Les garde-côtes ont retrouvé 29 corps et « secouru onze migrants illégaux de plusieurs nationalités africaines ». Mais les autorités craignent un bilan plus important, plusieurs embarcations ayant chaviré.
De nombreuses embarcations de fortune surchargées tentent de rejoindre l’Europe depuis la Tunisie, comme ici en juillet 2021. Photo Sipa
Nouveau drame en Méditerranée. Au moins 29 migrants de pays d’Afrique sub-subsaharienne sont morts noyés dans le naufrage de plusieurs embarcations au large de la Tunisie.
Vingt-neuf corps ont été repêchés, ont indiqué les gardes-côtes tunisiens dans un communiqué ce dimanche, ajoutant avoir « secouru onze migrants illégaux de plusieurs nationalités africaines après le naufrage de leurs embarcations » au large de la côte du centre-est de la Tunisie. Le communiqué fait état de trois naufrages distincts. Un chalutier tunisien a récupéré 19 corps après le naufrage d’une embarcation à 58 kilomètres au large.
Une patrouille des garde-côtes a retrouvé huit corps au large de la ville côtière de Mahdia et secouru onze migrants dont l’embarcation qui se dirigeait vers l’Italie a chaviré, tandis que des chalutiers ont récupéré deux autres corps.
« Pression migratoire »
Plusieurs dizaines de migrants sont morts dans une série de naufrages et d’autres sont portés disparus depuis le violent discours, le 21 février, du président Kais Saied sur l’immigration clandestine. Kais Saied avait affirmé que la présence en Tunisie de « hordes » d’immigrés clandestins provenant d’Afrique subsaharienne était source de « violence et de crimes » et relevait d’une « entreprise criminelle » visant à « changer la composition démographique » du pays. Après ce discours, un bon nombre des 21 000 ressortissants d’Afrique subsaharienne recensés officiellement en Tunisie, pour la plupart en situation irrégulière, avaient perdu du jour au lendemain leur travail, généralement informel, et leur logement, du fait de la campagne contre les clandestins.
La plupart des migrants africains arrivent en Tunisie pour tenter ensuite d’immigrer clandestinement par la mer vers l’Europe, certaines portions du littoral tunisien se trouvant à moins de 150 kilomètres de l’île italienne de Lampedusa. La Garde nationale tunisienne fait état régulièrement de l’interception de centaines de migrants au large de la Tunisie à bord de bateaux en route clandestinement vers les côtes italiennes.
Le président Emmanuel Macron et la Première ministre italienne Giorgia Meloni ont appelé vendredi à soutenir la Tunisie, confrontée à une grave crise financière, afin de contenir la « pression migratoire » que ce pays représente pour l’Europe. Rome craint une explosion des flux de migrants vers ses côtes, favorisée par les difficultés économiques et politiques en Tunisie, mais aussi par un temps clément à l’approche de l’été, facilitant les traversées.
La Tunisie négocie depuis plusieurs mois avec le Fonds monétaire international (FMI) un prêt de près de deux milliards de dollars, mais les discussions entre les deux parties semblent faire du surplace depuis un accord de principe annoncé mi-octobre. Le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, a quant à lui averti lundi que la situation en Tunisie était « très dangereuse », évoquant même un risque d’« effondrement » de l’Etat susceptible de « provoquer des flux migratoires vers l’UE et d’entraîner une instabilité dans la région MENA » (Moyen-Orient et Afrique du Nord). Une analyse qualifiée de « disproportionnée » et rejetée par Tunis.
DNA