Hépatite A : reconnaître et soigner cette maladie du foie

L’hépatite A est une maladie inflammatoire du foie très contagieuse transmise principalement par les aliments, l’eau souillée par des matières fécales et les rapports sexuels oro-anaux. Explications avec le docteur Maxime Jean, infectiologue à l’Agence Régionale de Santé de Mayotte.

Définition : qu’est-ce que l’hépatite A ?

L’hépatite A est une maladie inflammatoire du foie très contagieuse. Les lésions du foie provoquées par l’hépatite A sont transitoires et disparaissent spontanément sans traitement. 

La maladie est liée à la contamination par le virus de l’hépatite A ou VHA. La maladie se transmet par l’ingestion de matières fécales  contaminées  : indirectement par les aliments, l’eau souillée ou directement par des matières fécales et les rapports sexuels bucco-anaux.

« L’hépatite A est une affection aiguë qui peut être asymptomatique ou impliquer des manifestations désagréables (nausées, douleurs abdominales, état grippal, jaunisse…). L’hépatite A n’évolue jamais vers une forme chronique et les décès sont exceptionnels », d’après le docteur Maxime Jean, infectiologue. 

Il existe un vaccin contre l’ hépatite A. La maladie est immunisante :  lorsqu’on a eu une fois l’hépatite A, on ne peut pas la contracter à nouveau.

VHA : qu’est-ce que le virus de l’hépatite A ?

Le virus de l’hépatite A (VHA) est un petit virus à ARN du genre des hépatovirus. L’Homme est le seul réservoir du VHA. Ce virus est excrété dans les selles et transmis par voie féco-orale, le plus souvent par l’eau contaminée. Le VHA n’est pas directement pathologique contre les cellules du foie : les lésions histologiques semblent être dues à la réponse immunitaire cellulaire vis-à-vis des hépatocytes infectés.

Pendant la maladie, la présence du VHA, de son ARN ou de ses antigènes peut être mise en évidence dans le sang ou les selles. La présence du virus dans le sang est faible et brève, des particules virales sont éliminées dans les selles pendant une dizaine de jours.

Il n’existe pas d’infection chronique par le VHA. Les formes fulminantes sont exceptionnelles. Un vaccin inactivé protège contre le VHA.

Comment se transmet l’hépatite A ?

Le virus de l’hépatite A (VHA) est présent dans le tube digestif et dans les selles de la personne malade. Une personne malade est contagieuse 2 semaines avant l’apparition des symptômes et quelques jours après la disparition de la jaunisse (seconde phase symptomatique de la maladie). 

La transmission du VHA se fait :

  • par contact direct : contact avec des mains contaminées, par des rapports sexuels bucco-anaux, de personne à personne (notamment chez les enfants, les alcooliques et les toxicomanes) ;
  • de façon indirecte par des eaux, des aliments ou des objets contaminés. Il est préférable d’éviter de boire des eaux non traitées comme celles des fleuves, rivières, puits… Les aliments crus présentent aussi des risques. Les enfants qui portent des objets à la bouche sont exposés.

Hépatite A : quelles régions sont à risque ?

Les zones à taux élevé d’hépatite A, correspondent à des pays dans lesquels les conditions sanitaires sont mauvaises et dans ce cas, la plupart des enfants ont eu une hépatite A avant l’âge de 10 ans.

En France, la maladie est donc peu répandue. Toutefois, en 2017 on observe une épidémie européenne d’hépatite A avec 3391 cas déclarés en France. Cette épidémie a affecté principalement les hommes ayant des relations sexuelles avec un ou d’autre(s) homme(s). En 2018, 1.525 cas d’hépatite aiguë A ont été déclarés en France. Cette diminution par rapport à l’année 2017 est liée à la fin de l’épidémie (source 1). 

Quelles sont les personnes à risque d’hépatite A ?

Dans les pays à revenu élevé où les conditions sanitaires et d’hygiène sont bonnes, les taux d’infection sont bas. La maladie peut survenir chez des adolescents et des adultes appartenant à des groupes à haut risque, comme : 

  • _les usagers de drogues injectables ;
  • _les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes (HSH) ;
  • _les voyageurs se rendant dans des zones de forte endémicité ;
  • _les membres de populations isolées (communautés religieuses fermées, par exemple) ;
  • _les sans-abri…

Les enfants sont aussi exposés à la maladie en raison de la promiscuité dans les écoles et les crèches mais aussi par certains de leurs gestes non hygiéniques (port d’objets à la bouche, lavage de mains non systématique…). 

Quels sont les symptômes de l’hépatite A ?

L’incubation peut aller de deux semaines à plus d’un mois. 

Une maladie qui passe parfois inaperçue

L’hépatite A est souvent asymptomatique, notamment chez l’enfant de moins de 6 ans. Les manifestations sont plus marquées chez l’enfant plus âgé, l’adolescent et l’adulte mais là encore, il arrive que le patient ne ressente aucun signe clinique. 

Les symptômes de l’hépatite A

L’hépatite A évolue en deux phases 

– Une phase dite « pré-ictérique » qui précède l’apparition de la jaunisse (ictère) et qui peut durer jusqu’à 3 semaines. Dans ce cas, le patient présente : 

  • _une fatigue ;
  • _une perte d’appétit ;
  • _des nausées ;
  • _des douleurs abdominales ; 
  • _un syndrome grippal (fièvre, courbatures…) ;
  • _des douleurs articulaires ; 
  • _de l’urticaire. 

Parfois ce premier épisode est suivi d’une phase ictérique avec l’apparition d’une jaunisse. 

Exceptionnellement, lors d’une hépatite sévère, des signes d’insuffisance hépatique existent comme des anomalies de la coagulation ou des troubles de la conscience. 

Comment évolue l’hépatite A ?

La réponse du docteur Maxime Jean, infectiologue :

L’hépatite A guérit en quelques semaines sans traitement. La maladie n’évolue jamais vers une forme chronique. Sa guérison induit une immunité à vie (une deuxième infection par le virus VHA est impossible). Les décès sont exceptionnels. Cependant, il existe des formes sévères notamment chez des patients qui présentaient des lésions hépatiques (comme une fibrose voire une cirrhose du foie) avant la contamination. 

Comment peut-on prévenir l’hépatite A ?La prévention de l’hépatite A repose sur l’assainissement de l’environnement, le respect des mesures d’hygiène personnelle et collective, en particulier l’hygiène des mains, et la vaccination.

L’assainissement comprend l’installation du tout-à-l’égout, de l’eau courante et potable au robinet, le contrôle des eaux de boissons ou de baignade, la surveillance des aliments consommés crus, etc.

La transmission interhumaine de l’hépatite A peut être prévenue en respectant quelques simples règles d’hygiène comme se laver les mains après être allé aux toilettes, après avoir changé la couche d’un bébé, avant de préparer les repas, avant de manger et de donner à manger aux enfants, etc. Les personnes infectées par le virus de l’hépatite A doivent respecter scrupuleusement ces règles d’hygiène, afin de ne pas contaminer leur entourage..

La vaccination contre l’hépatite A est particulièrement efficace et bien tolérée. Elle confère une protection pendant une durée de 10 à 20 ans. La vaccination peut être pratiquée à partir de l’âge de 1 an. La vaccination consiste en une injection intramusculaire suivie d’un rappel entre six mois et un an après cette première injection. Cette dose de rappel confère une immunité à vie.

« Il est recommandé aux voyageurs se rendant dans des pays à faible niveau d’hygiène ou en région endémique de consommer uniquement des fruits et légumes cuits (pas de crudités par exemple) et de ne pas boire d’eau susceptible d’être contaminée (consommer de l’eau en bouteille) », d’après l’infectiologue.

Les coquillages insuffisamment cuits sont également susceptibles de transmettre le virus de l’hépatite A.

Pour qui est recommandée la vaccination contre l’hépatite A ?

La vaccination contre l’hépatite A est recommandée chez  :

_les jeunes accueillis dans les établissements et services pour l’enfance et la jeunesse handicapées ;

_les patients atteints de mucoviscidose et/ou de pathologie hépatobiliaire chronique susceptibles d’évoluer vers une hépatopathie (maladie du foie) chronique (notamment dues au virus de l’hépatite B, de l’hépatite C ou à une consommation excessive d’alcool) ;

_les enfants, à partir de l’âge de un an, nés de familles dont l’un des membres (au moins) est originaire d’un pays de haute endémicité et qui sont susceptibles d’y séjourner ;

_les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (HSH).

Comment est établi le diagnostic de l’hépatite A ?

En présence de symptômes évocateurs et de facteurs de risque d’hépatite A, le médecin peut prescrire des examens sanguins. Ces analyses comprennent : 

la recherche d’anticorps contre le virus de l’hépatite A ( IgM anti VHA) ;

  • des dosages permettant de mesurer l’atteinte du foie par le virus (transaminases, bilirubine…)

Comment traiter une hépatite A ?

Il n’existe pas de traitement de l’hépatite A et peu de médicaments contre ses symptômes.

Le médecin recommande d’attendre la guérison en respectant certaines règles comme l’éviction des médicaments hépatocytotoxiques (ou une surveillance accrue en cas de traitements contre-indiqués en cas d’hépatite A) : par exemple, la consommation de paracétamol doit être extrêmement prudente voire contre-indiquée, même en cas de fièvre ou douleurs. L’interdiction de toute consommation d’alcool et une optimisation de l’hygiène de vie (repos, évitement du stress, alimentation saine et équilibrée, activité physique régulière etc.) sont aussi préconisées. 

La vaccination des proches et des partenaires sexuels contre l’hépatite A peut être recommandée. L’hépatite A étant une maladie à déclaration obligatoire, une enquête autour des cas positifs par les services de l’ARS identifiera les contacts à risque et les orientera au centre de vaccination le plus porche.

Une surveillance biologique par semaine est généralement nécessaire si les transaminases et la bilirubine sont augmentées. 

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