Le botox gastrique est vendu comme une intervention de médecine esthétique simple pour perdre du poids. Mais les patients qui se sont rendues dans des cliniques Turques pour cela ne s’attendaient pas à contracter le botulisme, une infection rare qu’on attrape plutôt en mangeant des aliments contaminés. Que s’est-il passé ?
La Turquie est une destination phare du tourisme médical. De nombreuses cliniques esthétiques accueillent des clients étrangers pour des chirurgies ou des interventions plus légères souvent à des prix inférieurs à ceux pratiqués en France ou en Europe. Parmi toutes les procédures minceurs proposées, il y en a une particulièrement populaire : le botox gastrique.
Sous anesthésie locale, le médecin injecte de la toxine botulique dans l’estomac par endoscopie pour figer ses mouvements musculaires et accélérer l’apparition de la satiété et, à la fin, perdre du poids avec une alimentation équilibrée. L’intervention ne dure qu’une trentaine de minutes et les patients ne restent que quelques heures en observation avant de pouvoir quitter la clinique.
Le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC) met en garde contre une conséquence de plus en plus fréquente du botox gastrique, une infection rare que l’on contracte en mangeant des aliments contaminés par la bactérie Clostridium botulinum. Cette dernière produit naturellement la toxine botulique, un des poisons neurotoxiques les plus puissants connus. En médecine esthétique, cette même toxine est présente à une dose faible qui ne doit pas provoquer de symptômes dans le botox.
Mal réalisé, le botox gastrique peut provoquer les symptômes, plus ou moins sévères, du botulisme. L’ECDC a identifié 63 cas de botulisme iatrogène, c’est-à-dire dus à un acte médical, entre fin février et le 10 mars 2023. Sur ces 63 cas, 60 sont reliés à des cliniques esthétiques privées en Turquie, situées à Istanbul et à Izmir.
Attraper le botulisme en milieu médical
Selon les investigations en cours, les cliniques concernées auraient utilisé du botox qui n’était pas homologué pour une utilisation gastrique. En conséquence, elles ont dû fermer leurs portes. Reste à confirmer si ces produits sont bien responsables des cas de botulisme iatrogène ou s’il s’agit d’erreurs médicales.
Le botulisme iatrogène se manifeste comme le botulisme infectieux : fatigue, faiblesse, difficulté respiratoire, difficulté à avaler, paralysie des nerfs faciaux jusqu’à l’arrêt cardio-respiratoire pour les intoxications les plus graves. Certains patients s’étant rendus en Turquie ont dû être soignés avec un traitement anti-toxine botulique en unité de soins intensifs. La prévalence du botulisme iatrogène n’est pas connue et les cas restaient rares jusqu’à la multiplication des interventions de médecine esthétique avec le botox.
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