En France, elle est déjà une reine absolue de la pop. Mais Angèle se fait aussi remarquer outre-Atlantique, où elle a décroché sa place parmi les stars américaines qui peuplent la programmation du très branché festival californien de Coachella.
Les foules n’effraient pas cette jeune Belge de 27 ans à la carrière fulgurante, qui a collaboré avec l’artiste Dua Lipa et battu les records détenus par Stromae, phénomène de la chanson francophone.
Reste que monter sur une scène si convoitée prouve qu’elle est passée à un autre niveau.
« Ca fait beaucoup », dit-elle à l’AFP avant son concert vendredi soir, sourire aux lèvres et thé à la main, un bandana rose sur ses cheveux blonds.
« Mais je suis aussi vraiment enthousiaste, et j’étais même un peu émue ce matin », se réjouit-elle – en anglais. « Quand je me suis réveillée, je me suis dit +bon, c’est vraiment en train de se passer?+ »
Les débuts d’Angèle Van Laeken dans des petits cafés de Bruxelles semblent loin. Fille d’une comédienne, Laurence Bibot, et d’un chanteur, Marka, elle commence le piano très tôt, avant de prendre des cours au Jazz Studio d’Anvers.
Elle se fait d’abord un nom sur les réseaux sociaux, en postant de courtes vidéos où elle fredonne des reprises aux refrains entraînants.
Le succès arrive vite, et il est fracassant. De quasi-inconnue, elle est propulsée au statut de pop star avec les titres « Tout oublier » (duo avec son frère, le rappeur Roméo Elvis), ou « Balance ton quoi », tube féministe qui fait référence au mouvement « Balance ton porc », né en même temps que #MeToo.
Aujourd’hui, elle considère qu’être féministe est toujours aussi important dans une société – et une industrie musicale – qui favorisent les hommes.
« Je pense que nous ne sommes pas encore à un niveau d’égalité dans la société, donc bien sûr, nous n’y sommes pas non plus dans la musique », a-t-elle déclaré.
– « A ma place » –
L’aller simple vers la notoriété ne s’est pas fait sans perturbations. Elle confiait à l’AFP en février avoir dû apprendre à « protéger » sa vie privée, et ne pas échapper aux moments de « doute ».
Mais Angèle semble aujourd’hui à l’aise avec son nouveau statut. « Je n’ai pas l’impression de ne pas être à ma place », assure-t-elle.
Quelques heures avant de prendre le micro face aux festivaliers, elle porte un maquillage léger, une robe simple et des Crocs rose – mais ses ongles pailletés, ambiance disco, laissent entrevoir le show qui l’attend.
Sur scène, habillée cette fois d’un ensemble argenté, Angèle offre en spectacle son énergie survoltée. Autour d’elle, des danseurs suivent une chorégraphie léchée, aux rythmes de ses tubes electro-pop, aux influences jazz.
Et elle est accueillie par un public conquis… même si de nombreux spectateurs l’entendent chanter pour la toute première fois.
Pour Angèle, c’est l’un des intérêts de se produire à l’étranger: « En fait, c’est moins stressant qu’en France », où le public « sait qui je suis et a des attentes. »
« Mais quand je viens ici, je suis plus libre (…) d’être qui je suis », reprend-elle. « De chanter ce que je veux, de ne pas avoir à réfléchir à ce que je fais ou à si je vais subir des attaques sur internet. »
Une parenthèse sans doute bienvenue pour l’artiste, qui avait évoqué la pression ressentie après le succès hors norme de son premier album, « Brol ».
A Coachella, elle a même profité de son spectacle pour donner un petit cours de français aux Américains venus l’écouter, en projetant les paroles de ses chansons derrière elle.
Angèle a appris l’anglais en écoutant de la musique, mais se sent plus à l’aise en écrivant en français – pour l’instant.
« Evidemment, j’adore chanter en anglais, mais quand il s’agit d’écrire, c’est autre chose », raconte-t-elle. « J’ai le sentiment d’avoir trouvé ma voix dans ma langue, et je me sens vraiment en phase avec mes chansons quand c’est en français. »
« Mais j’aime mélanger les langues », ajoute-t-elle – ce qui tombe bien pour une chanteuse ambitieuse dans un monde de la musique toujours plus international.
AFP