Le Comité international olympique a réaffirmé, mardi, sa volonté de voir ces sportifs reprendre part aux compétitions internationales, renvoyant sa décision pour les Jeux olympiques de Paris 2024 « au moment approprié ».
La ministre des sports et des Jeux olympiques (JO) française, Amélie Oudéa-Castéra, a voulu mettre les choses au clair, jeudi 30 mars : la recommandation répétée mardi, au premier jour de la commission exécutive du Comité international olympique (CIO) à Lausanne (Suisse), de réintégrer dans les compétitions internationales les sportifs russes et biélorusses, « ne préjuge en rien » de ce qui passera aux JO, organisés à Paris en 2024.
« Si les fédérations internationales devaient décider qu’il y avait cette participation d’athlètes individuels, c’est sous un régime strict de neutralité, sans bannière ni drapeau, sans hymne », a-t-elle ainsi insisté en marge d’un déplacement à Rosny-sous-Bois (Seine-Saint-Denis). Les échanges avec ses « homologues des différents pays » se poursuivent, pour déterminer « ce qui peut être fait de mieux ». Et de dire : « Tout ceci est une étape. »
Trois jours plus tôt, le président du CIO, Thomas Bach, avait lui-même appuyé sur le fait que toute décision concernant la participation de représentants des deux pays à la grand-messe estivale serait prise « au moment approprié, à son entière discrétion, et sans être liée par les résultats des épreuves de qualification olympique ».
Première responsable du pays hôte des prochains Jeux à réagir sur ce sujet depuis la prise de parole de l’Allemand, Mme Oudéa-Castéra a rappelé que le président Emmanuel Macron s’exprimerait sur le sujet à l’été. La voix du chef de l’Etat « sera écoutée dans cette réflexion », assure-t-elle, même si « c’est le CIO qui a le dernier mot, c’est le CIO qui fixe la condition de participation des athlètes aussi bien olympiques que paralympiques ».
Les sportifs russes et biélorusses ont été exclus de la plupart des compétitions, sur recommandation de ce même CIO, depuis février 2022 et l’invasion de l’Ukraine par les troupes du Kremlin, avec le concours de Minsk.
Des critères restrictifs
Si l’Ukraine avait semblé se satisfaire, du moins partiellement, de la dernière prise de parole du CIO – Vadym Houttsaït, le ministre des sports et président du Comité national olympique (CNO) ukrainien, se réjouissant sur Facebook que la décision « sur l’intégration des Russes et des Biélorusses aux Jeux olympiques soit reportée » –, la tentative d’apaisement a fait long feu.
Du côté russe, la proposition de l’instance a immédiatement été accueillie avec colère. Le CIO ayant notamment fait valoir que tout retour passerait par des critères restrictifs : les athlètes pourront réintégrer les tournois internationaux après validation des fédérations concernées, uniquement sous bannière neutre, « à titre individuel » et en respectant les réglementations antidopage internationales. Il faut aussi qu’ils n’aient pas soutenu « activement » le conflit en Ukraine et ne soient pas « sous contrat » avec l’armée ou tout organe de sécurité.
Plusieurs soutiens de Kiev, comme la Pologne, les pays baltes ou encore l’Allemagne, ont, eux aussi, peu goûté aux recommandations du CIO : la ministre de l’intérieur allemande dénonçant « une gifle aux sportifs ukrainiens », le vice-ministre des affaires étrangères polonais évoquant « un jour de honte pour le CIO ».
« Il est déplorable de voir que ces gouvernements ne veulent pas respecter la majorité au sein du mouvement olympique, ni l’autonomie du sport », a réagi, jeudi, Thomas Bach. Avant de dénoncer un deux poids deux mesures : il y a quelque « soixante-dix conflits armés en cours dans le monde », a fait valoir l’Allemand, seule la guerre en Ukraine entraîne des pressions politiques sur le monde sportif.
« Il y aura du chaos lors des compétitions »
Le patron du comité d’organisation des Jeux européens, qui auront lieu à Cracovie (Pologne), du 21 juin au 2 juillet, a d’ores et déjà prévenu que les deux pays ne pourraient pas participer à ce rendez-vous qui réunit dix-huit disciplines olympiques. « Sous aucun prétexte et d’aucune manière, les sportifs représentants la Russie et la Biélorussie ne prendront part à nos épreuves », a déclaré Marcin Nowak sur la radio RFM FM.
Si certaines fédérations internationales devaient alors décider que les Jeux européens ne seront pas qualificatifs pour les JO 2024 de Paris, les épreuves dans les disciplines concernées « n’auront simplement pas lieu », a-t-il poursuivi.
Jeudi, la Fédération danoise d’escrime a, de son côté, annoncé qu’elle renonçait à accueillir le Trekanten International, compétition qui devait se tenir à Copenhague les 7 et 8 octobre. « C’est avec le cœur lourd que nous prenons cette décision, mais nous ne pouvons pas soutenir le retour des escrimeurs russes et biélorusses sur les pistes dans les circonstances actuelles », écrit son président, Jan Sylvest Jensen, dans un communiqué transmis à l’Agence France-Presse (AFP). Et ce dernier de mettre en garde : « Nous prévoyons également qu’il y aura du chaos lors des compétitions internationales, car les escrimeurs refuseront probablement d’affronter des escrimeurs russes et biélorusses. »
Le 16 mars, son homologue allemande avait pris une mesure similaire, six jours à peine après que la Fédération internationale d’escrime (FIE) eut voté la réintégration des sportifs des deux pays, la période de qualification pour les Jeux olympiques 2024 de Paris débutant le 3 avril. L’Ukraine a, elle, fait savoir qu’elle boycotterait les compétitions où sont engagés des Russes et des Biélorusses. Plus de trois cents escrimeurs avaient demandé mardi au CIO de faire marche arrière. Sans succès donc.
Hormis la FIE, à ce jour, seule la fédération internationale d’athlétisme s’est officiellement prononcée sur ce dossier. World Athletics avait réaffirmé le 23 mars le maintien de l’exclusion des Russes et Biélorusses dans ses épreuves.
AFP