Maroc : manifestation contre le verdict pour le viol d’une fillette

FILE - In this March 17, 2012 file photo, women hold posters as they protest in support of Amina Filali who committed suicide in March 2012 in front the Moroccan parliament in Rabat, Morocco. Amina Filali took her own life by taking rat poison after being forced to marry the man who allegedly raped her at age 15, and then abused her in marriage. A new poll of 50,000 people across 34 African countries finds attitudes toward women's equality are dimmest in the predominantly Muslim north. The poll by Afrobarometer, conducted between 2011 and 2013, found women in general are at a disadvantage compared to men, but support for women's equality is growing more widespread. Placard reads "Law killed me". (AP Photo/Abdeljalil Bounhar)

À Rabat, au Maroc, plusieurs associations et femmes ont manifesté, mercredi, contre les condamnations de deux ans et de 18 mois de prison, des trois hommes accusés d’avoir violé une fillette de 11 ans.

Plusieurs manifestantes ont dénoncé mercredi à Rabat le verdict jugé laxiste à l’encontre de trois hommes condamnés à deux ans de prison pour avoir violé à plusieurs reprises une fillette de 11 ans, devenue mère à 12 ans des suites de ces agressions sexuelles.

Selon des ONG marocaines de défense des droits des femmes, la mineure, âgée de 11 ans au moment des faits et aujourd’hui âgée de 12 ans, « a subi des viols répétés sous la menace », qui se sont soldés par une grossesse.

Une affaire qui suscite émotion et colère dans le royaume du Maroc.

« Où en sommes-nous ? Nous demandons justice pour cette petite fille, nous demandons que les violeurs reçoivent la peine la plus extrême pour les actes qu’ils ont commis, d’autant plus qu’il s’agissait d’un viol collectif et d’une menace à l’encontre d’une petite fille sans défense, » s’indigne Leila Majdouli, secrétaire générale de l’association Solidarité féminine.

« Nous sommes ici pour dire non à ce genre de peine, au comportement léger adopté envers les violeurs d’enfants, aujourd’hui nous sommes ici pour dire non, aux violeurs, aux (sanctions), il y a des codes qui régissent le viol des enfants, et ils doivent être appliqués tels qu’ils sont, » déclare Amina Khalid, secrétaire générale de l’association INSAF.

L’émoi s’est amplifié avec la publication du jugement dans lequel il apparaît que les accusés ont bénéficié de circonstances atténuantes car en principe « la peine prévue par la loi est lourde par rapport aux faits incriminés », selon le site d’information Medias24.

Les trois hommes, âgés de 25, 32 et 37 ans, qui ont également été condamnés à verser des dommages et intérêts d’un montant total de 50 000 dirhams (4 500 euros), risquaient entre 10 et 20 ans de prison, selon le code pénal marocain.

L’affaire a donné lieu à un bras de fer entre le ministre de la justice, Abdellatif Ouahbi, et le Club des magistrats marocains.

M. Ouahbi s’est dit « choqué » par le jugement, affirmant qu’il « nous interpelle tous, en tant que responsables et acteurs de la société civile, sur les efforts nécessaires qui doivent être renforcés sur le plan législatif, intellectuel, éducatif, pour protéger notre enfance du viol », selon des propos cités par les médias.

Pour sa part, l’association professionnelle des magistrats marocains a estimé que les propos du ministre, « évaluant une décision judiciaire rendue en première instance dans une affaire encore pendante devant la cour d’appel, constitue une atteinte grave à l’indépendance de la justice ».

L’affaire ayant profondément scandalisé l’opinion publique, une pétition condamnant la sentence avait recueilli mercredi plus de 31 000 signatures.

Le procès en appel s’ouvrira jeudi à Rabat.

Au Maroc, les ONG et les médias tirent fréquemment la sonnette d’alarme sur les cas de violence sexuelle à l’encontre des mineurs et appellent à des sanctions plus sévères.

africanews

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