L’Iran et l’Arabie saoudite scellent leur réconciliation à Pékin

L’Iran et l’Arabie saoudite ont officialisé jeudi la réouverture de leurs représentations diplomatiques dans un délai de deux mois, lors d’une rencontre à Pékin, après des années de tensions entre les deux puissances du Moyen-Orient.

Les ministres iranien et saoudien des Affaires étrangères se sont rencontrés, jeudi 6 avril, à Pékin pour mettre en œuvre la normalisation des relations entre les deux puissances du Moyen-Orient après des années de tensions.

L’Iranien Hossein Amir-Abdollahian et le Saoudien Fayçal ben Farhane « ont négocié et échangé des opinions en mettant l’accent sur la reprise officielle des relations bilatérales et les mesures à prendre en vue de la réouverture des ambassades et des consulats des deux pays », a indiqué le ministère iranien des Affaires étrangères.

Les deux ministres « ont également discuté de questions bilatérales », a-t-il ajouté.

L’Arabie saoudite et l’Iran ont surpris le monde en annonçant le 10 mars vouloir rétablir leurs relations diplomatiques dans les deux mois, à l’issue de pourparlers menés secrètement en Chine.

La télévision d’Etat chinoise CCTV a salué jeudi « la première rencontre officielle entre les ministres des Affaires étrangères des deux pays en plus de sept ans », une avancée obtenue « sous la médiation active de la Chine ».

Ce rapprochement entre l’Iran et l’Arabie saoudite devrait leur permettre de rouvrir leurs ambassades d’ici la mi-mai, et de mettre en œuvre des accords de coopération économique et de sécurité signés il y a plus de 20 ans.

Il devrait être formellement célébré à l’occasion d’une visite du président iranien, Ebrahim Raïssi, à Riyad, à l’invitation du roi Salmane d’Arabie saoudite, un déplacement prévu après le ramadan, fin avril.

Médiation chinoise
Ce climat de détente pourrait avoir des répercussions sur plusieurs conflits régionaux, notamment en Syrie et au Yémen, où les deux pays soutiennent des camps opposés.

La conclusion de l’accord à Pékin en mars marque l’engagement croissant de la Chine au Moyen-Orient, alors que le pays restait jusque-là perçu comme réticent à s’impliquer dans les dossiers épineux de la région.

L’Iran et l’Arabie saoudite ont ainsi remercié en mars la Chine « pour avoir accueilli et soutenu les discussions » entre eux.

Ils ont également souligné le rôle de médiation joué par l’Irak et le sultanat d’Oman à partir du printemps 2021.

Les États-Unis avaient pour leur part « salué » l’annonce du 10 mars, tout en soulignant qu’il restait « à voir si l’Iran remplirait ses obligations ».

« La Chine étant un solide soutien de l’Iran, l’Arabie saoudite devrait être rassurée sur le fait que l’Iran respectera l’accord », juge Joel Rubin, un ancien sous-secrétaire d’Etat adjoint américain.

La rencontre de jeudi « suggère que le processus n’a pas dérapé depuis l’annonce faite par Pékin le mois dernier », estime Ali Vaez, spécialiste de l’Iran au sein de l’organisation International Crisis Group.

« Mais il est encore trop tôt pour savoir s’il s’agit d’une détente tactique ou d’une étape vers un rapprochement stratégique. »

Bouleversement régional
Pour certains experts, cet accord pourrait représenter un changement de paradigme qui remettrait en question la domination traditionnelle au Moyen-Orient de Washington, ennemi juré de l’Iran.

Allié des États-Unis et autre adversaire de l’Iran, Israël observe avec inquiétude ce rapprochement entre Ryad et Téhéran, qui pourrait affecter les Accords d’Abraham, le processus de normalisation qu’il a lancé avec certains pays arabes.

En parallèle des négociations avec Riyad, Téhéran cherche à renouer les liens avec les autres capitales qui, pour soutenir l’Arabie saoudite, avaient réduit leurs liens diplomatiques depuis 2016.

Ces derniers mois, les Émirats et le Koweït ont ainsi repris leurs relations diplomatiques avec l’Iran. Le processus est engagé avec Bahreïn, et l’Egypte pourrait suivre.

Mardi, Téhéran a nommé un ambassadeur à Abou Dhabi après près de huit années d’absence, alors que les Emirats avaient annoncé en août l’envoi d’un ambassadeur à Téhéran avec la volonté affichée de « renforcer les relations » avec l’Iran.

AFP

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