Une euphorie retrouvée, deux victoires prometteuses, une équipe qui se dessine et une ambition assumée pour le développement de la discipline : le premier rassemblement du sélectionneur Hervé Renard a constitué un virage à 180 degrés pour l’équipe de France, à trois mois de la Coupe du monde féminine.
La scène a lieu dans les couloirs du stade du Mans, mardi soir après la prometteuse victoire contre le Canada (2-1), et elle veut dire beaucoup sur l’atmosphère qui règne au sein de la sélection. Hervé Renard salue tour à tour ses joueuses qui repartent pour certaines en famille ou dans leurs clubs… Les accolades sont franches, les « au-revoir » semblent sincères. Kenza Dali et Selma Bacha osent même quelques moqueries sur la tenue vestimentaire de leur nouveau sélectionneur, tout de blanc vêtu.
« Ça chambre ! » s’amuse l’entraîneur français, d’humeur taquine au moment de donner rendez-vous à ses joueuses dans les stades de première division, qu’il compte bien écumer. Après la crise inédite qui a conduit au départ de l’ancienne sélectionneuse Corinne Diacre, début mars, ces moments sont précieux dans l’optique de la Coupe du monde en Australie et en Nouvelle-Zélande (20 juillet-20 août). « On se sent bien et ça se voit », confirme Grace Geyoro, pièce-maîtresse au milieu de terrain. « Ce stage nous a fait énormément de bien, on repart avec le sourire. En dehors du terrain, on a cette complicité avec lui ».
Des promesses dans le jeu
L’euphorie s’est prolongée sur la pelouse, avec deux matches amicaux remportés, les derniers avant le début de la préparation pour le Mondial, en juin. La réaction contre la Colombie vendredi pour renverser un début de rencontre inquiétant (0-2 après 50 minutes, 5-2 à la fin) avait déjà montré les ressources de ces Bleues.
Le succès cohérent mardi contre le Canada (2-1), champion olympique en titre, a confirmé cette impression. « C’était neuf jours fantastiques. Quand vous avez des joueuses disciplinées, attentives, très rigoureuses dans le travail, ça n’est que du bonheur pour un entraîneur », s’est enthousiasmé l’ancien boss de l’Arabie saoudite.
Des certitudes avant la liste
Hervé Renard a pu passer en revue 28 joueuses sur les terrains d’entraînement, et 20 ont eu du temps de jeu. « La concurrence va être rude. La liste des 23 ne sera pas facile » à bâtir, a reconnu l’entraîneur de 54 ans. Le sélectionneur a un peu moins de deux mois pour affiner sa sélection: son annonce de liste est programmée autour du 6 juin, avant un début de préparation deux semaines plus tard. Il a promis une première liste très élargie.
Les contours sont déjà clairs, avec notamment le retour réussi d’Eugénie Le Sommer en attaque après deux ans d’absence. Renard compte aussi sur Kadidiatou Diani, actuellement blessée, et il espère un retour de Marie-Antoinette Katoto et Griedge Mbock, en rééducation depuis plusieurs mois. Il ne fait pas mystère non plus de son intention de rappeler Amandine Henry, ex-capitaine écartée sous Corinne Diacre.
Renard, VRP du foot féminin
À rebours de Diacre, qui n’a jamais voulu se saisir du dossier, Hervé Renard a pris le développement de la discipline en France à bras le corps. Fin communicant, le coach a multiplié les appels aux diffuseurs pour qu’ils achètent les droits audiovisuels -ceux du Mondial ne sont toujours pas attribués dans le pays. « On a besoin de vous », a-t-il lancé à plusieurs reprises aux médias, alors que la Fédération prévoit d’annoncer jeudi le lancement d’un appel d’offres pour la saison prochaine en D1 et pour les Bleues.
L’entraîneur a également regretté que le stade ne soit pas plein au Mans (14.200 spectateurs sur 25.000 places), et épinglé la programmation un soir de Ligue des champions masculine. « C’est à nous de faire en sorte que les gens s’intéressent de plus en plus », a-t-il insisté, évoquant les « turbulences » récentes (affaire Hamraoui-Diallo, crise autour de Diacre). « Il faut que notre image soit parfaite pour faire grandir ce football féminin comme il grandit en Angleterre ou en Allemagne ».
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