulting. Deuxièmement, ces grosses infrastructures vont à l’encontre de la volonté du secteur à rendre l’art plus accessible. Enfin, les problématiques liées au dérèglement climatique sont à prendre en compte lors de la construction de ces “grands temples de la culture.”
Courrier international