L’opposant au président Macky Sall a été condamné à deux mois de prison avec sursis pour « diffamation ». Une peine qui ne l’empêcherait pas de concourir à la présidentielle de 2024.
Un tribunal sénégalais a condamné, jeudi 30 mars, l’opposant Ousmane Sonko à deux mois de prison avec sursis pour diffamation à l’encontre d’un ministre, une peine qui préserve son éligibilité pour la présidentielle de 2024 selon ses avocats.
M. Sonko, 48 ans, devait répondre de « diffamation, injures et faux » contre le ministre du tourisme, Mame Mbaye Niang, au cours de ce procès sous haute tension, dans une capitale quadrillée par les policiers et les gendarmes.
« Avec deux mois avec sursis, Sonko reste éligible », ont déclaré à l’AFP deux de ses avocats, Mes Bamba Cissé et Cheikh Khoureyssi Ba.
Aucune confirmation de cette assertion n’a été obtenue par ailleurs dans un premier temps.
Derrière ce procès en diffamation, c’est en effet la candidature déclarée de M. Sonko à la présidentielle de février 2024 qui est en jeu. Les textes en vigueur prévoient une radiation des listes électorales, et donc une inéligibilité, dans certains cas de condamnation pour diffamation.
L’opposant, arrivé troisième de la présidentielle en 2019, ainsi que ses supporteurs crient à l’instrumentalisation de la justice par le pouvoir en place qui chercherait à l’éliminer politiquement et à dégager la voie pour le sortant Macky Sall.
Outre les deux mois de prison assortis du sursis, le tribunal a condamné M. Sonko, absent à l’audience, à verser 200 millions de francs CFA (300 000 euros) au ministre. Il l’a relaxé des délits d’injures et de faux.
Le ministère public avait réclamé sa condamnation à deux ans de prison, dont un ferme, pour diffamation et faux, et trois mois fermes pour injures.
Les avocats de M. Sonko ont vainement protesté contre le refoulement, mercredi par les autorités sénégalaises à l’aéroport de Dakar, d’un nouveau confrère recruté pour la défense de l’opposant, le Franco-Espagnol Juan Branco.
M. Sonko a annoncé sur les réseaux sociaux qu’un autre de ses conseils, Me Ousseynou Fall, avait été suspendu par l’Ordre des avocats.
« On a bloqué la défense, des avocats qui devaient venir (…) Il est clair que le Sénégal n’est plus un Etat de droit », a déclaré à des journalistes Cheikh Aliou Beye, député du parti de M. Sonko, près du domicile de ce dernier, aux abords verrouillés par un important dispositif policier.
Le Monde