Méditerranée : depuis le début de l’année, plus de 4 000 migrants ont déjà été interceptés par les Libyens

Plus de 4 200 personnes ont été « secourues ou interceptées » par les autorités libyennes, selon le HCR, lors du premier trimestre 2023.

Selon le dernier rapport d’activité du Haut-commissariat pour les réfugiés, durant le premier trimestre 2023, les autorités libyennes ont intercepté plus de 4 200 personnes tentant de rejoindre l’Europe via la traversée de la Méditerranée. Une route dangereuse pour les migrants. Depuis 2014, plus de 24 000 personnes sont mortes ou portées disparues sur cette route migratoire.

Et ce bilan intervient alors qu’en mars, le Conseil européen a renouvelé pour deux ans son soutien financier et matériel aux autorités libyennes. Dans le cadre de cet accord, l’Union européenne forme les garde-côtes libyens et leur fournit des navires dans le but d’empêcher les migrants de rejoindre l’Europe. Un accord régulièrement critiqué.

Abus sexuels et esclavage
Lorsque les migrants sont interceptés en Méditerranée, ils sont transférés dans des prisons du pays, où les atteintes au droit y sont légion. Dans ces centres, les migrants sont victimes de tortures, de violences sexuelles, d’extorsion de fond ou encore de travail forcé.

À la date du 9 avril, le HCR estime que 4 261 personnes y étaient enfermées. L’organisation s’inquiète par ailleurs du sort de 30 migrants qui se sont échappés du centre de détention d’Al-Sarraj, à Tripoli.

Depuis des années, InfoMigrants recueille régulièrement des témoignages de personnes faisant état de violences dans ces structures. Alpha, un Guinéen, avait confié en 2019 à la rédaction que des gardiens lui avaient tiré sur ses pieds alors qu’il tentait de s’échapper du centre de détention.

Les femmes sont quant à elles la cible de viols répétés. « Tous les jours, les gardiens viennent chercher des femmes dans les cellules, et les emmènent à l’extérieur. Ils nous violent devant les autres hommes. On les entend rire et se moquer en arabe, car ils savent qu’après ce sera leur tour de nous passer dessus », nous expliquait quelques mois plus tard Aminata, une Ivoirienne, dont le dernier enfant est le fruit d’une agression sexuelle commise dans une prison libyenne.

Outre les détentions et les rapatriements, le HCR a également publié des statistiques sur les migrants transférés depuis la Libye. En mars, plus de 110 migrants ont pu quitter la Libye grâce au processus de réinstallation, note le rapport. Le HCR a déclaré qu’il « surveillait de près la situation des migrants en Libye et continuait de travailler pour garantir leur sécurité et leurs droits ».

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