Dans le contexte de réchauffement climatique, comprendre les mécanismes à la base du recul des calottes glaciaires semble plus que jamais crucial. Des chercheurs nous apprennent aujourd’hui qu’elles peuvent être soumises à des épisodes d’effondrement incroyablement rapide. Ils craignent que cela se produise bientôt en Antarctique.
Sous l’effet du réchauffement climatique, les calottes glaciaires fondent. Tout le monde le sait, maintenant. Mais à quelle vitesse fondent-elles ? À quelle échéance doit-on craindre leur effondrement ? Depuis plusieurs décennies maintenant, les scientifiques se posent ces questions importantes. Parce que l’effondrement des calottes glaciaires aurait en retour des impacts sur le climat, et entraînerait une élévation marquée du niveau de la mer.
Pour affiner leurs idées, des chercheurs de l’université de Newcastle (Royaume-Uni) ont étudié des images haute résolution du fond marin. Plus exactement, les reliefs formés par les mouvements de la calotte glaciaire en fonction des marées. Des mouvements qui poussent les sédiments à se masser sur des crêtes à chaque marée basse. Comme deux crêtes se forment ainsi chaque jour, les chercheurs peuvent calculer, à partir de là, la vitesse à laquelle la calotte glaciaire s’est retirée.
ICI, LES RELIEFS FORMÉS SUR LE FOND MARIN PAR LES MOUVEMENTS DE LA CALOTTE GLACIAIRE SOUS L’EFFET DE LA MARÉE.
Ils ont travaillé sur une région au large de la Norvège. Sur plus de 7 600 crêtes formées par les ondulations glaciaires. Des crêtes de moins de 2,5 mètres de haut, espacées de 25 à 300 mètres environ. Et ils ont déterminé qu’à la fin du dernier épisode glaciaire, il y a quelque 20 000 ans, la calotte glaciaire a subi des « impulsions de retrait » plus rapides que ce qui a été observé jusque-là par satellite. Ou même que ce qui a été déduit à partir de reliefs similaires du côté de l’Antarctique. Une vitesse de l’ordre de 50 à 600 mètres par jour !
CETTE IMAGE DU SATELLITE LANDSAT 8 MONTRE LE FRONT FORTEMENT CREVASSÉ DU GLACIER THWAITES, LE GLACIER DE LA FIN DU MONDE, DANS L’ANTARCTIQUE OCCIDENTAL. LES CHERCHEURS CRAIGNENT QU’IL SOIT PROCHAINEMENT VICTIME D’UN ÉPISODE D’EFFONDREMENT RAPIDE.
Un « avertissement envoyé par le passé »
Les chercheurs présentent aujourd’hui leurs travaux comme « un avertissement envoyé par le passé ». La preuve que les calottes glaciaires sont physiquement capables de se retirer de manière extrêmement rapide. Beaucoup plus que ce qui avait été observé jusqu’ici. Mais seulement sur des périodes courtes. De quelques jours à quelques mois. Ce qui explique que le calcul de taux moyens sur plusieurs années peut masquer le phénomène.
Rappelons que les informations recueillies sur la façon dont les calottes glaciaires se sont comportées au cours des périodes passées de réchauffement climatique sont importantes pour éclairer les simulations qui prévoient les futurs changements, à la fois de la calotte glaciaire et du niveau de la mer. Et cette étude, tout particulièrement, montre à quel point l’acquisition d’images à haute résolution des paysages glaciaires préservés sur le fond marin a de la valeur.
D’autant qu’elle permet d’éclairer le mécanisme par lequel un tel retrait rapide peut se produire. Les chercheurs ont en effet noté que l’ancienne calotte glaciaire s’était retirée le plus rapidement sur les parties les plus plates de son lit. Car une fonte moins importante suffit, dans ces zones, à amincir la glace au point de la décoller du fond. Elle se met alors à flotter et peut se retirer presque instantanément. C’est d’ailleurs ce qui pourrait arriver au glacier Thwaites, du côté de l’Antarctique occidental, le fameux « glacier de la fin du monde ». Celui-ci s’est en effet récemment retiré près d’une telle zone plus plate de son lit. Et les scientifiques estiment que les satellites pourraient bientôt être les témoins d’un événement de recul rapide de la calotte glaciaire dans cette région.
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