Quatennens réintégré dans le groupe LFI, une décision « inacceptable » pour de nombreux alliés Nupes

Le député Adrien Quatennens, suspendu quatre mois après sa condamnation pour violences contre son ex-compagne, a été réintégré mardi dans le groupe LFI à l’Assemblée nationale, une décision jugée « inacceptable » par de nombreux alliés au sein de la Nupes. 

« Il y a eu un vote. La décision est de réintégrer Adrien Quatennens », a indiqué la députée LFI Alma Dufour.

Lors d’un scrutin à bulletins secrets, 47 députés LFI ont voté pour un retour dès jeudi, 15 ont voté contre, deux se sont abstenus.

Mais 53 députés ont considéré, dans un second vote, que « les conditions » de sa réintégration étaient « réunies », seuls six étant contre.

Le retour du député du Nord était conditionné au suivi d’un stage de responsabilisation auprès d’associations féministes.

Plusieurs voix au sein de l’alliance de gauche Nupes plaidaient pour son exclusion définitive.

Cette réintégration est « inacceptable et incompatible avec les valeurs défendues et portées par la Nupes », écrit le PS dans un communiqué. « C’est une faute politique. »

Depuis le déclenchement de l’affaire en septembre, le sujet a cristallisé les tensions au sein même de LFI, notamment après des tweets controversés de Jean-Luc Mélenchon, dont Adrien Quatennens est très proche.

Le tribun avait salué la « dignité » et le « courage » de son protégé, lui redisant sa « confiance » et son « affection ». Il avait ensuite tenté de corriger le tir, affirmant qu' »une gifle est inacceptable dans tous les cas », puis l’avait de nouveau défendu en février: « Foutez-lui la paix », « il a été assez puni ».

Adrien Quatennens a été condamné en décembre à quatre mois de prison avec sursis par le tribunal correctionnel de Lille.

Dans la foulée, il avait été suspendu jusqu’au 13 avril de son groupe et avait effectué son retour à l’Assemblée nationale, mi-janvier, en tant que non-inscrit. 

Un « groupe de travail » paritaire de quatre personnes avait été mandaté au sein de LFI pour évaluer les conditions de son retour.

Adrien Quatennens a précisé être « engagé dans un stage, en cours de finalisation, répondant aux critères attendus », selon un communiqué du groupe.

Peu de députés insoumis se sont exprimés à l’issue du vote. Sur BFMTV, le député Aymeric Caron s’est dit « solidaire » de la décision, soulignant que selon les « valeurs de gauche », une fois la peine purgée, « on ne doit pas frapper quelqu’un du sceau de l’infamie ».

« Il y a eu une discussion. C’est bien un groupe qui discute », a simplement dit le député Alexis Corbière devant la presse.   

Le sujet reste sensible au sein des Insoumis, où plusieurs élus, comme lui, Manon Aubry ou Danielle Simonnet avaient réclamé une close « de revoyure ».

En cause notamment, une interview télévisée d’Adrien Quatennens en décembre, dans laquelle il détaillait les circonstances de la gifle assenée à son épouse et semblait, selon Danielle Simonnet, « inverser le rapport agressée/agresseur ».

Selon le communiqué de LFI, Adrien Quatennens a « affirmé regretter » ces « expressions médiatiques », et « reconnaît que certains de ses propos ont eu pour effet, sans qu’il n’en ait eu l’intention, de relativiser la gravité des faits ».

– « Honte » –

La décision est critiquée par plusieurs partenaires de la Nupes.  

Chez les socialistes, la maire de Paris Anne Hidalgo, opposante interne au Premier secrétaire Olivier Faure, a dénoncé « la honte » d’une telle décision, tout comme le premier secrétaire délégué Nicolas Mayer-Rossignol. 

Le patron des communistes Fabien Roussel, déjà en froid avec LFI, a dit ne pas vouloir « se mêler des affaires des autres », comme il l’a demandé à LFI lors de son congrès ce week-end.

Chez les écologistes, la cheffe des députés Cyrielle Chatelain a jugé qu’Adrien Quatennens ne pouvait « pas revenir au cœur de l’intergroupe » Nupes.

Plusieurs élues écologistes avaient d’ailleurs quitté l’hémicycle en février lors de la première prise de parole du député depuis sa condamnation.

Son intervention avait également suscité huées et claquements de pupitre dans les rangs de la majorité. 

La cheffe de file des députés Renaissance Aurore Bergé a d’ailleurs tenté, en vain, en mars de faire voter un texte pour imposer une peine d’inéligibilité à davantage d’auteurs de violences, notamment conjugales.

Après l’annonce de la réintégration d’Adrien Quatennens, elle a invité la gauche à « se regarder dans une glace après ça ». 

La ministre chargée de l’égalité femmes/hommes Isabelle Rome a posé la question de la démission d’Adrien Quatennens, qui serait « un signal pour toutes les femmes ».

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