Tout va bien, une IA peut maintenant draguer à votre place sur Tinder, et vous décrocher des rendez-vous sans avoir à lever le petit doigt.
L’idée semble tout droit tirée de l’avant-dernier épisode de South Park, et pourtant elle est bien réelle. Face à l’explosion de ChatGPT, et plus généralement de l’intelligence artificielle, la société CupidBot vous propose de draguer à votre place sur les applications de rencontres. Si vous n’arrivez jamais à décrocher un rendez-vous amoureux lorsque vous échangez avec de potentiels partenaires en ligne, la solution semble toute trouvée.
Comment ça marche ?
Si vous êtes prêts à débourser une quinzaine d’euros par mois pour utiliser le service, Cupidbot se chargera ensuite de jouer les entremetteurs. Testé par le New York Post, le service vous demandera dans un premier temps de décrire votre date idéal, puis de sélectionner un profil parmi les sept proposés par l’IA. Il sera ainsi possible d’adapter le ton de réponse du robot en fonction de votre propre personnalité, qu’elle soit “pleine d’esprit“, “nonchalante”, “sympa”, ou même “riche”.
Une fois votre profil défini, l’IA se chargera ensuite de sélectionner des profils “exactement de votre type“, en se basant sur vos matchs antérieurs, mais aussi sur les informations récoltées au préalable. Un match automatique plus tard, le chatbot assurera lui-même la conversation, jusqu’à décrocher un date. Là encore, l’utilisateur n’aura rien à faire, puisque CupidBot jouera aussi les secrétaires, en déterminant lui-même une date et un lieu de rendez-vous, et en ajoutant l’évènement à votre calendrier. Une fois sur place, il ne sera toutefois plus possible de miser sur l’IA, et il faudra se résoudre à faire la conversation tout seul pour parvenir à ses fins.
Et l’éthique dans tout ça ?
C’est bien là tout le problème. Sous ses airs de dystopie futuriste, la solution proposée par CupidBot automatise complètement la démarche de recherche amoureuse, pour la réduire à sa finalité : une potentielle relation sexuelle. En chargeant une IA de matcher puis de faire connaissance à sa place, l’utilisateur place la femme dans une logique de marché, en oubliant complètement la dimension humaine.
Interrogés par Vice, les fondateurs de l’application qui se présentent comme d’anciens employés de Tinder souhaitant rester anonymes, assument à demi-mot l’idée d’une sous-traitance amoureuse. Selon eux, l’objectif derrière le projet serait avant tout de lutter contre les “désavantages auxquels l’homme moyen” est confronté au cours de sa recherche du grand amour. “Nous nous concentrons sur la vie amoureuse des hommes hétérosexuels, car ce sont eux qui souffrent le plus des applications de rencontres. Il faut énormément de temps à l’homme moyen pour trouver ne serait-ce qu’un rendez-vous par mois“, justifie un porte-parole.
Impossible en Europe
L’éthique derrière la création de CupidBot interroge déjà. D’autant plus que si l’idée de déléguer le premier contact amoureux à un robot est déjà moyennement excitante, les femmes derrière leur écran ignorent quant à elles qu’elles conversent avec un robot. Pas de panique promet l’entreprise, qui assure conseiller vivement à ses utilisateurs “d’informer les femmes une fois qu’ils ont obtenu leurs coordonnées“. Nous voilà rassurés, le respect est sauf.
Reste que cette absence de transparence, au-delà de son manque d’éthique et de considération humaine flagrante serait parfaitement illégale en Europe. Le futur règlement lié à l’IA prévoit en effet d’informer obligatoirement un internaute lorsque ce dernier converse avec un robot. Pour le moment, CupiBot est accessible à un panel restreint de clients, prêt à débourser une quinzaine d’euros par mois pour s’épargner la corvée de discuter avec une partenaire potentielle.
Vice