L’Italie décrète l’état d’urgence migratoire pour faire face à l’afflux de migrants

Rome a décrété mardi l’état d’urgence dans le pays pour six mois afin de faire face au récent afflux de migrants sur les côtes italiennes. La mesure permet de débloquer un fonds de cinq millions d’euros pour augmenter les capacités des centres d’accueil et en créer de nouveaux.

« C’est un flux de migrants qui ne semble pas s’arrêter », commente Natalia Mendoza, correspondante de France 24 à Rome. Submergée par une arrivée massive de migrants sans précédent, l’Italie a décrété mardi 11 avril, l’état d’urgence migratoire pour une durée de six mois. Une décision qui fait suite au débarquement en Italie de plus de 3 000 clandestins au cours des trois derniers jours via la mer Méditerranée. 

Cette mesure d’urgence, qui vise à accélérer la réponse de l’État aux flux migratoires, sera appliquée sur l’ensemble du territoire national. L’état d’urgence comprend aussi le déblocage de cinq millions d’euros pour les régions du sud du pays les plus concernées par les arrivées massives, a indiqué le cabinet de la Première ministre italienne Giorgia Meloni. D’après l’agence de presse Ansa, l’état d’urgence devrait, entre autres, faciliter la mise en place de nouveaux centres d’accueil. 

Un premier trimestre 2023 meurtrier  

Le premier trimestre de l’année 2023, entre janvier et mars, a été le plus meurtrier pour les migrants traversant la Méditerranée depuis 2017 avec 441 vies perdues en tentant d’atteindre l’Europe, a déclaré l’ONU mercredi.  

L’Organisation internationale pour les Migrations des Nations unies (OIM) a estimé que ce chiffre de 441 décès entre janvier et mars 2023 est en deçà de la réalité. « Avec plus de 20 000 décès enregistrés sur cette route depuis 2014, je crains que ces décès aient été normalisés », a-t-il averti, ajoutant que « les retards et les lacunes dans les opérations de recherche et de sauvetage menées par les États coûtent des vies humaines ».  

« Pendant le week-end de Pâques, 3 000 migrants ont atteint l’Italie, ce qui porte le nombre total d’arrivées depuis le début de l’année à 31 192 personnes », a déclaré l’OIM.  

L’OIM a précisé que les retards dans les opérations de recherche et de sauvetage (SAR) ont été un facteur déterminant dans au moins six incidents depuis le début de l’année, entraînant la mort d’au moins 127 personnes sur les 441 autres.   

« L’absence totale de réponse au cours d’une septième opération de sauvetage a coûté la vie à au moins 73 migrants » toujours inclus dans ce même décompte, a déclaré l’OIM dans un communiqué, ajoutant que les efforts de recherche et de sauvetage des organisations non gouvernementales ont nettement diminué au cours des derniers mois.  

Une crise humanitaire « intolérable »

« La crise humanitaire persistante en Méditerranée centrale est intolérable », a estimé le chef de l’OIM Antonio Vitorino.  

Le projet « Migrants disparus » de l’agence des Nations unies enquête aussi sur plusieurs cas de bateaux portés disparus, où il n’y a aucune trace de survivants, de débris et où aucune opération de recherche et de sauvetage n’a été menée.  

Quelque 300 personnes à bord de ces bateaux sont toujours portées disparues, a indiqué l’organisation. « Sauver des vies en mer est une obligation légale pour les États », a souligné M. Vitorino.  

« Nous avons besoin d’une coordination proactive des États dans les efforts de recherche et de sauvetage, a-t-il ajouté. Guidés par l’esprit de partage des responsabilités et de solidarité, nous appelons les États à travailler ensemble et à s’efforcer de réduire les pertes en vies humaines le long des routes migratoires ».  

AFP

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