Alors que le marché des transferts de fonds transfrontaliers s’est beaucoup développé sous l’effet des offres innovantes des fintechs, des néobanques et des opérateurs de téléphonie mobile, les travailleurs émigrés africains adoptent de plus en plus les canaux numériques pour envoyer de l’argent à leurs proches.
60% des Africains installés à l’étranger optent exclusivement pour des canaux numériques pour envoyer des fonds vers leurs pays d’origine, selon un rapport publié le 22 mars par le géant américain des transferts d’argent transfrontaliers Western Union.
Intitulé « Global Money Transfer Index : uncovering consumer expectations of the remittance industry/ The Africa Series », le rapport sur base sur une enquête réalisée auprès de 30 600 consommateurs (expéditeurs de fonds et destinataires) âgés de plus de 18 ans dans vingt pays d’Afrique, du Moyen-Orient et d’Asie-Pacifique.
En Afrique, l’enquête réalisée entre le 31 octobre 2022 et le 10 janvier 2023 auprès de plusieurs milliers de consommateurs couvre les cinq marchés clés de l’industrie des transferts de fonds, en l’occurrence le Nigeria, le Kenya, l’Afrique du Sud, le Maroc et le Sénégal.
Réunis ces pays africains ont reçu plus de 40 milliards de dollars de remises migratoires en 2021, selon les estimations de la Banque mondiale.
La proportion de travailleurs installés à l’étranger qui choisissent les canaux numériques comme moyen exclusif de transferts de fonds aux membres de leurs familles est particulièrement élevée auprès des émigrés sud-africains (64%) et nigérians (63%).
Quelque 84 % des expéditeurs originaires des cinq pays africains étudiés souhaitent d’autre part bénéficier d’un service qui leur permettrait de suivre les fluctuations des taux de change et des cours des devises en temps réel pour mieux planifier les transferts de fonds vers leurs pays d’origine.
Cartes de paiement et portefeuilles électroniques
Du côté des destinataires, 57% affirment qu’ils reçoivent des fonds envoyés par leurs proches émigrés via des canaux numériques. Dans le même temps, 78% de ces destinataires indiquent qu’ils préféreraient que l’argent soit leur envoyé directement sur une carte de paiement ou un portefeuille électronique qui ne nécessite pas l’ouverture d’un compte bancaire, alors que 90% d’entre eux souhaitent avoir la possibilité d’encaisser les fonds dans différentes devises.
L’enquête révèle également que plus de 85% de l’ensemble des consommateurs africains interrogés (expéditeurs et destinataires) sont avides d’applications mobiles « super intégrées » qui leur permettraient de gérer facilement les envois de fonds aux côtés d’autres produits financiers.
Malgré un taux d’adoption déjà élevé des technologies numériques dans le domaine d’envois de fonds sur le continent, une partie non négligeable des consommateurs africains ne font pas cependant totalement confiance aux processus digitalisés. 18% des expéditeurs et 23% des dentinaires doutent en effet de la fiabilité des canaux numériques proposés par les divers opérateurs du marché des transferts transfrontaliers d’argent.
Alors que les populations en Afrique comme ailleurs font face à des vents contraires macroéconomiques, une majorité de consommateurs africains disent recevoir des transferts transfrontaliers d’argent au moins une fois par mois (62 %), et 59 % d’entre eux envoient des fonds au-delà des frontières au même rythme.
L’augmentation du coût de la vie pousse toutefois 81% des destinataires dans les pays africains couverts par l’enquête à demander aux expéditeurs des sommes plus importantes. Dans le même temps, 72% des expéditeurs africains reconnaissent qu’ils doivent transférer plus d’argent à leurs proches, mais assurent que l’augmentation du coût de la vie les empêche de transférer autant qu’avant.
ecofin