Hervé Renard chez les Bleues : « la pression » et le devoir « d’être au rendez-vous » au Mondial

Après sa victoire en match amical contre la Colombie vendredi, l’équipe de France affronte mardi les championnes olympiques en titre canadiennes. Un mois et demi après la fronde, les Bleues semblent conquises par les méthodes de leur nouveau sélectionneur Hervé Renard. France 24 a rencontré les Bleues et le staff à l’aube de cette nouvelle ère.

« On a réclamé de nouvelles choses, un nouveau staff […] Ce sont les résultats qui vont compter. » Vice-capitaine des Bleues depuis la nomination d’Hervé Renard, Grace Geyoro sait que l’équipe de France est désormais attendue au tournant : après avoir fait partie de la fronde ayant provoqué le départ de Corinne Diacre, elle a conscience que ses coéquipières n’ont plus d’excuses en vue de la Coupe du monde en Australie et en Nouvelle-Zélande, du 20 juillet au 20 août prochain.

« Maintenant, c’est à nous de jouer pour la Coupe du monde. Nous sommes très reconnaissantes, à la fédé, pour le staff mis en place. Ils nous ont écoutées, il y a eu des échanges… Cela ne peut être que positif pour la suite », ajoute la milieu de terrain du PSG.

Être prêtes à la Coupe du monde

L’équipe de France a pourtant frôlé la correctionnelle pour son premier rendez-vous sous la houlette d’Hervé Renard. Menées 2 à 0, les Bleues ont cru à la catastrophe face à une équipe de Colombie abordable sur le papier, mais les joueuses ont su renverser la vapeur pour l’emporter 5 à 2.

« L’objectif, c’est d’être prêtes à la Coupe du monde », a rappelé la capitaine Wendie Renard –aucun lien de parenté avec le sélectionneur– à l’issue de ce match. « On a une grosse marge de progression, collectivement et individuellement. Mais on sent un groupe concentré, à l’écoute, qui a envie de faire les choses ensemble. »

En interne, les Bleues sont dithyrambiques sur leur nouveau sélectionneur Hervé Renard, double champion d’Afrique avec la Zambie et la Côte d’ivoire, et sa méthode faite d’écoute, de proximité mais aussi de rigueur.

« Ce qui m’a marqué, c’est sa franchise. Il nous a dit clairement qu’il était fier et heureux d’être là. Il veut donner le maximum pour qu’on aille décrocher notre premier titre mais que ça va passer par plusieurs étapes et beaucoup de travail », raconte Grace Geyoro. « Ce sont des mots forts mais tout le monde est déterminé, que ce soit côté staff ou joueuses. »

Avec son staff étoffé, Hervé Renard a mis immédiatement ses joueuses au travail et se montre ambitieux. Les joueuses sont pour le moment unanimes sur la montée en professionnalisme de leurs séances et aucune tête ne dépasse. L’union sacrée, si chère au sélectionneur français, est de mise.

Un retour d’Eugénie le Sommer

Mais sa méthode consiste aussi à passer de la pommade sur les cicatrices du passé. Renard n’oublie pas qu’il est arrivé dans un contexte lourd, de fronde des joueuses face à sa prédécesseure. Il a fait le choix de s’en démarquer, rappelant les frondeuses, mais aussi les bannies de l’ère Diacre, à commencer par Eugenie Le Sommer.

« Quand on sait marquer des buts, on sait le faire toute sa carrière », a énoncé comme une évidence le sélectionneur. Il attend également beaucoup d’elle comme leader en dehors des terrains en la nommant vice-capitaine.

Eugénie Le Sommer n’a pas tardé à montrer toute sa reconnaissance à Hervé Renard. Titularisée, elle a marqué deux buts en quatre minutes pour égaliser, puis offrir un but d’avance aux Bleues, menées 2–0 contre la Colombie. Le tout ostensiblement célébré de manière complice avec son sélectionneur.

« Je lui dois ma présence ici. C’est lui qui m’a fait revenir. Je lui devais de renvoyer la balle. C’est un geste pour dire merci pour la confiance. J’étais contente aussi pour lui car c’était sa première », a déclaré la meilleure buteuse de l’histoire des Bleus – hommes et femmes confondus –, émue de ce retour. « C’est beaucoup de bonheur. Cela a été deux années difficiles. Sur le moment, j’ai juste pensé à ce but qui me délivre un peu. Ce n’est pas une revanche, j’ai juste montré mes qualités. »

Une dynamique à entretenir et des places à prendre

Pour entretenir la nouvelle dynamique, une victoire de prestige contre le Canada de la légende Christine Sinclair (39 ans), détentrice du record mondial de buts en sélection (190) – et engagée, comme ses coéquipières, dans un bras de fer avec sa fédération pour l’égalité financière entre les sélections masculine et féminine – serait le meilleur combustible pour les Bleues de Renard.

Le sélectionneur ne cache pas ses exigences : « On ne pourra pas se comporter défensivement comme ça contre certaines des meilleures équipes mondiales », a alerté l’ancien sélectionneur de l’Arabie saoudite.

Pour autant, l’attaquante Viviane Asseyi n’estime pas qu’il y ait un supplément de pression à l’arrivée du nouveau sélectionneur. « La pression, elle a toujours été là. On reste l’équipe de France, avec des talents depuis des générations. On doit faire de grands choses. »

À l’image de Viviane Asseyi, pour le groupe des appelées, l’enjeu sera également de sécuriser une place de titulaire. Une fois le match contre le Canada passé, il ne restera que deux matches amicaux début juillet pour se garantir une place à la Coupe du monde.

france24

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