Burkina Faso : 44 civils tués dans l’attaque de deux villages près de la frontière nigérienne

Quarante-quatre civils ont été tués dans deux villages du nord-est du Burkina Faso par des « groupes armés terroristes ». L’attaque s’est déroulée dans la nuit de jeudi à vendredi a indiqué ce samedi 8 avril le gouverneur de la région du Sahel.

« Le bilan provisoire de cette attaque ignoble et barbare » qui a visé les villages de Kourakou et Tondobi, « fait état de 44 civils tués et des blessés », déclare le gouverneur de la région du Sahel, le lieutenant-colonel Rodolphe Sorgho. « 31 ont été tués à Kourakou et 13 à Tondobi » précise-t-il.

Selon un habitant de Kourakou, joint au téléphone par l’AFP, « un grand nombre de terroristes ont fait irruption » dans le village, le en fin de journée.

« Toute la nuit, on a entendu des tirs. C’est le vendredi matin qu’on a vu qu’il y avait plusieurs dizaines de morts », a-t-il ajouté.
Représailles

Selon des habitants, cette localité a été visée en représailles du lynchage quelques jours plus tôt de deux djihadistes qui avaient tenté de voler du bétail.

Il s’agit d’une des attaques les plus meurtrières depuis l’arrivée du capitaine Ibrahim Traoré au pouvoir, lors d’un putsch fin septembre 2022, après celle de Déou, dans l’extrême nord du pays, où 51 soldats ont été tués en février.

Le gouverneur du Sahel a assuré ce 8 avril que « des actions de stabilisation de la localité sont en cours après (une) offensive menée par les forces de défense et de sécurité (FDS) qui a permis de mettre hors d’état de nuire les groupes armés terroristes qui ont perpétré ladite attaque ».

Cette double attaque est survenue dans des localités situées à cinq kilomètres de Seytenga, commune frontalière du Niger, endeuillée en juin 2022 par l’une des attaques les plus meurtrières de l’histoire du Burkina. Revendiquée par l’État islamique au Grand Sahara (EIGS) elle avait fait 86 morts.

Le lieutenant-colonel Sorgho a par ailleurs invité ce 8 avril les populations locales « à faire corps avec les FDS et s’enrôler comme volontaires pour la défense de la patrie (VDP, supplétifs civils) afin de participer à la défense de leurs localités respectives ».

Le Burkina Faso, théâtre de deux coups d’État militaires en 2022, est pris depuis 2015 dans une spirale de violences djihadistes apparues au Mali et au Niger quelques années auparavant et qui s’est étendue au-delà de leurs frontières.

Les violences ont fait depuis sept ans plus de 10.000 morts – civils et militaires – selon des ONG, et quelque deux millions de déplacés.

Un nouveau chef des armées
En février, le capitaine Traoré a fait part de sa « détermination intacte » à combattre les djihadistes, malgré la multiplication des attaques.

Cette attaque intervient à peine une semaine après la nomination d’un nouveau chef des armées, le colonel-major Célestin Simporé. Il a affirmé vouloir accentuer l’offensive pour forcer les djihadistes à « déposer les armes ».

Le colonel Célestin Simporé remplace le colonel-major David Kabré, en poste depuis 2022. Jusque-là chef d’état-major adjoint et Commandant des opérations du théâtre national (COTN), cet officier quinquagénaire est diplômé de l’école militaire de Saint-Cyr en France.

Depuis une récente acquisition de moyens de combats aériens, l’armée diffuse régulièrement des vidéos de frappes sur des colonnes ou des regroupements de djihadistes présumés, assurant que la reconquête et la sécurisation de l’ensemble du territoire sont en cours.

Voulant retrouver leur « souveraineté » dans la lutte face aux djihadistes qui contrôlent quelque 40% du territoire, les autorités du Burkina ont demandé en janvier à la force française Sabre, composée de 400 militaires des forces spéciales, de quitter le pays.

tv5monde

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